De touchantes attentions émanant des habitants de l’agglo font dire aux ripeurs qu’ils ne sont pas des laissés pour compte. Malgré la crise sanitaire, ils assurent leur mission de collecte des déchets. Moins nombreux dans les rangs, mais boostés par les cœurs et gourmandises offerts au cours des tournées.
Retour de tournée. Il est environ 10h30. Comme à l’accoutumée, les camions sont sortis dès potron-minet du centre technique, prêts à sillonner l’agglo. Comme à l’accoutumée, les ripeurs ont collecté les sacs noirs, transparents, goulûment absorbés par la benne. Comme à l’accoutumée, les professionnels ont délesté la ville de ses ordures, une mission qui, depuis le début de la pandémie dans le Grand Est, est saluée par les foyers du bassin de Thionville.
« Les gens sont très gentils avec nous, entame le plus prolixe d’entre eux. Ils viennent à leur fenêtre nous faire un signe, ceux qui circulent sur la route nous facilitent le passage, on nous donne parfois des chocolats, on retrouve des dessins, des cœurs, des mercis sur les poubelles… »
Prime versée en mai
Ils fonctionnent à 60% de l’effectif global (pour un total de 33 agents chauffeurs et ripeurs), car des suspicions de corona ont mis sur le banc de touche certains collègues. Mais, le groupe réuni ce jour-là sur le bitume du centre technique s’accorde sur un point : « A notre échelle, nous sommes nous aussi indispensables ! » Eux sont toujours sur le pont, doublement gantés, masqués, dotés de gel hydroalcoolique au local, et permettent ainsi la continuité du ramassage.
Ce qui a changé dans leur quotidien ? Certaines tournées sont plus rapides, en particulier sur le secteur Linkling-Val Marie, car l’économie est à l’arrêt (-50% de tonnage en moins). Du coup, les habitants du secteur doivent veiller à bien disposer leurs poubelles au soir, et non le jour même, au petit matin.
Autre constat : la baisse d’environ 10% du volume d’ordures ménagères, sensiblement pareil pour le tri. Et un temps de travail du coup réduit. Personne toutefois ne quitte le centre avant que la flotte de véhicules ne soit lavée et désinfectée. Leur engagement en ces temps anxiogènes sera gratifié par une prime versée en mai, a annoncé le président de la communauté d’agglomération. Une autre façon de leur dire merci.
Quid du nettoyage des rues ?
Tenant à préciser la raison pour laquelle il n’envisage pas pour l’heure le nettoyage des rues, Pierre Cuny, par ailleurs médecin, répète que, pour lui, « le faire maintenant n’a pas de sens. Thionville sera complètement nettoyée une semaine avant la sortie du confinement ». Et visiblement pas avec de l’eau additionnée de javel, nocive notamment à l’égard des animaux.
Emmanuel Correia (Le Républicain Lorrain)