Luxembourg : «Ne renoncez pas à une consultation par peur du Covid-19»

La ministre de la Santé, Paulette Lenert, a présenté lundi les contours d’une réorganisation du système de santé visant à assurer la continuité des soins pour l’ensemble de la population.

On a tendance à oublier en cette période de crise sanitaire que d’autres problèmes de santé peuvent se présenter à tout moment. «Il faut aussi bien assurer une prise en charge adéquate des patients atteints du Covid-19 que de tous ceux présentant d’autres pathologies», souligne la ministre de la Santé, Paulette Lenert. Afin de faire face à ces «nouveaux défis», le gouvernement a décidé avec le concours des acteurs du terrain une réorganisation du secteur des soins de santé.

Une gestion centrale du corps médical et du personnel des soins est désormais mise en place. L’objectif prioritaire dans cette restructuration, précise Paulette Lenert, reste d’assurer les traitements essentiels à la vie des citoyens. «Tout ce qui n’est pas absolument nécessaire est reporté, ça ne veut pas dire qu’il ne se passe plus rien. Le quotidien ne s’arrête pas.» La ministre a conscience de «l’énorme flexibilité» demandée, y compris pour les patients «qui doivent comprendre qu’on fonctionne différemment par rapport à d’habitude».

Ainsi, pour le patient, la téléconsultation médicale est «le principe qui prime». Il s’agit d’une «fonction filtre, pour éviter que les gens ne bougent de trop» et prennent des risques en sortant. La ministre a également rappelé la présence des quatre centres de soins avancés (CSA) déployés dans le pays (Luxexpo, Esch-Belval, Ettelbruck et Grevenmacher) pour dépister, prendre en charge et orienter les cas suspects potentiellement positifs au Covid-19. L’isolement à domicile demeure la règle privilégiée dans les cas légers, afin de ne pas engorger les établissements hospitaliers.

Une réquisition, y compris de la France, reste possible

Un système de «lignes de garde» est également mis en place, par le biais de listes séparées dédiées aux téléconsultations dans diverses spécialités (lire ci-contre). En cas de besoin, des visites à domicile peuvent être réalisées par ce contingent de médecins. La ministre de la Santé précise toutefois qu’il ne sera pas possible d’être dans tous les cas pris en charge par son médecin traitant.
La coordination nationale du secteur médical sera assurée par le Dr Alain Schmit, président de l’Association des médecins et médecins-dentistes (AMMD). Il sera intégré à la cellule de crise et sera en contact étroit avec les coordinateurs sectoriels pour les hôpitaux, les soins primaires et les maisons de soins.

Le Dr Schmit lance d’emblée un message à toutes les personnes se sentant mal : «Ne renoncez pas à une consultation par peur du Covid-19. Il faut éviter une aggravation de l’état de santé en raison d’une non-consultation. Les mesures de précaution nécessaires sont prises.» L’ensemble du personnel des soins est désormais équipé du matériel de protection nécessaire. «On a procédé à une importante distribution la semaine écoulée», indique la ministre.

Pour l’instant, la coopération sur le terrain serait à la hauteur des besoins, mais Paulette Lenert n’exclut pas de recourir à une réquisition du personnel de santé. Dans ce même contexte, la ministre de la Santé ne peut toujours pas exclure que les pays voisins du Luxembourg, et plus particulièrement la France, décrètent une réquisition de son personnel de santé, y compris ceux travaillant au Grand-Duché. «Je ne peux pas estimer le danger, mais on sait que les préparatifs allant dans ce sens sont en cours. Cela est aussi normal au vu des défis auxquels doit faire face le système de santé», note Paulette Lenert. Un appel pour constituer une réserve nationale au Luxembourg avait été lancé la semaine dernière. Plus de 8 000 professionnels de santé sont déjà inscrits sur le site dédié.

David Marques, avec Alexandra Parachini