Le moteur tournait quand la police l’avait surpris en train de roupiller dans sa BMW fin 2019. Face au juge, le jeune homme a déclaré avoir juste tenté de localiser son smartphone avec le Bluetooth.
«Je conteste avoir conduit.» La position du jeune prévenu de 24 ans n’a pas changé. À entendre son explication mardi matin à la barre, c’est un peu malencontreusement qu’il s’est retrouvé à dormir au volant de sa nouvelle BMW un petit matin de fin décembre 2019. Il rentrait à pied d’une longue nuit passée au club des jeunes de Mertert. Et il cherchait désespérément son portable. Il croyait que ce dernier était tombé de sa poche dans sa voiture stationnée. «J’ai allumé le moteur dans l’espoir qu’il se connecterait avec le Bluetooth. Ce qui m’aurait permis de le localiser. Deux à trois minutes, rien ne s’est passé…» La suite, on la connaît.
Le ronronnement du moteur de la BMW avec à son volant l’homme endormi n’était pas passé inaperçu dans cette impasse de la cité Pierre- Frieden. Vers 8 h 20, un habitant avait appelé la police. À leur arrivée les agents avaient découvert celui qui dormait profondément sur le siège conducteur. Avec leur lampe de poche et en frappant contre les vitres, ils avaient fini par tirer le jeune homme de son sommeil. «Il avait les yeux rouges et sentait l’alcool», se souvient la policière.
Refus de souffler dans le ballon
La question de savoir si le véhicule était correctement stationné par rapport à la bande blanche tracée au sol a fait débat à l’audience. Ce qui est néanmoins clair dans ce dossier, c’est que le jeune homme a refusé de souffler dans le ballon. La police dit l’avoir bien averti qu’avec son moteur allumé et assis à la place du conducteur, un refus de test signifiait un retrait de permis. Mais il n’avait pas changé d’avis.
«Pourquoi avez-vous refusé le test? Si vous n’aviez pas conduit, vous pouviez le faire?», tentera de creuser la présidente de la 9e chambre correctionnelle.
Qu’il avait bien picolé, le prévenu ne le conteste pas. Il parle d’«un « whisky-coca », de 7 à 8 huit verres de bière et de 5 verres de vin». Mais s’il a tourné la clé du contact, c’était uniquement pour la recherche du portable perdu… Une version qu’appuie un ami d’enfance qui habite la même rue. Il témoigne avoir bien vu vers minuit par la fenêtre la BMW stationnée dans la rue. Une preuve donc que le véhicule n’aurait pas bougé de place jusqu’à l’arrivée de la police.
«Il doit être acquitté au bénéfice du doute»
Pour la défense, il n’y a aucun élément dans le dossier qui prouve que son client a conduit. «On sait juste qu’il est retourné à sa voiture pour chercher son portable», argue Me Pauly. Sa conclusion : «Il doit être acquitté au bénéfice du doute.»
Or le parquet n’est pas sur la même longueur d’onde. Le substitut principal ne croit pas en l’explication du prévenu : «Pourquoi allume-t-il le moteur et ferme la porte pour chercher son portable?» Selon lui, assis sur le siège conducteur il avait plutôt la «position de conduire» que celle de «chercher un portable»…
Dans son réquisitoire, il fera référence à une décision de la Cour de cassation française de 1988. «La jurisprudence dit que si on est assis derrière le volant et le moteur tourne on peut être considéré comme conducteur.» Et il requerra une amende et deux fois une interdiction de conduire de 18 mois, pour l’alcool au volant et le refus de se soumettre au test d’alcoolémie. Le casier du jeune homme, qui est douanier, renseigne déjà deux inscriptions. Lors de sa demande en mainlevée de son interdiction de conduire provisoire, on lui a autorisé de reprendre le volant pour les trajets professionnels
Prononcé le 14 mai.
Fabienne Armborst