Ne pas dire la vérité quand on est appelé comme témoin lors d’un procès peut avoir de lourdes conséquences. Un jeune homme de 28 ans qui avait osé mentir sous serment au printemps 2016 afin d’aider sa copine devant le tribunal du travail en a fait l’expérience. Lundi, il n’était plus témoin, mais prévenu à la barre…
Parce qu’il avait fait une fausse déclaration lors d’un procès devant le tribunal du travail fin avril 2016, un jeune homme de 28 ans était convoqué lundi matin à la barre du tribunal correctionnel. Fini son rôle de témoin qu’il avait occupé à l’époque. C’est en tant que prévenu que le parquet avait convoqué Sam* : «Mentir devant le juge démontre un certain sang-froid.»
Dans le cadre du litige avec son employeur, sa copine enceinte prétendait avoir eu une dispense orale en février 2015 pour ne plus devoir aller travailler. Ce qui n’était toutefois pas le cas. Mais cela, la justice ne l’apprendra que bien plus tard. Afin d’appuyer sa position, Sam lui avait en effet fourni une fausse attestation testimoniale dans laquelle il affirmait avoir «clairement entendu le 19 février 2015» cet entretien téléphonique entre sa copine et son patron lors duquel ce dernier l’avait «dispensée du travail». Sam précisait avoir assisté à cette conversation car elle avait activé le haut-parleur alors qu’il jouait à la PlayStation avec d’autres personnes…
«Dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité»
Une affirmation qu’il avait maintenue face au tribunal du travail un an plus tard… Et cela malgré le fait qu’il avait juré de «dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité». Mais lors des vérifications effectuées, il était apparu que sa version ne pouvait correspondre à la vérité. Convoqué devant le juge d’instruction, Sam avait fini par se rétracter.
«J’ai fait une erreur. Je n’ai pas réfléchi. Cela ne se reproduira plus.» Voilà ses mots lundi matin à la barre. Il ajoutera juste qu’entretemps il est séparé de sa copine. Une explication un peu trop expéditive, a estimé le tribunal. «Rédiger une fausse attestation est une chose. Mais quand vous êtes cité au tribunal comme témoin, vous insistez alors même que le juge vous informe bien que vous encourez une peine de prison en cas de fausse déclaration», tentera de lui inculquer le président.
«Un tribunal doit pouvoir se baser sur un témoin… Une grande partie des jugements reposent sur des témoignages. Voilà pourquoi on répète x fois aux témoins qu’ils risquent d’être sanctionnés s’ils mentent. J’espère que vous en avez tiré une leçon», insistera la parquetière avant de requérir neuf mois de prison et une amende appropriée contre le prévenu sans casier judiciaire.
La société où travaillait la copine, quant à elle, s’est constituée partie civile. Elle veut être dédommagée : elle réclame 4 000 euros au titre du préjudice matériel et 2 000 euros pour le préjudice moral.
La 16e chambre correctionnelle rendra son jugement le 22 juin.
* Le prénom a été modifié
Fabienne Armborst