Répartir le gâteau des droits télévisuels et discuter du prochain format de la Ligue 2, c’est le copieux menu auquel s’attaquent mercredi les différentes familles du football français lors d’une assemblée générale de la Ligue qui s’annonce agitée ce mardi après-midi.
Après des semaines de débats nourris, la grande explication finale débutera mercredi après-midi entre les 40 clubs de Ligue 1 et Ligue 2, les représentants des joueurs (UNFP), entraîneurs (Unecatef), arbitres (Safe), médecins (AMCFP), personnels administratifs (Snaaf) et de la Fédération. Même si l’arrêt définitif des saisons de L1 et L2 a été acté le 30 avril par le conseil d’administration de la Ligue de football professionnel (LFP) en conformité avec les annonces du gouvernement, difficile d’imaginer Jean-Michel Aulas, le président de Lyon, ne pas tenter de remettre la question sur la table une nouvelle fois.
Infatigable, celui-ci a interpellé les parlementaires à trois reprises ces derniers jours pour convaincre le monde politique et sportif de revenir en arrière. Dans sa dernière lettre, en date de dimanche, il est même allé jusqu’à assurer que « l’assemblée générale de la Ligue pourrait entériner une reprise », quand bien même les dirigeants de la LFP martèlent depuis des semaines que leur décision est « solide » et « définitive ».
Pas de retour en arrière pour la Ligue 1
En L1, « ce n’est même plus un débat, il y a 19 clubs qui ont admis la décision de l’Etat », coupe Nicolas Holveck, dirigeant de Rennes. « On peut toujours aller voir tous les médias, bouger énormément » mais « la messe est dite », poursuit Bernard Caïazzo, dirigeant de Saint-Etienne et président du syndicat Première Ligue. De fait, les échanges vont surtout tourner autour de la saison prochaine avec, au coeur de la bataille, la répartition des droits télévisuels (plus d’un milliard d’euros par an) entre clubs de L1 et L2.
La semaine dernière, un « deal » semblait se dessiner: les clubs de L2 ont proposé de déplafonner la part qui leur revient actuellement (110 millions d’euros maximum par an) pour capter à l’avenir 162 millions d’euros annuels. En échange, ils s’engagent à laisser plus de pouvoir aux dirigeants de la L1 dans les instances, via de futures réformes de gouvernance. Mais cette répartition requiert l’unanimité de l’AG pour être adoptée, pas une mince affaire. « Dans une situation critique où beaucoup de clubs sont énervés, l’unanimité va poser problème », relève un dirigeant de L1.
Ligue 2: élargissement à 22?
La Ligue 2 n’aura pas seulement à régler ces histoires de gros sous, il lui faudra aussi décider de son format futur. Certains militent pour un élargissement à 22 clubs, contre 20 actuellement, pour accueillir les promus Pau et Dunkerque tout en conservant Orléans et Le Mans, lanternes rouges de L2 à l’issue d’une saison incomplète. « Tout le monde sait que, dans le football, la rétrogradation la plus violente est celle entre la L2 et le National. Près de 70% des clubs qui la subissent ne retrouveront plus jamais le professionnalisme et un club sur quatre sera amené à déposer le bilan », se justifient dans un communiqué les présidents orléanais et manceau.
Boulogne, 3e du National, ne désespère pas non plus de voir la L2 via la tenue d’un match de barrage contre Niort, 18e de L2. « Pour nous, monter est très très important », confie le président Reinold Delattre, maintenant sa « confiance dans la sagesse des dirigeants » du football hexagonal. Si l’actuelle convention liant LFP et FFF permet d’élargir la deuxième division jusqu’à « vingt-deux clubs au plus », le président de la Fédération Noël Le Graët n’a pas caché son hostilité face à un tel scénario. Et certains clubs de L2 sont réticents à partager la recette des droits TV en deux parts supplémentaires…
Une équation d’ordre financière
Dans ce puzzle complexe, où les intérêts des uns s’accordent mal avec ceux des autres, une autre équation d’ordre financière vient compliquer la donne. Car sous l’égide de Le Graët, la Fédération a rappelé son souhait que les clubs professionnels « entérinent un accompagnement financier » en faveur du National (3e div. masculine) et de la D1 féminine, deux compétitions gérées par la FFF.
Dernier point, mais pas des moindres: la Ligue présentera mercredi les modalités de versement du prêt garanti par l’Etat (224,5 M EUR), contracté après le non-versement des échéances télévisuelles d’avril et juin. Un magot à partager, des enjeux sportifs à clarifier: la réunion des familles du football français promet son lot d’intrigues et de disputes. La grande réconciliation est-elle possible ?
LQ / AFP