La société civile brésilienne se mobilise de plus en plus à travers des pétitions en ligne « en défense de la démocratie », en réponse aux demandes « d’intervention militaire » des partisans du président d’extrême droite Jair Bolsonaro.
La polarisation s’est accentuée avec le débat sur la façon de combattre le coronavirus, le président remettant en cause les mesures de confinement décidées par les gouverneurs des Etats, au nom de la préservation de l’emploi, même si la courbe de l’épidémie demeure en pleine ascension.
Alors que, sur internet, les pétitions contre le gouvernement se multiplient, des manifestations « antifascistes » commencent à gagner les rues, notamment à l’initiative de supporters de football.
Parmi les signataires des pétitions, des personnalités politiques de gauche et de centre-droit, des artistes, des juristes ou des scientifiques.
Il y a également des absences notoires, comme l’ex-président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010), qui considère les revendications éloignées des vraies préoccupations des travailleurs de ce pays de 210 millions d’habitants.
Voici les principales pétitions lancées en ligne :
– Estamos Juntos (nous sommes ensemble): lancée le 30 mai, elle a déjà recueilli plus de 276.000 signatures.
Parmi les signataires, l’ex-président de centre-droit Fernando Henrique Cardoso (1995-2001), le chanteur Caetano Veloso, l’écrivain Paulo Coelho, et Fernando Haddad, du Parti des Travailleurs (PT) de Lula, candidat malheureux du second tour de la présidentielle de 2018 face à Bolsonaro.
Ils disent représenter « la majorité des Brésiliens en faveur de l’indépendance des pouvoirs » et exigent une réponse des dirigeants « face à la crise sanitaire, politique et économique dévastatrice » qui mine le Brésil.
– « #Somos70porcento » (Nous sommes 70%): cette campagne en ligne a été lancée avec un ce mot clé sur les réseaux sociaux par l’économiste et écrivain Eduardo Moreira.
Il s’est basé sur les résultats de sondages montrant que 70% des Brésiliens jugent le gouvernement Bolsonaro « très mauvais », « mauvais » ou juste « passable », le président conservant juste un noyau dur de 30% d’opinions favorables.
« C’est curieux que nous, les 70% qui sommes contre ce gouvernement antidémocratique, nous nous sentons comme si nous étions en minorité », affirme-t-il.
De nombreuses personnalités ont utilisé le mot clé, qui s’est retrouvé en tête des tendances de Twitter peu après son lancement.
– Basta !: Pétition signée par plus de 600 avocats et juristes. Dans leur manifeste, ils affirment que « le Brésil, son peuple et ses institutions ne peuvent continuer à être agressés » par un président « qui porte atteinte aux pouvoirs législatif et judiciaire, à l’Etat de droit et à la santé des Brésiliens ».
Plusieurs campagnes contre le racisme ont par ailleurs été lancées en ligne, après l’émotion suscitée par la mort de George Floyd, tué par un policier blanc aux Etats-Unis, mais aussi de nombreux jeunes Noirs Brésiliens victimes de violence policière.
Une pétition nommée « Seja Antirracista » (soyez anti-raciste) demande notamment aux signataires de s’engager à lutter activement pour plus d’égalité raciale.
AFP