Boeing a confirmé mercredi qu’il allait réduire ses effectifs globaux d’environ 10% pour faire des économies, au moment où il est touché de plein fouet par la pandémie de coronavirus qui a réduit comme peau de chagrin le transport aérien et les commandes d’avions.
Ces suppressions d’emplois se feront via un programme de départs volontaires et des licenciements secs et concernent la division aviation civile, a indiqué le directeur général David Calhoun, dans un courrier interne aux salariés en marge de la publication des résultats du premier trimestre.
Mi-avril, des sources proches du dossier avaient indiqué que cette cure d’austérité pourrait affecter au moins 7 000 employés, Boeing employant 70 000 personnes dans l’État de Washington, au nord-ouest des États-Unis, où se trouvent la plupart de ses usines d’avions civils. Il dispose d’un site d’assemblage du 787 en Caroline du Sud qui produit également des équipements militaires et spatiaux et emploie quelque 160 000 personnes à travers le monde, n’a pas donné de chiffre précis.
Compagnies : 314 milliards de dollars de pertes
« La nette réduction de la demande pour nos produits et services pour les prochaines années ne peut simplement pas soutenir les niveaux élevés de notre production » actuelle, justifie David Calhoun. La pandémie, ajoute-t-il, « a changé notre façon de vivre et de travailler. Elle est en train de changer notre industrie. Nous faisons face à des défis complètement inattendus ».
Les mesures de restriction des voyages, de distanciation sociale et de confinement pour endiguer la propagation du Covid-19, maladie causée par le nouveau coronavirus, a réduit le trafic aérien de plus de 95% aux États-Unis, d’après David Calhoun, tandis que les revenus des compagnies aériennes devraient chuter de 314 milliards de dollars cette année.
Outre les suppressions d’emplois, Boeing va également réduire les cadences de production des long-courrier 787 et 777/777X pour s’adapter au nouveau paysage aérien. Le géant de Seattle ne produira plus que 10 appareils 787 par mois à compter de maintenant jusqu’en 2021, contre 14 en début d’année. Il diminuera progressivement ce rythme, à 7 avions en 2022. La production du 777 et de son remplaçant 777X va elle passer de 5 avions par mois actuellement à 3 avions en 2021. Celle du 737 MAX, suspendue depuis janvier, reprendra à de « faibles taux » au moment de la remise en service en 2020 de cet aéronef et s’établira à 31 appareils par mois en 2021.
Dans le rouge
Avant l’immobilisation au sol du MAX, Boeing produisait 52 appareils par mois, avant une baisse à 42 avions quelques mois après l’accident d’un exemplaire d’Ethiopian Airlines ayant fait 157 morts le 10 mars 2019 au sud-est d’Addis Abeba. Cet accident, le deuxième en cinq mois du MAX, a conduit à l’immobilisation au sol de ce modèle et des incertitudes entourent encore sa date de remise en service.
Les déboires du MAX et la crise sanitaire ont poussé Boeing dans le rouge au premier trimestre. Le constructeur aéronautique a en effet enregistré une perte nette de 641 millions de dollars, selon un communiqué publié mercredi. Le chiffre d’affaires trimestriel a plongé de 26,2% sur un an à 16,91 milliards de dollars, plombé par une chute d’environ un tiers des livraisons d’avions civils. Au premier trimestre 2019, Boeing était bénéficiaire, avec un profit de 2,1 milliards de dollars.
En début de semaine, David Calhoun a par ailleurs estimé que « cela prendra plusieurs années avant un retour du trafic aérien aux niveaux précédant la pandémie », tablant aussi sur 3 à 5 ans avant que les dividendes de Boeing ne soient restaurés.
LQ/AFP