La Grèce a promis mercredi de présenter un nouveau programme de réformes « crédibles », répondant à l’ultimatum lancé par des dirigeants européens, excédés, qui espèrent conclure avant dimanche un accord de la dernière chance pour maintenir le pays dans la zone euro. Xavier Bettel n’a pas caché sa déception.
« Sans unité, nous allons nous réveiller dans quatre jours dans une Europe différente », a lancé mercredi Donald Tusk, le président du Conseil européen, appelant la Grèce comme les créanciers à un accord d’ici dimanche. « C’est notre dernière chance », a-t-il insisté devant le Parlement européen.
« On a perdu beaucoup de temps et on arrive à une situation où, si on n’a pas de proposition concrète, on risque d’aller droit dans le mur », a commenté le Premier ministre luxembourgeois Xavier Bettel, se disant « déçu ». « Je suis déçu. On a tendu une main, et il est arrivé les mains vides », a-t-il dit.
A la tribune, le Premier ministre grec Alexis Tsipras s’est lui engagé à soumettre à ses créanciers « de nouvelles propositions concrètes de réformes crédibles » jeudi, comme le lui réclame la zone euro en contrepartie d’un troisième plan d’aide. « Ne laissons pas l’Europe se diviser », a-t-il lancé.
Le scénario du Grexit n’est plus un tabou
Mais Alexis Tsipras, issu de la gauche radicale et porté au pouvoir en janvier sur la promesse de ne pas imposer davantage d’austérité à la Grèce, a aussi défendu son « droit à choisir » la manière de redresser le pays. Il a affirmé qu’un accord devait être « socialement juste et économiquement viable ».
En pleine épreuve de force entre Athènes et ses créanciers, exaspérés après des mois de négociations houleuses, le ton se fait de plus en plus alarmant, les partenaires européens de la Grèce évoquant désormais sans tabou le « scénario noir » du Grexit, la sortie du pays de la zone euro. La zone euro, l’un des principaux créanciers d’Athènes, va à présent étudier la nouvelle demande d’aide sur trois ans que la Grèce vient de lui adresser. Mais la requête d’Athènes devra être assortie d’un plan avec « des réformes enfin sérieuses », a estimé mercredi à Paris le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, afin d’éviter le Grexit, qui « serait un échec terrible, un échec collectif ».
Le « programme complet » promis par Alexis Tsipras devra être envoyé à ses partenaires avant jeudi minuit, puis examiné par les créanciers et soumis samedi aux ministres des Finances de la zone euro. Pour l’heure, la Grèce s’est engagée à des réformes des impôts et des retraites « dès la semaine prochaine », a indiqué le nouveau ministre grec des Finances, Euclide Tsakalotos.
Si ce programme donne satisfaction, les dirigeants européens peuvent officiellement donner le coup d’envoi des négociations sur ce nouveau programme d’aide dimanche, lors d’un sommet exceptionnel à 28 à Bruxelles. Dans le cas contraire, cette réunion pourrait se transformer en sommet de crise, amorçant la sortie de la Grèce de la zone euro.
Des solutions urgentes et à court terme sont aussi nécessaires pour qu’Athènes puisse rembourser le 20 juillet la Banque centrale européenne, qui maintient en vie son économie par un goutte-à-goutte financier aux banques hellènes.
L’exaspération monte au sein de la BCE
Faute d’accord, la BCE pourrait lâcher les banques grecques, conduisant inévitablement à un effondrement du système bancaire et une banqueroute du pays, le propulsant hors de l’euro. Le conseil des gouverneurs de la BCE tiendra ce mercredi une réunion téléphonique sur l’aide aux banques grecques, mais « l’exaspération et l’impatience montent au sein (de cette instance) face à l’attitude du gouvernement grec », a indiqué une source bancaire.
Les dirigeants européens sont également gagnés par l’exaspération face aux derniers rebondissements de la crise grecque, après que le non l’a emporté à plus de 60% lors du référendum convoqué par Athènes le 5 juillet.
La réticence des autres pays européens
Un grand nombre de pays sont plus que réticents à venir en aide à la Grèce, après deux plans d’aide d’un montant total de 240 milliards d’euros et des mois de négociations houleuses avec le gouvernement Tsipras. Mais dans l’idéal, la Grèce a besoin d’un « programme d’aide sur plusieurs années, qui aille bien au-delà de ce que nous discutions il y a encore dix jours », selon la chancelière allemande Angela Merkel.
Soulignant l’urgence de la situation, le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, a dit craindre mercredi le risque d' »émeutes » et d' »un chaos » en Grèce, où « l’économie est au bord de la rupture », tandis que les banques restent fermées pour éviter un effondrement du système financier.
AFP