Son ministère des Classes moyennes croule sous les demandes d’aides accordées par l’État aux petites entreprises dans le désarroi. Les fonctionnaires ont relevé les manches et basculé en mode Covid-19.
La crise sanitaire a eu très tôt des répercussions sur le secteur du tourisme, premier acteur économique touché avant les mesures de confinement décidées le 15 mars. «Le tourisme d’affaires s’est mis à l’arrêt et les annulations sont tombées en cascade», souligne le ministre des Classes moyennes et du Tourisme, Lex Delles (DP). Pire encore, selon lui, non seulement les hôtels ont dû fermer leurs portes, mais il n’y a plus de réservations.
Cela fait plus d’un mois que les dégâts collatéraux de cette crise sanitaire se multiplient et l’État se met au chevet des entreprises en souffrance pour les soutenir financièrement. Le secteur de l’Horeca (hôtels, restaurants, bars, cafés…) paie un lourd tribut et n’est toujours pas fixé sur une date de reprise de l’activité. La situation sera analysée après le 11 mai et les prévisions d’avenir commencent à devenir angoissantes pour les patrons du secteur.
«J’encourage les gens à commander des plats dans les restaurants qui assurent une livraison ou un service à emporter pour aider les entreprises à surmonter cette crise. Même si cela ne représente pas leur chiffre d’affaires ordinaire, il est important de faire appel à elles pour leur garantir un minimum d’activité», insiste le ministre.
Lex Delles veut surtout les remercier, tous ces commerces mis à l’arrêt du jour du lendemain. «On remercie toujours tous ceux qui sont sur le pont et c’est normal mais il faut aussi remercier les commerces qui voient leur entreprise se noyer dans des difficultés pour lutter contre un virus», tient à souligner le ministre.
Les professionnels se sont réorganisés en ces temps tourmentés. Les livraisons par le biais de letzshop.lu sont en augmentation, et depuis que le gouvernement a exonéré les entreprises présentes sur la plateforme de vente en ligne du paiement de leur cotisation, une centaine de nouveaux inscrits en ont profité depuis le début du confinement.
Des fonctionnaires au charbon
Tout le secteur des classes moyennes souffre de cet arrêt brutal de l’activité. Les artisans qui peuvent désormais reprendre du service dans le secteur de la construction ont essuyé des pertes, comme les commerçants. Des mesures ont été élaborées pour aider les très petites entreprises (maximum 9 salariés) à maintenir la tête hors de l’eau. Une aide de 5 000 euros, immédiate et non remboursable a été mise en place. Puis une aide de 2 500 euros pour les indépendants, associée à l’aide financière pour les intermittents du spectacle et les indépendants du secteur de la santé.
«Il s’agit d’un ensemble d’aides, car le plus important est de soutenir et d’accompagner tout le monde pendant cette crise et d’adapter régulièrement notre soutien dans les différents secteurs», souligne le ministre Lex Delles, en contact journalier avec les chambres professionnelles. «On sent que des mesures fonctionnent bien, mais les gens se posent beaucoup de questions», admet Lex Delles.
Le ministère s’est vite retrouvé noyé sous les dossiers introduits par des petits entrepreneurs souvent désemparés. «Il a fallu réorganiser nos services avec un effectif réduit. Nous avons séparé les gens pour garantir un bon fonctionnement du ministère avec une partie des fonctionnaires en télétravail pour traiter rapidement tous les dossiers», explique le ministre.
À chaque nouvelle mesure adoptée, les services doivent suivre. «Le coronaletzshop pour permettre aux seniors de faire leurs courses alimentaires en ligne a été monté en une semaine par deux personnes qui ont assuré toute la logistique, de la location d’un hangar à la mise en place des équipes qui s’occupent des colis et des commandes par téléphone», précise le ministre.
26 personnes travaillent uniquement sur les 16 000 dossiers des «5 000 euros»
Pour instruire tous les dossiers entrant au ministère, les fonctionnaires ont délaissé leur tâche habituelle pour venir étoffer les équipes sur le pont. «Quasiment tout le personnel du ministère du Tourisme prête main-forte pour évacuer le plus rapidement possible les dossiers», explique Lex Delles. En tout, 26 personnes travaillent uniquement sur les 16 000 dossiers des «5 000 euros».
Les premiers ont été payés en cinq jours ouvrables. «Comme maintenant il y a énormément de demandes, les délais se rallongent, mais notre objectif est de payer dans les deux semaines. Rien que ce matin j’ai signé 700 dossiers», confie le ministre lors de l’interview réalisée mardi dernier. Et pour maintenir le rythme, une petite équipe a travaillé pendant le week-end pascal.
«Je tiens vraiment à remercier nos fonctionnaires qui donnent d’eux-mêmes en travaillant parfois 7 jours sur 7. C’est une chaîne qui fonctionne très bien et il y a énormément de personnes qui ne regardent pas les heures et qui le font pour soutenir l’économie et les entreprises», observe Lex Delles.
Ce sont aussi les services du ministre qui gère la mise à la disposition du personnel soignant frontalier de chambres d’hôtel. À ce jour, 500 personnes sont inscrites dans le programme pour une moyenne de 210 à 220 nuitées quotidiennes.
Geneviève Montaigu