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Atteinte d’un cancer, le vigile lui refuse l’entrée du bowling


Le vigile n'a rien voulu savoir : couvre-chef interdit, même en pleine chimio. (photo d'illustration / RL)

En traitement de chimiothérapie, une mère de famille qui portait un foulard sur la tête s’est vu refuser l’entrée du bowling d’Amnéville samedi soir. Le salarié n’a rien voulu entendre : tout couvre-chef est interdit dans l’établissement.

Cette maman ne voulait pas ébruiter l’affaire qui lui fait encore verser beaucoup de larmes. Mais elle a été convaincue par ses proches, dont sa sœur, qui dénoncent une « maladresse intolérable » : «On le voit que c’est un bonnet de chimiothérapie, il faut être idiot pour ne pas s’en rendre compte!»

Samedi soir, Sarah*, son conjoint et leurs deux enfants de 11 et 15 ans quittent leur résidence du secteur de Hayange pour dîner au restaurant, à Amnéville. Les parents ont promis d’aller ensuite au bowling, pour passer une bonne soirée en famille. Des moments rares et précieux actuellement, puisque Sarah, âgée de 40 ans, est soignée pour un cancer du sein.

Elle subit toutes les conséquences de la chimiothérapie et porte ce soir-là un foulard pour camoufler la perte de ses cheveux. Lorsqu’elle pénètre dans l’établissement, le vigile lui fait un signe de la tête pour lui refuser l’entrée. Sans jamais lui adresser un mot, il lui montre l’affiche qui interdit de porter des casquettes dans l’enceinte du bowling. Sarah et son conjoint sont médusés.

«Je veux vivre une vie normale»

« Je lui ai dit qu’il ne pouvait pas me demander de l’enlever, que je n’avais pas de cheveux. J’aurais voulu qu’il me dise quelque chose. Mais rien. » Le vigile demeure intraitable et silencieux. La famille, interloquée, quitte l’établissement. Sarah se refuse à attirer l’attention des clients. D’ailleurs, dans la file d’attente, aucune voix ne s’est fait entendre pour dénoncer un tel comportement…

« Nous n’avons pas insisté, nous étions tellement choqués. Je me suis cru dans la troisième dimension. On ne peut pas me refuser un bon moment en famille à cause de ma maladie. Ce n’est pas un choix de ma part d’être malade. Je ne veux pas de pitié, mais je veux vivre une vie normale. Là, on me l’a interdit. »

Le jeune vigile n’a pas eu la présence d’esprit de contacter sa direction qui aurait peut-être pu lui faire comprendre que l’interprétation d’un règlement intérieur peut subir quelques exceptions.

Depuis samedi, la jeune femme est très éprouvée. « Je suis touchée au plus profond de moi. Ça fait très mal. J’ai même pris rendez-vous avec le psychologue de l’équipe de chimiothérapie. Car il faut que j’avance. J’ai d’autres choses à gérer. »

Sarah se refuse néanmoins à toute action en justice. Et éprouve même des remords… « Je ne veux pas qu’il perde son travail. C’est son job, même s’il a été bête et discipliné. Je culpabilise aussi un peu. J’aurais dû porter ma perruque, il n’y aurait pas eu de problème… » En revanche, elle assure qu’elle ne retournera jamais au bowling, qu’elle fréquentait pourtant souvent avec ses enfants. « Et je voudrais, en le dénonçant, que ça ne se reproduise pas pour d’autres femmes », assure-t-elle.

La direction de l’Atomic Bowl et l’association du centre de loisirs d’Amnéville qui gère le bowling, contactées par notre rédaction, n’ont pas souhaité s’exprimer. La sœur de Sarah avait, elle aussi, tenter de les joindre. La direction l’a rappelée, mardi en fin de journée, pour lui présenter ses excuses. Après avoir reçu un coup de téléphone de la Ligue contre le cancer…

Lisa Lagrange

* Le prénom a été modifié.

Un commentaire

  1. Il m’est arrivé à peu près la même chose à la station essence de Leclerc à Verdun, c’est intolérable. Je regrette de ne pas avoir réagi à l’époque. Courage à cette femme.

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