À dix jours du déconfinement, le gouvernement français a décidé de plafonner le prix de vente des masques chirurgicaux à 95 centimes l’unité, mais pas celui des masques en tissu, en raison de la diversité des modèles et de leur provenance.
Alors que chacun cherche son masque à l’approche de la date du 11 mai fixée pour un déconfinement progressif, Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie, a expliqué vendredi sur RTL avoir « pris deux décisions », après avis de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF).
La première: « plafonner le prix des masques en papier à usage unique de type chirurgical, qui ne pourra pas dépasser 95 centimes d’euro par masque ». Soit 47,50 euros maximum pour une boîte de 50 masques. La deuxième : ne pas plafonner pour l’instant celui des masques tissu grand public, car « comparer les prix ne serait pas légitime », tant il existe de masques de qualités différentes.
Face au risque d’abus – une auditrice de RTL évoquait des masques vendus 20 ou 30 euros pièce sur internet –, la secrétaire d’État a promis des enquêtes de la DGCCRF « chaque semaine, avec des relevés de prix, circuit de distribution par circuit de distribution », pour garantir l’accès à des prix raisonnables. « L’objectif [est] qu’une offre abondante de masques lavables et réutilisables à filtration garantie soit mise à disposition du public à un coût de l’ordre de 20 à 30 centimes d’euros à l’usage », a précisé le ministère de l’Économie dans un communiqué. En cas de « dérive » des marges, « on prendra un arrêté de plafonnement » sur le prix des masques en tissu, a prévenu Agnès Pannier-Runacher.
Les masques pour le public, chirurgicaux et textile, seront vendus dans les pharmacies, les petits commerces et la grande distribution. Mais nul besoin de se précipiter dès ce week-end dans les grandes surfaces : les masques n’y seront disponibles qu’à partir du 4 mai. Un distributeur comme Carrefour, par exemple, vendra « 10 millions de masques la semaine prochaine » et a « sécurisé des commandes » pour avoir un flux continu ensuite, a rappelé Agnès Pannier-Runacher.
Le prix des masques à usages multiples sera compris entre 2 et 3 euros
Mercredi, les grandes enseignes de la distribution Auchan, Aldi, Carrefour, Colruyt, Cora, Groupe Casino, Intermarché, Leclerc, Lidl, Netto, Supermarché Match, Système U s’étaient entendues avec le gouvernement pour vendre les masques à usage unique moins d’un euro et ceux à usages multiples entre 2 et 3 euros, avec des marges très réduites, à partir du 4 mai. L’ordre des pharmaciens, qui réservait jusque-là les masques à des publics ciblés comme les soignants, comme demandé par le gouvernement, avait alors appelé les officines à commencer aussitôt à vendre au grand public.
Les enseignes de la grande distribution « vont vendre à prix coûtant, pour en faire un prix d’appel comme du Nutella. C’est de l’opportunisme », avait critiqué Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Les contrôles de la DGCCRF auront lieu « chez les fabricants et importateurs de ces masques, ainsi que dans la distribution », selon le ministère, pour vérifier que des « tests probants » ont eu lieu sur « les performances de filtration » et que les produits sont vendus avec « la bonne information » (propriétés de filtration du masque, logo précisant le nombre de lavages possibles, notice d’utilisation).
Les masques en tissu doivent avoir « des propriétés de filtration garanties, de 70 à 90% des molécules de plus de 3 microns », a souligné Agnès Pannier-Runacher. Ils sont « le plus souvent lavables et réutilisables ». Le nombre d’utilisations prévu est toutefois très variable d’un modèle à l’autre, certains 5 fois, d’autres « plus de 40 fois ». C’est pourquoi « ils se prêtent mal » à une régulation des prix, selon le ministère. Le prix souhaité de 20 à 30 centimes d’euros par usage concerne des modèles « très sobres et avec une bonne qualité de filtration », a dit Agnès Pannier-Runacher.
Mais il existe aussi « des produits qui sont quasiment de haute couture ». Avec un prix plus élevé. Par ailleurs, « le fabriqué en France est un peu plus cher que le fabriqué à l’étranger. » Les consommateurs sont invités à signaler les abus sur la plateforme SignalConso, où déjà 1 200 signalements ont été effectués, selon le ministère.
LQ/AFP