Le premier groupe européen du transport aérien, l’allemand Lufthansa, perd actuellement un million d’euros « par heure » en raison du coronavirus et aura besoin de « soutien » public, a déclaré son patron Carsten Spohr dans un message vidéo aux salariés.
« Nous ne pourrons pas surmonter cette crise de plus en plus longue sans soutien de l’État », a dit Carsten Spohr dans cette vidéo interne diffusée mercredi soir et que l’AFP a consultée jeudi. « Nous perdons chaque heure à peu près un million d’euros de nos liquidités », a-t-il ajouté. Le groupe Lufthansa, qui rassemble outre la compagnie allemande éponyme, Austrian Airlines, Swiss, Brussels Airlines et la filiale low cost Eurowings, a affiché en 2019 un chiffre d’affaires de 36 milliards d’euros.
En raison de la pandémie de coronavirus, le secteur du transport aérien dans le monde traverse une crise sans précédent, clouant au sol des centaines d’avions et forçant l’arrêt quasi total des opérations passagers.
Une baisse de fréquentaton de… 99% !
« Aujourd’hui, nous transportons chaque jour moins de 3 000 passagers, contre 350 000 normalement », soit une baisse de 99%, a expliqué le PDG. La capacité de transport, soit le nombre de sièges proposés sur ses avions, a été réduite à seulement 5% et 700 des 763 avions du groupe sont actuellement cloués au sol, entreposés dans plusieurs aéroports et notamment sur une piste d’atterrissage à Francfort.
Pour « réduire de manière permanente des capacités », le groupe va tailler dans sa flotte de plus de 700 machines et fermer sa filiale Germanwings, a-t-il annoncé mercredi, tablant sur un retour à la normale de la demande dans « des années ». Germanwings fait actuellement partie d’Eurowings. « Il s’agit sans aucun doute du plus grand défi que nous devons affronter dans notre histoire », a lancé Carsten Spohr aux salariés, dont près de deux tiers sont désormais au chômage partiel.
200 milliards de dollars seront nécessaires
Quelques 7 000 emplois sont « concernés » par la restructuration et « des discussions » doivent « démarrer rapidement » pour « discuter comment proposer au maximum » de salariés « un nouveau travail au sein du groupe », a affirmé Carsten Spohr. « Mais ce ne sera possible qu’avec un accord sur de nouveaux modèles d’emploi », comme des temps partiels, a-t-il ajouté. « Nous avons besoin de solidarité et de flexibilité. »
En ce qui concerne l’aide publique, Carsten Spohr s’est dit « optimiste » sur le fait que les discussions avec Berlin, Bruxelles, Vienne et Berne, où sont basées les différentes filiales du groupe « aboutiront à des résultats positifs ». Jusqu’à 200 milliards de dollars seront nécessaires pour soutenir le secteur aérien, selon l’Association internationale du transport aérien (IATA). Le groupe fait toutefois face à une hausse de la demande pour les transports de cargo, et va ôter les sièges de plusieurs avions passagers pour transporter du fret, a par ailleurs dit Carsten Spohr.
LQ/AFP