Les sociétés de déménagement sont à l’arrêt au Luxembourg, sinon au ralenti. Personne ne bouge pendant le confinement. Cette situation a perturbé les plans de nombreux ménages et de professionnels.
Il y a une multitude de situations à l’origine d’un déménagement, à commencer par le besoin ou l’envie de changer de décor. Évidemment, ce n’est pas le moment. Depuis le confinement, le 15 mars, les entreprises de déménagement sont à l’arrêt. «Nous restons présents pour les déménagements de première nécessité», nous précise Nicole Nadin, la directrice de la société du même nom.
Les déménageurs peuvent briser la règle du confinement pour des urgences, comme par exemple les personnels médicaux mutés pour aller aider dans les hôpitaux ou n’importe quel quidam qui se retrouve vraiment à la rue. Dans tous les cas, il faut une attestation, la plupart du temps établi par un notaire ou par un représentant du secteur de la santé dans le cas d’une urgence médicale.
«À la fin du mois dernier qui avait commencé tout à fait normalement avant le coup d’arrêt, nous avons fini avec un tiers du personnel en activité, mais pour le mois d’avril nous allons encore diminuer», affirme Nicole Nadin. Certaines sociétés ont décidé de fermer complètement leurs portes. «C’est une solution aussi, mais je ne sais pas quelle est la meilleure», poursuit la directrice.
La situation n’est pas des plus claires, semble-t-elle regretter. «J’avoue que dans certains cas je ne sais pas quoi faire. Nous avons un texte pas vraiment clair et nous nous retrouvons dans une situation perturbante», ajoute Nicole Nadin. Il s’agit aussi de protéger le personnel et ce n’est pas chose évidente de respecter la distance physique de deux mètres dans une équipe de déménageurs.
Des locataires qui ne partent pas
Le gouvernement a autorisé les déménagements «en cas de nécessité», et cite l’exemple de la fin d’un bail. C’est ce qui est arrivé à Éric qui avait prévu de quitter son appartement de Diekirch le 31 mars pour emménager dans un logement de la capitale. L’entreprise de déménagement l’avait inscrit dans son planning, mais un problème s’est posé quelques jours avant l’échéance. L’appartement dans lequel Éric devait emménager ne s’est pas libéré comme convenu.
Les locataires qui l’occupent toujours actuellement, un couple avec un enfant, avaient prévu de faire appel à des amis pour le déménagement afin d’éviter des frais supplémentaires alors qu’ils viennent de se faire construire un petit pavillon en France. Impossible cependant de rassembler les copains pendant le confinement. Seules les personnes vivant sous le même toit peuvent participer au déménagement et, à deux avec un enfant à surveiller, ce n’était pas envisageable. Éric a trouvé un accord avec son propriétaire qui lui a rallongé le bail aussi longtemps que durera le confinement. Aucun nouveau locataire n’était prévu, le logement devant être d’abord rafraîchi. Quant au couple, il a lui aussi prolongé son bail en accord avec le propriétaire.
Ne pas perdre patience
L’arrêt ou le gros ralentissement de l’activité des sociétés de déménagement ont bouleversé les plans de nombreux ménages. «Le pire est qu’on ne peut pas leur répondre quand ils nous demandent à quand reporter leur déménagement», indique encore Nicole Nadin. Elle avait d’abord tablé sur la fin du mois d’avril, mais elle craint de devoir attendre jusqu’à l’été prochain.
«On sent que les gens commencent à perdre patience dans certains cas. La tension monte. J’ai un monsieur qui paye actuellement deux loyers à cause de cette situation, mais il n’y a pas de nécessité ni d’urgence, puisqu’il n’est pas à la rue», explique la directrice, qui reconnaît quand même que «dans la plupart du temps, les choses s’arrangent plutôt bien».
Depuis quelques jours, ses employés font plus de social que de déménagement. «Il y a un véritable désarroi, car il y a aussi des gens qui attendent la fin de leur construction alors que tous les chantiers sont à l’arrêt», affirme-t-elle. Dans tous les cas, elle demande une attestation pour effectuer un déménagement, d’un notaire ou d’un médecin ou plus rarement du Premier ministre lui-même. «C’est arrivé une seule fois», confie Nicole Nadin sans en dire davantage.
En cette période de confinement, elle répartit le peu de travail entre ses employés et en alternance. Elle attend encore la réponse du gouvernement à sa demande de chômage partiel. «C’est maintenant que ça commence, on est mal parti pour la saison», conclut-elle en évoquant le prolongement des restrictions qui lui paraît inévitable.
Geneviève Montaigu