Les cafés et restaurants ont une perspective, celle du 1er juin et d’une possible réouverture. Daniel Rameau y croit mais sait que la profession va perdre beaucoup d’argent en respectant la distanciation sociale.
Les nouvelles règles qui leur seront imposées ne vont pas tarder à leur être communiquées. Les acteurs du secteur Horeca ont conscience que les mesures de sécurité sanitaire qu’ils devront respecter pèseront lourd dans leur chiffre. Pire encore, elles conduiront à des baisses d’effectifs. Mais l’enthousiasme est là pour redémarrer le service dès le 1er juin, date que d’aucuns considèrent comme acquise.
«Si on met la pression sur tout le monde pour que les gestes barrières fassent réellement partie de notre quotidien, si tout le monde est sérieux, alors on peut espérer une réouverture le mois prochain», déclare Daniel Rameau, restaurateur à Ellange-Gare. «Quand on sort, on voit bien que les gens dans leur grande majorité respectent les nouvelles règles de vie, le port du masque est devenu une habitude dans les commerces et les gens sont plutôt disciplinés dans les files d’attente, c’est encourageant», poursuit-il.
Daniel Rameau va tous les matins dans son restaurant et veille à l’entretien des lieux avec une partie de son personnel. Ensemble, ils repensent déjà l’aménagement des salles et de la terrasse dans l’optique de laisser la distance nécessaire d’un mètre et demi entre chaque table. «C’est sûr, nous aurons moins de monde à servir, sans compter que les grands banquets, c’est terminé pour un moment», admet Daniel Rameau.
Néanmoins, il se sent privilégié dans son ancienne gare restaurée qui offre plusieurs espaces que le chef utilisera pour parsemer sa clientèle. «J’ai une belle terrasse que je peux espacer aussi, mais ce n’est pas le cas de tous les restaurateurs. Pour certains, ce sera un casse-tête de mettre de la distance entre les tables», reconnaît-il.
Encore beaucoup d’incertitudes
Pour certaines autres maisons, celles qui ont démarré une activité récemment et qui se retrouvent sans trésorerie, les temps seront durs. Réduire une salle de 50 % c’est la crise assurée pour de nombreuses adresses et des pertes d’emplois inévitables. Les extras inscrits dans les agences d’intérimaires ne peuvent plus espérer servir de grands banquets non plus. Sans compter que les gens hésiteront davantage à se rendre au restaurant ou au café, préférant les repas à domicile entre amis pour limiter les risques. Tout le secteur redémarre peut-être avec enthousiasme mais celui-ci s’accompagne d’incertitudes. «On peut sauver juin et juillet et après on ne sait pas», lâche Daniel Rameau. Tout dépend de ce satané virus.
«On va perdre énormément d’argent, il ne faut pas rêver», prédit évidemment le restaurateur. Quant à la vie dans l’établissement, elle sera dictée par la crise sanitaire. Le personnel travaillera en permanence avec des masques, les cartes des menus seront plastifiées et désinfectées devant les clients, les assiettes qui sortiront des cuisines seront toutes sous des cloches en plastique transparent que les employés en salle ôteront à table devant les convives. Il n’y aura pas d’air conditionné. «C’est pour aller aux toilettes qu’il faudra de la discipline, je ne peux pas prévoir deux chemins», complète Daniel Rameau.
L’Horesca est en train d’étudier tout cela et émettra une dizaine de recommandations pour la réouverture des cafés et restaurants. «Je pense que les inspecteurs des douanes viendront vérifier», prédit aussi Daniel Rameau.
Aides exceptionnelles
Jusque-là, il avait mis son personnel (11 personnes) au chômage partiel. «Le gouvernement gère bien son affaire et en ce qui me concerne, j’ai été remboursé pour les mois de mars et avril. J’espère toucher l’indemnité de 12 500 euros au titre de l’aide exceptionnelle et mon propriétaire a reporté le loyer du mois d’avril, je ne peux pas me plaindre», confie-t-il. Les aides de l’État ont participé à sauver le moral des troupes jusqu’ici mais la profession ne sait pas ce que l’avenir lui réserve.
«C’est déjà une bonne chose d’avoir une perspective pour la réouverture. Cette date du 1er juin peut être maintenue si tout le monde joue le jeu.» Contrairement à d’autres, Daniel Rameau n’avait pas assuré de service de livraison ou de plats à emporter. «Pour un plat de spaghettis ou des pizzas c’est facile mais ça devient plus compliqué pour une cuisine gastronomique, j’aurais fait 7 ou 8 plats par jour et ce n’est pas rentable. Certains confrères ont essayé mais ont arrêté et moi-même je l’avais annoncé mais finalement j’ai fermé complètement la cuisine», explique Daniel Rameau.
Le restaurateur ne se plaint pas. «Nous avons été bien épaulés par le gouvernement qui a bien géré pour nous et l’Horesca nous a bien représentés», estime-t-il. «Vu la crise que nous traversons, ce n’est pas mal», conclut celui qui ne compte pas encore prendre sa retraite : «J’ai envie de continuer à travailler pour mon équipe !»
Geneviève Montaigu
En vue de préparer les établissements au déconfinement, l’Horesca met en place un guide sanitaire pour restaurants et cafés qui tient compte des obligations à respecter dans le cadre de la crise sanitaire du Covid-19 et qui a aussi pour but de rassurer les consommateurs et les collaborateurs.
La Fédération nationale des hôteliers, restaurateurs et cafetiers du Grand-Duché élabore actuellement un guide sanitaire pour ses entreprises, en collaboration avec la Chambre de commerce et avec le soutien de la Direction générale des classes moyennes du ministère de l’Économie.
L’objectif est de préparer l’ouverture potentielle des établissements qui s’engagent à respecter un cahier des charges rigoureux mais réaliste. Pour cela, les responsables se basent sur les travaux effectués par les organismes de pays qui ont déjà élaboré une stratégie de sortie de crise.
L’Horesca a recueilli les documents nécessaires des fédérations allemandes comme Dehoga ou IHA et des confrères suisses de GastroSuisse et HotellerieSuisse pour élaborer un guide pratique qui devrait aider les hôtels, restaurants et cafés luxembourgeois à garantir une sécurité optimale.
Les mesures ne sont pas encore toutes précisées mais elles assureront une distanciation sociale suffisante en minimisant les contacts. Grâce à un label clairement identifié, les clients pourront visiter l’établissement en toute sécurité.