Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Le 23 avril 2019, l’ancien souverain est décédé à l’âge de 98 ans. Le père d’Henri est resté tout au long de sa vie proche de son peuple. «Un grand homme d’État, un héros nous a quittés», jugeait le Premier ministre.
On est le mardi 23 avril 2019. Le Luxembourg vient de passer un week-end pascal ensoleillé. Bon nombre de personnes étaient cependant dans leurs pensées avec le Grand-Duc Jean, se battant depuis deux semaines contre une infection pulmonaire.
Sur le coup de 6 h, le maréchalat de la Cour a émis un message signé par le Grand-Duc Henri. «C’est avec grande tristesse que je vous fais part du décès de mon père bien-aimé, Son Altesse Royale le Grand-Duc Jean, qui nous a quittés dans la paix, entouré de l’affection de sa famille.» L’ancien chef de l’État s’est éteint dans la nuit.
Le visage grave, le Premier ministre, Xavier Bettel, s’est adressé quelques heures plus tard à la population. «C’est un père de famille qui nous a quittés aujourd’hui, un grand homme d’État, un héros, un modèle, un homme très gentil et généreux», a tenu à souligner le chef du gouvernement. «Il s’agit d’un moment difficile pour nous tous, pour notre pays et tous les citoyens du Grand-Duché. C’est surtout un moment très triste pour la famille grand-ducale, pour le Grand-Duc Henri et la Grande-Duchesse, pour les enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants», ajoutait Xavier Bettel.
Le Grand-Duc Jean est né le 5 janvier 1921. Début 2019, l’ancien souverain a donc pu fêter son 98e anniversaire. Il s’est retrouvé à la tête du pays entre 1964 et 2000. «Jang», comme l’appelait son peuple, avait succédé à sa mère, la Grande-Duchesse Charlotte, avant de passer le flambeau à son fils Henri.
L’ancien souverain s’était marié le 9 avril 1953 à Joséphine-Charlotte, fille du roi des Belges Léopold III. Le couple aura cinq enfants. Le Grand-Duc Jean était particulièrement fier de ses 22 petits-enfants et 15 arrière-petits-enfants, dont le Grand-Duc héritier Guillaume, qui va un jour prendre la relève d’Henri.
Cette photo avait été prise lors de l’anniversaire du Grand-Duc, qui célébrait ses 95 ans, le 9 janvier 2016 à la Philharmonie, en compagnie des princes Gabriel et Noah. (photo Guy Wolff/Cour grand-ducale)
«Une grande perte pour le Grand-Duché et l’Europe»
«Le Grand-Duc était, est et restera un symbole de notre pays, de notre histoire commune. Il était un exemple pour nous tous et a de par son engagement laissé des traces qui resteront à jamais gravées dans nos mémoires», jugeait il y a un an le Premier ministre. Le rôle joué par l’ancien souverain au cours de la Seconde Guerre mondiale est l’une de ces «traces» inoubliables évoquées par Xavier Bettel : «En tant que jeune prince, il s’est engagé pour défendre nos valeurs et nos convictions. Il était présent lors du débarquement en Normandie en juin 1944. Trois mois plus tard, il a pu libérer la capitale avant de contribuer activement à la reconstruction du pays.»
Le pays a été plongé en ce 23 avril 2019 dans un chagrin profond. Tous les drapeaux ont été mis en berne. Le gouvernement a décrété un deuil national de deux semaines. «Comme tout le peuple luxembourgeois, j’avais une très grande estime pour cet homme d’engagement, de bonté et de courage. Sa disparition est une grande perte pour le Grand-Duché et l’Europe», soulignait Jean-Claude Juncker, ancien Premier ministre et alors président de la Commission européenne.
La dépouille du Grand-Duc Jean a été transférée le dimanche 28 avril du château de Colmar-Berg au Palais grand-ducal. Des milliers de citoyens avaient décidé de se recueillir à la chapelle ardente, ouverte jusqu’à la veille des funérailles, organisées le samedi 4 mai 2019.
La pluie et des températures hivernales étaient de retour pour cette journée particulière. Encore une fois, des milliers de badauds s’étaient déplacés dans la capitale pour assister à la cérémonie d’adieu. «Il nous a montré que la vie est belle malgré les malheurs qui pourraient s’abattre. Nous vous remercions de tout notre cœur et vous disons : Monseigneur, nous vous aimons», affirmait l’archevêque Jean-Claude Hollerich lors d’une cérémonie déchirante en la cathédrale de Luxembourg.
De nombreuses têtes couronnées et d’anciens chefs d’État, dont le couple royal belge, la princesse Anne d’Angleterre et Nicolas Sarkozy, avaient fait le déplacement au Grand-Duché pour rendre un dernier hommage à un homme respecté de toutes parts. «Tourné vers les autres, il avait cette faculté d’écoute exceptionnelle qui touchait chaque personne qu’il rencontrait», écrivait son fils Henri dans une lettre émouvante, publiée le jour des funérailles.
«Il était fier d’être notre Grand-Duc et nous étions fiers de l’avoir comme chef d’État. On n’aurait pas pu en avoir un meilleur», concluait il y a un an Fernand Etgen, président de la Chambre des députés.
David Marques
