Lou Demuth a décidé de relancer sa carrière. Le plus grand joueur luxembourgeois (2,13 m) s’est mis d’accord avec Chicago State University (NCAA 1). Qu’il rejoindra une fois le bac en poche. Si c’est possible.
C’est l’histoire d’un très grand joueur par la taille. À qui on promettait monts et merveilles. Le SLUC chez les espoirs, puis Séville pendant deux saisons, la carrière de Lou Demuth débutait plutôt bien. Mais le géant (213 cm sous la toise) a, par la suite, quelque peu disparu des radars en revenant au Luxembourg, pour jouer à Gréngewald.
«En Espagne, l’équipe première était reléguée et ils ont viré la plupart des jeunes du club qui évoluaient en U18. En plus, je n’allais pas à l’école et j’ai décidé de rentrer à la maison pour passer mon bac», confie le jeune homme de 20 ans, qui a porté deux saisons durant le maillot de l’équipe de Nationale 2.
«Initialement, j’avais prévu de passer une saison en N2 avant de rejoindre la Total League, mais ça ne s’est pas présenté ainsi.» Membre de l’équipe nationale, il s’est fait doubler en sélection par Xavier François et Clancy Rugg, qui ont tous les deux fait beaucoup de bien à la sélection : «Ils sont meilleurs que moi pour le moment», reconnaît sans problème Lou Demuth.
Mais celui qui n’était encore qu’un gamin en Espagne s’est mué en homme. Plus mûr, l’intérieur grand-ducal n’a pas fait une croix sur une vraie carrière. Loin de là. Et il a donc saisi l’opportunité qui s’est présentée à lui : «Après les championnats d’Europe de l’an passé (NDLR : au Portugal où il a tourné à 14,3 pts et 6,7 rebonds), j’ai été en contact avec une personne qui aide les joueurs européens à partir aux USA. Plusieurs universités étaient intéressées et j’en ai retenu deux, Chicago State et San Jose State. J’ai choisi Chicago.»
Le futur Marc Gasol des Cougars?
Même si l’équipe des Cougars est moins forte, sur le papier, que la formation californienne, d’autres paramètres sont entrés en ligne de compte : «Le coach me connaissait déjà, il avait visionné plein de vidéos sur moi. Le courant est bien passé entre nous. Il m’a demandé à quel joueur NBA je me comparais, j’ai répondu Marc Gasol et lui avait le même avis. Il m’a expliqué que je serais une pièce majeure de l’équipe. Je préfère jouer un rôle important dans une équipe moins forte que d’avoir quelques minutes dans une formation beaucoup plus forte. Pour mon développement, je pense que c’est mieux.» Évidemment, il s’agit juste de paroles et, bien sûr, Lou Demuth devra prouver sur le parquet qu’il mérite d’être un pilier de l’équipe coachée par Lance Irvin.
Mais pour l’entraîneur national Ken Diederich, ce choix est le bon : «Lou a besoin de travailler son physique et là-bas ils vont le prendre en main. Il a besoin d’un encadrement professionnel, ce qui est le cas en NCAA. Pour lui, c’est la dernière chance de faire quelque chose dans le basket. Après, c’est l’ancien College de Lee Fisher (NDLR : ex-joueur de l’Amicale), je crois qu’ils n’ont pas gagné un match la saison dernière, mais c’est un bon choix pour lui. En plus, Chicago, c’est une super ville», s’enthousiasme ce grand amateur et connaisseur des États-Unis.
Huit kilos perdus pendant le confinement
Mais pour pouvoir encaisser la charge, notamment physique, qui l’attendra une fois qu’il traversera l’Atlantique pour rejoindre l’Illinois, Lou Demuth doit se préparer : «Depuis le début du confinement, j’ai perdu huit kilos. Je suis le programme du nouveau préparateur physique de la FLBB et il est plutôt efficace», note le joueur. «Il a changé d’attitude, il est plus mature. Il a raison de préparer son corps pour ce qui l’attend», apprécie encore Ken Diederich.
Mais avant de devenir – c’est tout le mal qu’on lui souhaite – le Marc Gasol des Cougars de CSU, Lou Demuth a encore une petite formalité à remplir. Oh, trois fois rien : «Je dois avoir mon bac. Je ne suis pas plus anxieux que cela. C’est le prochain pas à faire avant de partir à Chicago.»
Après Jean-Marc Melchior, Frank Wiseler, Lisa Jablonowski ou encore Anne Simon, un nouveau joueur luxembourgeois devrait bientôt connaître la vie d’étudiant-athlète en NCAA. Une étape supplémentaire pour un homme dont le but est clair : «J’ai envie de jouer professionnel dans une bonne ligue.» Mais comme on dit : passe ton bac d’abord!
Romain Haas