A la veille d’un premier week-end loin de chez eux pour de nombreux Français, les experts missionnés par le gouvernement estiment que l’épidémie, si elle n’est pas terminée, est enfin « contrôlée » et envisagent la suite du déconfinement.
« On peut dire qu’actuellement, raisonnablement, l’épidémie est contrôlée », a estimé vendredi le Pr Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique chargé de guider les autorités face à la crise sanitaire. « Le virus continue à circuler, en particulier dans certaines régions (…), mais il circule à une petite vitesse », a-t-il ajouté.
L’épidémie a causé 44 nouveaux décès dans les hôpitaux en France, portant jeudi soir le bilan total à 29 065 morts, selon le bilan officiel. La baisse se poursuit en réanimation avec, à ce jour, 1 163 malades (contre plus de 7 000 au pic début avril), soit 47 malades de moins en 24h.
En ce week-end de Fête des mères, les Français, qui ont pu retrouver depuis mardi les cafés, bars et restaurants dans les zones vertes et les terrasses dans les zones orange (Ile-de-France, Mayotte, Guyane) pourront, grâce à la fin des restrictions des déplacements depuis lundi, aller voir leurs proches dont ils ont été pour certains séparés depuis bientôt trois mois.
Avec la réouverture progressive depuis cette semaine des plages, musées, monuments, zoos ou théâtres, en respectant certaines règles de distanciation ou de port du masque, ils vont aussi pouvoir retrouver le plaisir de renouer avec des loisirs oubliés.
Les gestes-barrières, « on va les garder assez longtemps »
Dans ce contexte de liberté retrouvée et d’épidémie maîtrisée, le Conseil scientifique, préparant la suite, a publié jeudi un nouvel avis recommandant de se préparer à « quatre scénarios probables » pour les mois à venir, allant d’une « épidémie sous contrôle » à une « dégradation critique ». Le premier scénario, « le plus favorable », envisage seulement quelques foyers « localisés pouvant être maîtrisés ». Les autres envisagent « des clusters (foyers) critiques laissant craindre une perte de contrôle des chaînes et contamination » ou « une reprise progressive et à bas bruit de l’épidémie, plus difficile à identifier ». Le dernier serait celui d’une « dégradation critique des indicateurs » de suivi de l’épidémie, traduisant « une perte du contrôle » de cette dernière.
« Nous pensons que c’est le scénario numéro un, c’est-à-dire un contrôle de l’épidémie, qui est le plus probable. C’est lié à la fois aux conséquences du confinement, c’est lié au fait que ce virus est peut-être sensible à une certaine forme de température », selon Jean-François Delfraissy. « Le premier point, c’est de demander à tout le monde et à tous nos concitoyens, dans ce scénario optimiste où l’épidémie est contrôlée, de conserver quand même un certain nombre de mesures », a-t-il poursuivi. « Il faut conserver les mesures de distanciation et, à mon avis, on va les garder assez longtemps ».
Sur le front de l’urgence sociale et économique, qui prend de plus en plus le pas sur l’urgence sanitaire, Emmanuel Macron et Édouard Philippe ont réuni jeudi syndicats et patronat en quête de solutions pour « sauver l’emploi ». « L’enjeu », a souligné la ministre du Travail Muriel Pénicaud à l’issue de la réunion, c’est de « sauver l’emploi », de « bâtir une nouvelle donne » pour préserver les compétences des salariés. Parmi les annonces faites à l’issue de cette rencontre de près de trois heures avec les partenaires sociaux, les entreprises qui recruteront un apprenti du 1er juillet au 28 février bénéficieront d’une aide élargie à l’embauche de 8 000 euros pour les majeurs et 5 000 euros pour les mineurs.
Selon une note de l’OFCE vendredi, l’économie française, placée sous confinement strict, a sans doute été l’une des plus affectées par la pandémie. D’après l’OFCE, la France est victime de son exposition au tourisme, avec des secteurs de l’hôtellerie-restauration et du commerce beaucoup plus importants qu’ailleurs.
LQ/AFP