Samedi, le centre-ville de Luxembourg a vibré aux rythmes de la world music du festival MeYouZik. Plus de onze heures de très bonne musique et de très, très grands moments offerts par les têtes d’affiche Debademba, Playing for Change, Winston McAnuff & Fixi et Palenke Soultribe.
La météo était parfaite samedi. Pas un nuage à l’horizon, mais pas de canicule non plus. Une splendide journée d’été, comme on les aime, avec même un petit vent sympathique qui rafraîchit les corps trop longtemps restés sous le soleil. Idéal pour un organisateur de festival en plein air. Idéal aussi pour célébrer les musiques du monde qui, bien souvent, apportent avec elles tout le soleil de leurs régions d’origine.
Et les festivaliers ont voyagé tout au long de cette neuvième édition du festival MeYouZik. Cuba, Iran, Afrique, Jamaïque, Colombie, Balkans… c’est le monde entier qui semble s’être donné rendez-vous à Luxembourg, sur la place Guillaume-II et ses alentours proches de la place Clairefontaine et de la rue du Saint-Esprit.
Déception du jour, Blitz the Ambassador et Mbongwana Star, initialement annoncés pour faire partie de l’affiche, ont finalement annulé leur venue dans la capitale, en même temps que leurs tournées européennes. Ces annulations n’ont pas facilité la vie du programmateur – il a dû chambouler son planning – mais elles ne sont pas non plus venues à bout de son enthousiasme. «La programmation de cette année me rend particulièrement fier, lance le programmateur du LCTO, Roby Schuler, car les groupes qui viennent au MeYouZik cette année, sont tous des groupes de très, très haut niveau qui ont tous déjà joué ou vont bientôt jouer dans les autres très grands festivals de musiques du monde européens, Glastonbury ou Esperanzah.»
Ainsi, de 18 h 30 à près de 1 h, les quatre têtes d’affiche, Debademba avec son afro-beat et blues-rock, Playing for Change et ses superbes reprises, Winston McAnuff & Fixi, avec leur incroyable combinaison de reggae et de soul-rock-musette, puis Palenke Soultribe avec sa fusion electro-afro-colombienne, se sont succédé sur la grande scène, place Guillaume-II. Quasiment en même temps, Analog Soundsystem & Mc Debby, Dubblestandart, Alice Francis et Max Pashm ont, à tour de rôle, animé la petite rue du Saint-Esprit de la Holy Ghost Stage avec leur brassage de musiques électroacoustiques à tendance clairement balkanique.
Du côté de la place Clairefontaine, le Luxembourg City Tourist Office prouve qu’il n’y a pas toujours besoin de partir bien loin de chez nous pour trouver de la world music de qualité : Ukuata-K et ses ukulélés viennent de Luxembourg même, tout comme la magnifique Sitta et son mélange de musique iranienne (son pays d’origine) et de rock sombre et minimaliste. Machete et son style afro-cubain viennent d’à peine plus loin, Metz. «Ils étaient déjà là l’an dernier, rappelle Roby Schuler, et déjà à l’époque ils ont cartonné.» Il en sera de même cette fois-ci, même si le public était pour le moins parsemé en début d’après-midi. «En tant que frontalier, je suis toujours étonné de la qualité des manifestations organisées au Luxembourg et, bien souvent, du désintérêt d’une part de la population», lance Pierre, venu exprès de Thionville et croisé pendant le concert des Lorrains.
Un beau succès malgré une rude concurrence
Car oui, la météo est parfaite, mais la concurrence est rude en ce samedi, avec The Blues Express à Differdange, Screaming Fields à la Rockhal, sans oublier les festivals de Wiltz, d’Echternach et puis aussi la Nuit des merveilles à Bettembourg et la soirée de clôture de la Gaymat à Esch-sur-Alzette. Eh oui, ce dernier week-end avant les congés scolaires est pour le moins surchargé. Yann-Éric, de Mamer, a d’ailleurs longuement hésité entre Blues Express et MeYouZik. C’est en grande partie la proximité géographique qui l’a finalement décidé de se rendre dans la capitale, mais pas seulement : «J’aime beaucoup le blues, mais je trouve que le concept du festival de musiques du monde est très intéressant pour Luxembourg, vu la composition de sa population.» Visiblement, il ne regrette nullement son choix : «Ce festival est un véritable petit rayon de soleil dans la programmation culturelle grand-ducale de ce début d’été», conclura-t-il.
Comme lui, ils ont tout de même été des milliers, entre 6 000 et 8 000, à se rendre en ville samedi. Surtout une fois la nuit tombée. Pendant l’après-midi, on aurait clairement pu espérer mieux, mais le soir, les festivaliers étaient bien au rendez-vous, tout comme la fête, qui n’a jamais faibli pendant la douzaine d’heures de la manifestation.
World musique tendance rock
Et là encore, il faut dire que l’organisateur n’a rien négligé : «J’essaye toujours, comme Rock um Knuedler se tient le lendemain (lire en page 12), d’engager des groupes de world music teintés rock. Je veux que les gens s’amusent, qu’ils dansent et se déchaînent.»
Mission accomplie. Aussi bien place Clairefontaine que, ensuite, autour de la Holy Ghost Stage – dont toute la programmation a connu pas mal de retards. Là encore, Analog Soundsystem et McDebby ont dû se produire devant une petite poignée de spectateurs à peine. Mais la situation était déjà tout autre quand Dubblestandart a pris le relais pour faire danser les amateurs de cette scène à l’ambiance underground.
Le grand public dansera, lui aussi, au Knuedler d’abord, avec Winston
McAnuff & Fixi, puis Palenke SoulTribe et son concert conçu comme un véritable show son et lumière. «Rassembler tout ce beau monde sur une seule scène, ici au Luxembourg, ça a été un grand bonheur», reprend Roby Schuler. Un bonheur visiblement partagé par le public, ainsi que par les artistes : «C’était un moment fantastique, souligne Winston McAnuff. Ce soir, vraiment, je n’ai ressenti que de très bonnes vibrations.»
Pablo Chimienti
(Photos : Hervé Montaigu et Pablo Chimienti)
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