Jonathan Joubert a été, hier, le premier transfert officiellement annoncé de club à club de la galaxie Becca. Après 16 ans à tout gagner au F91, il inaugure la bascule des ambitions vers le Swift.
Amateurs de sensations fortes, passez votre chemin : c’était une évidence pour tout le monde que l’équipe du Swift version 2020/2021 disposerait forcément d’une ossature issue de joueurs internationaux qui sont déjà sous contrat avec Flavio Becca. Allons même plus loin : cela fait des mois qu’on peut se douter des noms. C’est la garantie théorique (mais pas tant que ça) que cela puisse fonctionner immédiatement.
Jonathan Joubert et Tom Schnell étaient déjà attendus au Holleschbierg l’été dernier mais Hesperange a raté la montée lors d’un match de barrage désespérant de naïveté contre Hostert. Les revoilà donc, tous les deux. Et sans faire injure à Emmanuel Françoise, le solide attaquant niederkornois qui a été le tout premier à marquer son accord pour ce projet au long cours qui ne se paiera même pas le luxe d’être balbutiant, c’est l’officialisation de l’arrivée de l’ancien portier international qui semble donner le vrai coup d’envoi de cette nouvelle ère, de ce nouveau départ. Car c’est lui qui a été annoncé, hier matin, avant tous les autres.
Joubert, c’est seize saisons au F91. Joubert, c’est 12 titres de champion. Joubert, c’est 7 Coupes de Luxembourg. Joubert, c’est 484 matches de Division nationale, soixante de plus que le deuxième joueur le plus capé de l’histoire, Denis Scuto. Joubert, c’est 62 matches de Coupe d’Europe, vingt-et-un de plus que le deuxième joueur du classement… Tom Schnell. Une icône n’est pas la certitude d’apporter une plus-value sportive (sait-on jamais), mais une crédibilité, c’est certain.
«Joubert, c’est fait. Schnell, à 90 %»
Mercredi, ses dirigeants ont vendu de cette façon le mouvement majeur du binôme qu’il forme avec Tom Schnell depuis six années, couple passant d’un projet de 25 ans qui se termine vers un autre qui commence et s’annonce tout aussi florissant : «Joubert, c’est fait. Schnell, à 90 %.» Ceci étant dit, la conquête des sommets du Swift peut vraiment commencer.
La preuve : dans la foulée, l’entourage de Flavio Becca a mis le pied sur l’accélérateur vers midi : «Dave Turpel et Kevin Malget iront au Swift. Ce n’est pas encore signé, mais ça se fera.» L’avantage de boucler des contrats avec le patron plutôt que directement avec les clubs…
Les deux joueurs, qui évoluaient cette saison sous le maillot de Virton, étaient eux aussi attendus. Ils ont fini par être annoncés sur le site du club en début de soirée.
Le premier, qui n’est pas parvenu à s’imposer en D2 belge, s’attendait de toute façon à être rapatrié et s’en accommodait depuis belle lurette. Le second, attiré par le challenge que lui a offert le FC Wiltz, a essayé de se dégager de son obligation contractuelle en sachant qu’il n’avait de toute façon pas le dernier mot. Le défenseur international y perd une liberté de décision. Il y gagne la certitude qu’il jouera au pire le top 3.
Tout, lentement, se met en place
Dans la galaxie Becca, on ne s’amuse pas qu’à déshabiller Pierre pour habiller Paul. Dans cette réflexion à trois inconnues, il faut désormais aussi tenir compte de l’éventualité que l’Excelsior Virton, recalé mardi par la CBAS dans sa quête de licence professionnelle, puisse redevenir un modeste club amateur «indigne» du statut de la plupart des joueurs arrivés du Grand-Duché à l’été 2019.
Et là, on parle pour l’heure du retour prévisible de Jerry Prempeh. Au Swift ou au F91, cela reste à déterminer. Les Luxembourgeois Prud’homme et Schaus pourraient eux aller renforcer le F91, tandis que les cas de Couturier et Stelvio sont liés au sort réel du club gaumais. Jordanov, brillant cette saison et en fin de contrat, devrait s’en aller vers la Division 1 belge, qui le sollicite. Tout, lentement, se met en place. Mais l’équilibre des forces est désormais évident. Depuis hier, le centre de gravité s’est définitivement déplacé sur la capitale.
Julien Mollereau
Hormis les fins de contrat et Bernier, le F91 ne devrait pas se faire plumer
Si la ligne directrice reste la même, Dudelange serait tout de même privé pour la reprise de deux autres titulaires de plus : Garos et Stolz.
Quelle équipe pour continuer d’enchanter autant que faire se peut les dimanches après-midis du stade Jos-Nosbaum ?
Avec un tel effectif, difficile de jurer que le nombre de cas particuliers ne va pas se multiplier dans les semaines à venir mais, visiblement, émerge une ligne directrice claire : les fins de contrat ne seront pas prolongées. Cela peut dès lors aller des au revoir pas trop déchirants (Dramé, Couto Pinto, Mvila) à certains beaucoup plus gênants. Car arrivent notamment en fin de contrat un buteur qui commençait à s’affirmer alors qu’il avait rejoint l’équipe pour six mois, à l’hiver, Sekou Keita, mais aussi le régulateur de l’entrejeu et pompier de service quand l’axe central se retrouvait dégarni Mickaël Garos ou l’attaquant perce-muraille Dominik Stolz.
Jules Diouf en échange… d’Alexandre Laurienté ?
Si aucun de ces garçons n’est prolongé, cela contribuera tout de même à réduire à peau de chagrin ce qu’il restera de l’équipe type habituelle. Sinani parti à Norwich, Schnell et Joubert au Swift, ne resterait plus que moins de la moitié d’un onze type. Peut-être même beaucoup moins puisque Antoine Bernier, prêté par l’Antwerp à l’été 2019, a montré beaucoup de belles choses qui risquent de le renvoyer dare-dare en Belgique, voire ailleurs.
Il resterait quand même une base assez large (mais très jeune) pour travailler si tout se confirmait. Jugez plutôt : Kips, Bouchouari, Delgado, Ewert, Stumpf, Kirch, Cools, Skenderovic, Bougrine, Lavie, Morren, Klapp, Lévêque, Pokar, Agovic, Bettaieb, Muratovic, Bertino… voire peut-être Luisi, allez savoir.
Et ce n’est pas tout : à la recherche de renforts pour renouveler le groupe, Flavio Becca aimerait profiter de l’envie du Titus Pétange d’attirer Alexandre Laurienté, son joueur de Virton. Il envisage un échange avec le défenseur central Jules Diouf, actuellement en convalescence après s’être fait les croisés.
J. M.