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Claire, 85 ans, à Metz : « Si quelqu’un voulait parler un peu avec moi… »


Claire Muller, 85 ans, se sent de plus en plus isolée à cause du confinement. (photo RL/DR)

La voix est moins vive que lors du précédent appel. « C’était le début, ça allait encore bien… », éclaire Claire Muller. L’octogénaire de 85 ans imaginait le confinement comme une passade. Le temps qui s’allonge la plonge dans un isolement de moins en moins supportable. Cette voix énergique est devenue lasse.

«C’est la solitude…» Elle insiste sur ce mot qui grignote son moral. «Je sors un peu pour faire deux trois courses en bas de chez moi mais j’ai de plus en plus peur. Cette situation m’a rendue très anxieuse.» Alors, la Messine sort de moins en moins. Une assistante sociale lui dépose ce qui lui manque. Des voisins de l’immeuble lui ont proposé leur aide. Ils lui ont dit de ne pas hésiter à frapper à leur porte. «Il faudrait que je le fasse, oui… Mais je suis de la vieille époque, je n’ose pas. Je devrais y aller mais je ne veux pas déranger.» Alors, elle s’enfonce dans son sentiment d’abandon.

«J’ai moins d’énergie. Je continue ma petite routine. Je noircis des pages de jeux. Mais j’ai moins d’envie. C’est la solitude…» Elle suit «les informations à la télévision et dans le journal. J’espère que notre jeune président et les ministres savent ce qu’ils font. Je suis de plus en plus angoissée par ce que je vois.» La situation aux États-Unis la choque. «C’est une hécatombe. Ils n’ont aucune couverture sociale. Ils ne peuvent pas s’arrêter de travailler sinon ils n’ont plus rien pour vivre. C’est la catastrophe.»

« Je crains que cela dure »

Elle a aussi appris le suicide d’une femme de 93 ans. «Je la comprends… C’est la solitude. Que voulez-vous ? C’est terrible ce qu’on vit.» Claire Muller est rongée par ce sentiment grandissant que les appels quotidiens de son fils ne suffisent plus à rompre. «Il faut prendre son mal en patience. En Italie, ils ne sont toujours pas dans la phase de déconfinement. Je crains que cela dure encore des semaines.»

Elle va tâcher de se rapprocher d’une association pour casser ce cercle de la peur. L’octogénaire ne demande pas grand-chose. «Si quelqu’un voulait parler un peu avec moi, ça serait très gentil. Ne serait-ce que dire bonjour à quelqu’un… Je vous assure que ça fait beaucoup de bien.»

Kevin Grethen (Le Républicain lorrain)