L’une est venue s’acheter un eyeliner, l’autre se faire tailler la barbe et un troisième chercher un livre de philo : de Bruxelles à Athènes en passant par Istanbul, des milliers d’ex-confinés ont retrouvé leurs boutiques ou leurs salons de coiffure préférés.
La deuxième phase du déconfinement, synonyme de réouverture des commerces, est entrée en vigueur lundi dans plusieurs pays européens dont la Grèce, la Turquie et la Belgique, où des files d’attente étaient visibles avant l’ouverture devant des enseignes de vêtements.
À Bruxelles, ce nouvel assouplissement des mesures, décidées à la mi-mars pour lutter contre le coronavirus, a été marqué par une grève-surprise qui a perturbé les transports en commun, bus et tramways. Une partie des conducteurs n’a pas pris son service, jugeant insuffisantes les mesures de protection même si les voyageurs sont obligés de porter un masque.
Dès 9 h, des files d’attente se sont formées devant plusieurs enseignes de vêtements et d’articles sportifs de la rue Neuve, grande artère commerçante du centre-ville de la capitale belge. Des barrières ont été installées au milieu de cette rue piétonne pour séparer les sens de circulation des clients.
Devant la librairie « Tropismes », dans les galeries royales, un professeur de français attend l’ouverture prévue à 11 h pour acheter un livre du philosophe Henri Bergson. « Pendant le confinement, je suis tombé sur une conférence de Bergson où il décrivait l’Allemagne au début de la guerre, comme on parle de la Chine aujourd’hui », explique Julien Fang, 38 ans.
En Grèce, c’était l’heure de la réouverture de tous les magasins de détail sauf les centres commerciaux, une exception qui ne concerne pas la Belgique. Dans la rue commerçante Ermou, dans le centre d’Athènes, les magasins ont levé leurs rideaux et « la vie a repris », se réjouissaient des professionnels du secteur, cités à la télévision publique Ert.
Le plein de rendez-vous pour le barbier
« J’ai besoin d’un jeans. Je fais beaucoup de vélo depuis deux mois et je n’ai qu’un jeans usé », a expliqué de son côté Brigitte Szekely, une Bruxelloise de 61 ans patientant devant un magasin de vêtements du quartier d’Ixelles. À Stockel, autre quartier de Bruxelles, limitrophe de la Flandre, une maman s’est précipitée à l’ouverture pour acheter des chaussures pour son fils de 2 ans et demi. « Je n’en ai plus à sa taille, pendant le confinement il a mis les chaussures de ses grands frères », a raconté Deborah Aragon, accompagnée de son fils en poussette.
À Istanbul, le carnet de rendez-vous du barbier Sadettin Celikcioglu, qui a rouvert lundi dans le quartier Nisantasi, est rempli jusqu’au soir. « Lors de cette crise, certains ont demandé à leurs femmes de tailler leur barbe, d’autres ont acheté des tondeuses . Mais personne ne peut exercer notre profession. C’est l’une des plus difficiles », se félicite Sadettin dans un sourire. « Nous avons des rendez-vous jusqu’à ce soir. Demain c’est la même chose. Nous sommes quatre barbiers dans le salon et nous allons travailler par roulement », ajoute-t-il.
Dans un salon de coiffure du même quartier, Inci reconnaît s’être précipitée lundi matin pour qu’on lui « refasse une beauté ». « Je suis une cliente régulière et j’ai confiance dans les mesures d’hygiène qui ont été prises », enchaîne-t-elle.
À Bruxelles, même plaisir pour Nathalie qui attend, masque sur la bouche, de s’acheter un eyeliner après avoir « arrêté le maquillage pendant les deux mois de confinement », tandis que dans le quartier de Stockel, Ornella, élégant masque rouge et gris sur le visage, est « venue pour acheter de la crème pour le corps ».
Devant tous les commerces de Belgique, les clients sont censés respecter une distance de 1,50 mètre. Il faut dans le magasin « un seul client par 10 m2 pour 30 minutes maximum », selon la réglementation. Des marquages ont été réalisés au sol et les policiers sont très présents pour s’assurer du respect des règles. Enfin, dans le centre-ville de Bruxelles, la vitesse a été limités à 20 km/h pour une période test de trois mois. L’objectif est de permettre aux piétons d’emprunter la chaussée afin de faciliter les mesures de distanciation.
AFP/LQ