Du haut de ses 47 ans, le technicien quitte le club nordiste qu’il a conduit au titre de champion de Luxembourg en 2019. Il s’en explique.
Vous ne serez plus l’entraîneur du CHEV Diekirch la saison prochaine. Pour quelles raisons?
Serge Karier : On avait une vision différente sur la future orientation de l’équipe messieurs. À partir de là, on a décidé de mettre fin à notre collaboration.
Les résultats obtenus depuis votre arrivée à l’été 2018 semblaient pourtant parler en votre faveur…
J’ai repris l’équipe quand celle-ci se trouvait dans les profondeurs de la Novotel Ligue. À mon arrivée, l’objectif fixé par les dirigeants était de retrouver le haut de tableau. Je leur avais dit qu’il y avait, à mon sens, mieux à faire. Je me souviens qu’on m’avait répondu que si j’y parvenais, ce ne serait que du bonus. Finalement, dès la première saison, je conduis l’équipe au titre de champion. Le deuxième seulement de son histoire.
Cette saison fut plus délicate avec une élimination de la Coupe de Luxembourg dès les quarts de finale. Quant au championnat, si celui-ci a été arrêté en raison du Covid-19, vous aviez perdu votre demi-finale aller à Strassen (3-0). Ce «manque» de résultat a-t-il pesé dans l’esprit des dirigeants?
Cet aspect des choses n’est pas du tout entré en ligne de compte. Et si ça avait été le cas, cela aurait penché en ma faveur car figurer parmi les quatre meilleurs clubs du pays est une chose qui n’était plus arrivé au CHEV Diekirch depuis bien longtemps. Aussi, pour rappel, en quart de finale, après dix minutes, je dois me passer de Franco Abreu mon meilleur passeur en raison d’un problème aux adducteurs. Enfin, je crois car ça n’a jamais été confirmé par un médecin. Le lundi suivant Markus (Trence), mon meilleur marqueur, se fait une entorse à la cheville et dans la foulée, on apprend le décès du papa de Ryan Mather. Bref, contre Strassen, je jouais sans mon meilleur marqueur, mon opposite était là mais avait, et c’est bien compréhensible, l’esprit ailleurs, et c’est moi, à 47 ans, qui jouais à la passe… Non, comme je l’ai dit, la raison de mon départ s’explique simplement par une divergence de vision entre le comité et moi.
Je suis un compétiteur et s’amuser à la baballe ne m’intéresse pas
De quelle nature?
En venant à Diekirch, j’ai accepté certaines contraintes, prenant notamment du temps sur ma vie familiale, mais je l’ai fait car l’enjeu en valait semble-t-il la chandelle. Je suis un compétiteur et s’amuser à la baballe ne m’intéresse pas. Il y a quelques jours, lors d’une réunion par visioconférence, j’ai fait part de mes souhaits quant au recrutement en vue de la prochaine saison. Vendredi soir, lors d’une autre réunion, on m’a expliqué que ce n’était pas possible. Que le club choisissait une autre voie. Je l’accepte. C’est son choix.
Vous occupiez aussi le rôle de manager de l’équipe messieurs, le comprenez-vous?
Disons qu’on ne peut pas me demander d’attirer des sponsors sans avoir d’équipe compétitive. Aussi, si je fais la balance, depuis mon arrivée, entre l’argent investi dans le recrutement et celui gagné par l’arrivée des nouveaux sponsors, je ne pense pas avoir mis le club en difficulté. Maintenant, s’il y a eu d’autres erreurs de faites, ce n’est pas à moi de les régler. Parce que si je fais 2+2, ça fait 4. Faut pas me faire croire que ça fait 2…
Êtes-vous déçu de quitter le club?
À mon arrivée, l’objectif était d’installer durablement l’équipe messieurs dans le haut de tableau. Maintenant qu’il y ait depuis deux saisons, on me dit qu’on prend une autre direction, qu’on va privilégier le travail avec les jeunes du club, etc. Bizarre, surtout que ce n’est pas incompatible. On peut avoir une équipe compétitive tout en permettant à certains jeunes d’y figurer et d’y progresser. Encore faut-il, pour cela, s’en donner véritablement les moyens. Parce que bon, quand tu as seulement le niveau pour jouer en D1 (Ndlr : 2e échelon), tu ne peux pas prétendre être titulaire en Novotel Ligue… Ceci étant, quant à savoir si je suis déçu, disons que je quitte Diekirch sur deux belles saisons où j’ai rencontré des gens formidables comme Pierre Ney, Marc Jacobs, qui était revenu en catastrophe de vacances avec son nourrisson dans les bras juste à temps à Strassen pour la demi-finale aller, mais aussi Gilbert Weis. Et ça, je tiens vraiment à le souligner.
Vous voici sur le marché des transferts. Savez-vous déjà ce que vous ferez la saison prochaine?
Non. Il y a quelques semaines, j’ai eu l’un ou l’autre contact à qui je n’avais pas complètement fermé la porte car j’attendais de savoir ce qui allait se passer à Diekirch. Maintenant que je suis officiellement libre, je suis ouvert à toutes propositions. Mais je ne relèverai un challenge que si celui-ci en vaut vraiment le coup.
Dans un rôle d’entraîneur ou de manager?
Le travail de manager me plaît à condition de pouvoir toujours avoir quand même un pied proche du terrain.
Entretien avec Charles Michel
Serge Karier parti, le CHEV Diekirch se doit de trouver un nouvel entraîneur. Pour cela, il se pourrait que la formation nordiste n’ait pas besoin d’aller très loin puisqu’il aurait décidé de confier les rênes à Janis Freidenfelds, en charge actuellement des cadets.