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Coronavirus : chaque pays peaufine son déconfinement


À Gaza, le port du masque s'impose mais de nombreux lieux publics, même les cafés et restaurants, vont reprendre leur activité le soir (Photo : AFP).

Le port du masque dans les commerces devient obligatoire mercredi dans toute l’Allemagne alors que d’autres pays européens peaufinent des plans de déconfinement, mais la pandémie de coronavirus continue de faire des ravages, avec la barre du millionième cas franchie aux Etats-Unis.

Après les transports publics, la capitale allemande Berlin a décidé d’imposer le masque dans les magasins, a déclaré Andreas Geisel, adjoint à l’Intérieur du maire.

Les 15 autres Länder (Etats régionaux) avaient pris une mesure similaire la semaine dernière. Avec la décision berlinoise, c’est donc l’ensemble de l’Allemagne qui impose désormais le port du masque dans les commerces. L’obligation votée mardi par le Sénat de Berlin porte sur la protection du nez et de la bouche. Les foulards sont autorisés.

L’autorité sanitaire allemande a exhorté la population à rester prudente face à la pandémie. Le gouvernement fédéral et les régions doivent refaire le point jeudi en vue de décisions attendues pour le 6 mai sur d’éventuelles mesures de déconfinement.

En France, le Premier ministre Edouard Philippe a présenté mardi une feuille de route pour remettre progressivement le pays en marche à partir du 11 mai, une date fixée auparavant par le président Emmanuel Macron. Une majorité des députés ont approuvé le plan, critiqué par l’opposition qui dénonce un « flou » dans plusieurs de ses modalités.

Au programme: tests massifs, réouverture progressive des écoles, réouverture des commerces (mais pas dans un premier temps des cafés et des restaurants) et masque obligatoire dans les transports publics.

Les cinémas, grands musées et théâtres resteront fermés, comme les plages, et la saison sportive 2019-2020 ne reprendra pas. Les rassemblements de plus de dix personnes seront interdits.

« Vivre avec le virus »

« Nous allons devoir vivre avec le virus », a prévenu M. Philippe lors d’un discours à l’Assemblée nationale. « Un peu trop d’insouciance et c’est l’épidémie qui repart. Un peu trop de prudence et c’est l’ensemble du pays qui s’enfonce » en raison des conséquences économiques de la crise, a-t-il dit.

Le gouvernement espagnol a lui aussi présenté mardi un plan de déconfinement par « phases » jusqu’à « fin juin », dont le calendrier dépendra de l’évolution de la pandémie.

Le confinement général du pays, le plus strict d’Europe, a déjà été légèrement assoupli dimanche avec l’autorisation pour les enfants de moins de 14 ans de se promener. Il doit l’être encore samedi avec la possibilité de faire du sport seul dehors ou de se promener entre membres du même foyer. Mais les écoles espagnoles resteront fermées jusqu’en septembre.

En Italie aussi, pas de réouverture des écoles avant septembre. Dans ce pays, qui a payé le plus lourd tribut à la pandémie en Europe, les modalités du déconfinement prévu le 4 mai ont déjà été spécifiées: rassemblements interdits, déplacements entre régions interdits, port du masque obligatoire dans les transports.

Milan, capitale de la Lombardie, région italienne la plus touchée, a commencé à préparer ses métros à la levée progressive du confinement pour tenter d’y faire respecter les distances de sécurité.

D’autres pays d’Europe ont déjà entamé une levée progressive des restrictions, avec la réouverture de nombreux commerces, mais toujours de stricts mots d’ordre de « distanciation sociale »: Norvège, Danemark, Suisse, Autriche, Allemagne…

Bon gré, mal gré, les Allemands se conforment déjà au masque obligatoire dans les transports. « Ça tient chaud, ça glisse, on respire mal », se plaignait Emil, un jeune homme qui attendait mardi son train de banlieue sur le quai d’une gare de Berlin. « Mais si c’est pour éviter les infections, ça me va ».

Le millionième cas américain

Aux Etats-Unis, l’Etat de New York, épicentre de la pandémie, résiste à la tentation du déconfinement et ne s’y engagera pas avant le 15 mai.

Des Etats américains moins affectés, comme la Géorgie, ont déjà rouvert certains commerces, le Texas doit faire de même vendredi et l’Alabama prévoit de rouvrir ses plages en fin de semaine.

Pays le plus touché au monde, les Etats-Unis ont passé le cap du million de cas diagnostiqués de Covid-19, selon le comptage publié mardi par l’université Johns Hopkins, qui fait référence.

Le nombre des décès y est désormais de 58.351, selon ce comptage, soit plus que le nombre des militaires américains morts lors de la guerre du Vietnam, une référence toujours présente aux Etats-Unis.

Pour rendre hommage aux personnels soignants et urgentistes, un escadron de l’US Air Force et un autre de l’US Navy ont survolé mardi New York et ses environs dans un ciel sans nuages.

Au total, plus de trois millions de personnes ont été diagnostiquées dans le monde comme malades du Covid-19 et plus de 215.000 en sont mortes depuis l’apparition de la maladie en Chine en décembre, malgré le confinement de plus de la moitié des habitants de la planète.

Après les Etats-Unis, les pays les plus touchés sont l’Italie avec 27.359 morts, l’Espagne avec 23.822 morts, la France avec 23.660 morts et le Royaume-Uni avec 21.678 morts, selon un bilan établi par l’AFP mardi à 20 heures à partir de sources officielles.

Plus de 5 000 morts au Brésil

Le gouvernement britannique va inclure à partir de mercredi les décès dans les maisons de retraite dans ses points quotidiens, ce qui devrait alourdir encore le bilan.

Le Brésil a franchi mardi la barre des 5.000 morts après avoir enregistré un record de 474 décès sur les dernières 24 heures, selon le ministère de la Santé.

L’Amérique latine dans son ensemble est très touchée, et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a averti mardi que la pandémie allait y entraîner une augmentation de la faim et de la pauvreté.

Au Sénégal, le gouvernement a lancé mardi une vaste distribution d’aide alimentaire pour aider les familles à affronter les conséquences de l’épidémie de Covid-19. « Cette aide va nous soulager (…) Nous n’avons pas de salaire », disait Diarra Ndiaye, au chômage technique.

Et au Malawi, la justice a enterré pour des mois le confinement national ordonné par le président Peter Mutharika, au motif qu’il n’était accompagné d’aucune mesure d’aide aux populations les plus démunies.

AFP