Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a affirmé que les créanciers de la Grèce devraient faire des propositions « réalistes » sur la dette grecque en contrepartie des propositions attendues de la part d’Athènes ce jeudi avant minuit (22h00 GMT).
« Je viens de parler avec le Premier ministre grec, Alexis Tsipras. J’espère que nous allons recevoir aujourd’hui des propositions concrètes et réalistes de la part d’Athènes », a déclaré M. Tusk lors d’une conférence de presse à Luxembourg, alors que la zone euro attend de la Grèce un plan de réformes pour permettre la reprise de négociations sur une aide internationale et éviter la sortie du pays de la monnaie unique.
« Si cela se produit, nous aurons besoin d’une proposition parallèle de la part des créanciers. Les propositions réalistes de la part de la Grèce devront être suivies en contrepartie de propositions tout aussi réalistes sur la viabilité de la dette grecque de la part des créanciers », a-t-il ajouté.
« Alors seulement nous aurons une situation où chacun trouve son compte », a assuré Donald Tusk.
Le gouvernement de gauche radicale d’Alexis Tsipras, arrivé au pouvoir en janvier sur la promesse de ne pas laisser imposer à son pays de nouvelles mesures d’austérité, réclame un allègement de l’énorme dette de la Grèce, qui atteint 320 milliards d’euros, soit 180% du Produit intérieur brut du pays.
Le Fonds monétaire international (FMI), pourtant en désaccord avec le gouvernement Tsipras sur l’ensemble de sa politique, souhaite lui aussi rouvrir le dossier.
« Une restructuration de la dette (…) est selon nous nécessaire dans le cas de la Grèce afin qu’elle ait une dette viable », a déclaré mercredi la patronne du FMI, Christine Lagarde.
Mais les Européens, en particulier l’Allemagne et d’autres pays tenants d’une ligne dure vis-à-vis d’Athènes, rejettent une telle option pour le moment. La dette grecque, dont les remboursements s’échelonnent sur des décennies, a déjà été restructurée en 2012 au détriment des créanciers privés, qui n’en détiennent plus que 15% à 20%.
Un porte-parole de la Commission européenne a rappelé jeudi des propos récents du président de la Commission, Jean-Claude Juncker, selon lesquels la question de la viabilité de la dette devrait faire partie d’un accord global sur l’aide internationale à la Grèce, « étant entendu que cela interviendrait plus tard, en octobre, une fois les autres conditions remplies ».
Une fois les propositions de réformes de la Grèce connues, en principe ce jeudi, elles seront immédiatement étudiées par les créanciers puis soumises samedi aux ministres des Finances de la zone euro, avant un sommet extraordinaire des 28 pays de l’Union européenne convoqué dimanche à Bruxelles.
Si le programme grec donne satisfaction, ce sommet pourra officiellement donner le coup d’envoi des négociations sur un nouveau programme d’aide à la Grèce, le troisième depuis 2010. Dans le cas contraire, cette réunion pourrait se transformer en sommet de crise, amorçant une sortie de la Grèce de la monnaie unique.
AFP