La Ligue a lancé un référendum. Pour l’heure, huit clubs ont répondu et… refusent de reprendre si la FLF ne revient pas sur son idée d’une DN à 15 clubs en 2021/2022.
Décidément, la Ligue devient de plus en plus prolixe en sondages discrets… mais pas tant que ça. Fin mars, la fédération tergiversait un peu trop à son goût pour sonner la fin des championnats et elle avait demandé leur avis à ses clubs. Une courte majorité avait indiqué qu’elle se prononçait pour l’arrêt des compétitions.
Paul Philipp avait acté ce consensus mou sans donner suite avec une formule que d’aucuns jugent un peu malheureuse, parlant de « café du commerce ». S’ils ne l’ont pas dit ouvertement par souci d’apaisement, la grande majorité des présidents de BGL Ligue n’avait pas du tout apprécié l’allusion.
C’est peut-être aujourd’hui, deux mois et demi plus tard, ce que paie le président de la FLF, voyant un front s’ouvrir contre les choix de son conseil d’administration. Car dans cette crise du coronavirus, grandement fragilisés économiquement qu’ils sont, les clubs de l’élite semblent parler d’une même voix pour la première fois depuis la création de l’instance.
Petits et grands paraissent enfin curieusement d’accord (sans doute parce que le problème d’une DN à quinze touche autant ceux qui joueront le titre ou l’Europe que ceux qui se battront pour le maintien) et cela se dessine au travers du nouveau référendum qui a été soumis aux présidents. Cette fois, c’est carrément une motion de défiance envers le conseil d’administration de la FLF qui leur est proposée.
Une saison à quinze inconcevable pour les clubs
Rappel des faits : après avoir annoncé logiquement la fin des compétitions avec l’assentiment nécessaire de l’UEFA, la fédération a pris ses responsabilités en annonçant qu’aucune relégation ne viendrait sanctionner cette saison inachevée, mais que les montées auraient, elles, bien lieu. C’était donc parti pour une saison à 16 clubs. Sauf qu’entretemps, nombreuses ont été les entités, de tous niveaux, à stigmatiser la volonté de la FLF de revenir à la normale en seulement une saison.
Trop d’équipes se seraient retrouvées dans la charrette et encore plus étouffées qu’elles ne le sont actuellement. Le 26 mai, Paul Philipp et ses équipes montraient donc qu’ils n’étaient ni sourds ni figés et annonçaient un changement de méthode avec deux saisons de transition.
C’est là que ça a totalement dérapé. Sur la forme d’abord, puisque la FLF a fait son annonce à la veille d’une réunion avec la Ligue justement censée aborder le sujet. Sur le fond ensuite, puisque les clubs de DN ne sont pas d’accord avec le principe qui voudrait qu’il leur faudra disputer la saison 2021/2022 à quinze.
C’est pour eux inconcevable sportivement, au point qu’ils ont rendu la pareille à la fédération en délivrant un communiqué qui explique qu’ils ne veulent pas de cette formule… 24 heures avant de se rendre à un nouveau rendez-vous à Mondercange.
Déjà huit réponses… toutes positives
Le signal est fort : pour la première fois, une union des clubs de l’élite part au bras de fer avec la maison mère sur fond de dialogue de sourds. Avant d’entrer dans cette réunion, Pascal Wagner, le président de la LFL, avait indiqué que l’intégralité de ses membres était tombée d’accord pour dire qu’il fallait aller jusqu’au boycott de la compétition au cas où la FLF refuserait de revoir sa copie.
Après la réunion, l’homme, qui est aussi vice-président du Titus Pétange, avait modérément goûté à la réunion. Constructive mais sans engagement ferme, dit-il, sur une réévaluation d’une formule dont la BGL Ligue ne veut pas.
Les têtes pensantes de la LFL sont donc passées à l’étape d’après : elles ont demandé, très formellement, à chaque club de se positionner individuellement. Ils sont actuellement dix-sept dans le groupement, tous les futurs engagés en DN en 2020/2021 plus Rumelange. Jeudi, en fin d’après-midi, huit avaient déjà répondu et tous sans exception se sont prononcés pour un boycott fin août prochain (on table désormais pour une reprise le 23) au cas où l’on en resterait à une DN «impaire» en 2021.
Selon nos informations, le F91, dont on ne peut douter de la réponse (son président, Romain Schumacher, a d’ailleurs appelé mercredi à « aller ranger la baraque à Mondercange »), n’avait pas encore répondu. Il y aura donc, au moins, majorité. La LFL vise plus. Elle vise l’unanimité formelle et avec des engagements écrits. C’est un coup d’État qui se dessine?
Julien Mollereau