Le 19 mai sera lancé un dépistage du Covid-19 à large échelle, ouvert à l’ensemble de la population, frontaliers compris. Les plus de 20 000 tests journaliers doivent «faciliter le chemin vers la normalité».
Mercredi soir, le Luxembourg comptait encore quelque 531 «infections actives» au coronavirus. Le nombre de nouvelles infections est en baisse constante. Plus de 3 120 personnes sont considérées comme guéries. Dans les hôpitaux, 131 patients sont pris en charge, dont 19 en soins intensifs. «La situation s’est calmée. On est prêts à entamer de nouvelles étapes du déconfinement», constate la ministre de la Santé, Paulette Lenert.
Pour briser la chaîne d’infections et minimiser le risque d’une deuxième vague de cas positifs, le gouvernement mise aujourd’hui sur un dépistage à large échelle de l’ensemble de la population. L’objectif est de continuer à endiguer la propagation du virus et de mieux connaître les caractéristiques du
Covid-19.
Plus de 800 000 citoyens et frontaliers à tester
«On entre dans une autre dimension pour assurer le suivi du virus parmi la population. Avec la capacité de dépistage maximale, on pourra soumettre endéans un mois l’ensemble de la population à un test», indique le ministre en charge de la Recherche, Claude Meisch. Le Grand-Duché comptait en janvier 626 000 habitants. Les quelque 214 000 frontaliers travaillant au Grand-Duché doivent eux aussi pouvoir se faire tester. «Il est très important que les gens qui se déplacent à l’intérieur du pays soient testés», souligne le directeur du LIH.
Les contingents de population qui seront testés et le calendrier du dépistage restent encore à définir et à préciser (lire ci-contre). Seule certitude : les tests seront réalisés sur une base volontaire. «J’appelle tous ceux qui auront l’occasion de le faire de se faire tester», insiste le Dr Ulf Nehrbass, le directeur du LIH.
Les 17 stations où ces tests seront réalisés devraient être opérationnelles dès le 19 mai. Jusqu’à 20 000 tests par jour pourront être réalisés dans les «drive-through» que le Luxembourg Institute of Health (LIH) va mettre en place avec un partenaire logistique, dont le nom n’a pas été cité en conférence de presse.
«Le nombre élevé de tests réalisés aidera à évaluer l’ampleur de la propagation du virus et à détecter pour la première fois des cas asymptomatiques qui, selon les estimations, représentent jusqu’à 80 % des cas», détaille la ministre Paulette Lenert. Les personnes asymptomatiques sont porteuses du Covid-19 sans toutefois développer de symptômes.
Une fois testées positives, elles pourront être placées en isolement afin d’éviter qu’elles ne contaminent d’autres citoyens. Cette démarche permettra aussi de mieux définir «le difficile équilibre entre sécurité sanitaire et intérêts économiques et sociétaux», comme le résume le Dr Nehrbass. Chaque phase de déconfinement entraîne en effet un surcroît d’infections. Toutes les données issues de cette nouvelle phase de tests, jusqu’à présent unique sur le plan mondial, doivent donc guider le déconfinement progressif. «Réaliser plus de tests équivaut à regagner plus de liberté», souligne le ministre Claude Meisch.
Le dépistage à grande échelle sera accompagné d’une série d’autres tests afin de «pouvoir vivre avec le virus». Les tests réactifs réalisés dans un premier temps feront ainsi place à une stratégie proactive. «Il n’a pas été possible d’agir de la sorte au début de l’épidémie, car nous étions limités au niveau du matériel», admet la ministre Paulette Lenert. Aujourd’hui, le Luxembourg est bien mieux approvisionné, même si pour la réalisation des tests à grande échelle, «tout n’est pas encore en stock».
Sont déjà en cours le dépistage systématique des résidents et du personnel des maisons de soins et de retraite (10 000 tests) et les tests sanguins réalisés sur un échantillon représentatif de la population (1 818 personnes) afin d’évaluer le développement d’anticorps à la suite d’une infection au Covid-19.
Des dépistages ciblés pour le déconfinement
Les résultats intermédiaires de cette étude, baptisée Con-Vince, seront présentés en fin de semaine. Dans les maisons de repos, les premiers résultats seraient «rassurants», mais le dépistage se poursuit encore tout au long de cette semaine avec une cadence de deux structures par jour.
La stratégie de dépistage concerne aussi des tests réalisés sur des catégories spécifiques de la population active, en amont de la réouverture du secteur économique en question. Un échantillon d’ouvriers a ainsi été testé avant la reprise des chantiers. D’autres catégories de personnel devraient suivre, mais aucune précision à ce sujet n’a été donnée hier. Les spéculations sur les prochaines étapes du déconfinement restent donc de mise. La date butoir est fixée au 11 mai.
«Le test est un moyen pour mieux comprendre la propagation du virus. Il ne constitue cependant pas une sécurité à 100 %», prévient la ministre de la Santé. En d’autres termes : même un test négatif n’exclut pas une infection ultérieure. Mais la stratégie désormais mise en place par le gouvernement est «de filtrer au mieux» les cas positifs, assurer un traçage analogue et ainsi «obtenir la meilleure vue possible» sur la circulation du virus. Le coût des tests à grande échelle est de 40 millions d’euros.
David Marques