Esch 2022 doit être un succès dont on se souviendra. Pour ce faire, la commune crée trois nouveaux lieux culturels et lance une association pour pérenniser son héritage.
Passée au second plan dès le début de la crise sanitaire, la vie culturelle reprend doucement ses droits à Esch-sur-Alzette. Après avoir protégé ses citoyens les plus vulnérables et pansé les plaies des commerces, l’administration communale peut à nouveau se pencher sur l’exécution de sa stratégie culturelle. Elle vise 2022 et entérine l’héritage de cette année de la culture dans la Métropole du fer.
Jeudi, lors d’une visioconférence, Pim Knaff, échevin en charge de la culture, résume ce qu’il en sera en ces termes : «Interactions entre les différents acteurs, entre le public, entre les différents piliers de la société ainsi qu’entre les différentes institutions et acteurs culturels.»
Trois nouveaux lieux doivent entre autres permettre ces interactions et être vecteurs de connexions : l’ancien magasin de meubles Lavandier, le Bridderhaus et le Bâtiment 4 dans les friches d’Esch-Schifflange. Si les deux premiers sites ont déjà été présentés à maintes reprises par l’administration communale, le Bâtiment 4 est sans doute la pierre angulaire de cette stratégie.
Le Bâtiment 4 : un futur «lieu de rencontre et d’expérimentation collective»
La commune d’Esch-sur-Alzette veut transformer ses trois mille mètres carrés qui appartiennent toujours à ArcelorMittal en «lieu de rencontre et d’expérimentation collective sans activités étiquetées où les espaces ne sont pas figés et les usages non programmés», selon Pim Knaff. «Il associera l’innovation sociale et la création. On pourra y imaginer des manières de vivre différentes, poursuit l’échevin, surtout après les enseignements que nous pourrons tirer de cette crise sanitaire.»
Un tiers des espaces reviendra à ses futurs résidents permanents, des porteurs de projets culturels et socioculturels que sont Hariko de la Croix-Rouge luxembourgeoise, Independent Little Lies, le Service national de la jeunesse et le Centre for Ecological Learning de Transition Minett. Mais pas uniquement. «Le lieu sera ouvert à tous», promet Pim Knaff.
Chacun doit pouvoir d’une manière ou d’une autre participer à des activités artistiques et contribuer à des processus de création. De même, artistes et associations pourront jouir des cinq mille mètres carrés de terrain autour du Bâtiment 4 pour organiser des évènements ou se lancer dans des créations extérieures.
L’ouverture de ces infrastructures tombe à pic et coïncide avec l’organisation d’Esch 2022. «Cette manifestation a été un accélérateur de leur mise en chantier. C’est sous son impulsion qu’ils ont vu le jour», précise l’échevin. Le futur centre d’art contemporain plus spécifiquement dédié aux arts visuels, précise le communiqué de presse, et la résidence de création et de recherche ouvriront leurs portes juste à temps.
Christian Mosar, le retour
Christian Mosar, jusqu’à très récemment directeur artistique de l’association Esch 2022, hasard des transactions contractuelles, prendra la direction artistique de ces deux lieux. Une situation qui «n’aura que des avantages», selon l’échevin, car «une nouvelle phase est mise en route pour Esch 2022» et «Christian Mosar sera un atout pour la ville d’Esch-sur-Alzette et pour Esch 2022, puisqu’il les connaît bien toutes les deux.»
Christian Mosar pourra s’appuyer sur l’association frEsch, récemment créée, qui a pour objet de «contribuer à implémenter la stratégie culturelle « Connexions » de la Ville d’Esch-sur-Alzette en soutenant, gérant ou accompagnant les événements, projets et lieux créatifs nécessaires». Cette association au nom qui donne le ton a également pour objet de préparer l’héritage de 2022 afin de donner un sens aux projets et à la dynamique initiés dans la région par cet évènement de dimension européenne.
«Il ne s’agit pas de récupérer les projets qui n’ont pas été retenus par Esch 2022, a assuré Pim Knaff, ni d’avoir le contrôle sur le contenu de la manifestation, mais d’être complémentaires. FrEsch doit aller plus loin qu’Esch 2022, l’association doit en consolider les acquis.»
Esch-sur-Alzette compte énormément sur ce titre de capitale européenne de la culture pour redorer son blason. Son avenir dépend en partie de sa maîtrise du projet et de sa pérennisation. Mais si la commune est tournée vers le futur, elle n’en oublie pas pour autant les artistes en difficulté en raison de la crise sanitaire et promet de leur venir en aide dans la limite de ses moyens.
«Le service culturel et la gouvernance culturelle réfléchissent à la mise en place d’actions pour les soutenir et encourager la création, mais aussi pour faire participer les citoyens et accompagner les institutions culturelles dans l’implémentation des protocoles en fonction des différentes recommandations émises», promet Pim Knaff.
Sophie Kieffer