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Une unité fragilisée

La pandémie confronte les pays européens à une peur qu’ils n’avaient pas connue depuis bien longtemps. Avec cette peur, de nombreux anciens réflexes sont apparus. Et pas forcément les plus glorieux. Frontières surveillées de près et automobilistes contrôlés comme si le virus se cachait dans leur boîte à gants ou le coffre de leur véhicule, repli sur soi, oubli d’épauler immédiatement des pays autrefois considérés comme frères : les quelques jours avant le confinement, la panique a semblé habiter certains, faisant disparaître les beaux discours datant de quelques mois à peine. Mercredi, comme le rapporte nos confrères du Républicain lorrain, la ministre de l’Économie du Land de Sarre, Anke Rehlinger (SPD), a présenté ses excuses aux Français après des incidents survenus à la frontière. Des automobilistes lorrains ont ainsi subi au passage de la douane des insultes antifrançaises. Des voitures ont aussi été salies par des jets d’œufs, a expliqué le quotidien. Même si ces actes étaient isolés, on croit rêver. Nos sociétés modernes restent-elles finalement si «modernes» que cela lorsqu’un mal ancestral refait son apparition?

Mais ne voyons pas tout en noir. Ces attitudes ont été ultraminoritaires et, fort heureusement, elles ont été noyées sous les gestes de solidarité et d’entraide fraternelle. Enfin, tout de même. La médiocrité de certains laissera des taches difficiles à faire disparaître.

Trois semaines plus tard, les esprits se sont ressaisis, même si l’angoisse est toujours là. L’épidémie avance encore, mais des lueurs d’espoir commencent à apparaître dans les pays les plus touchés. Moins de personnes hospitalisées, moins de patients dans un état grave. Malheureusement, il va falloir vivre avec la menace du coronavirus encore pendant des mois sur notre bon vieux continent. Espérons qu’un éventuel rebond des contaminations ne provoquera pas à nouveau des scènes d’hystérie et l’abandon en quelques jours de tous les idéaux qui nous ont rassemblés et qui existait dans le monde d’avant le coronavirus.

Laurent Duraisin