Au centre de soins avancé installé à Luxexpo, une petite quarantaine de personnes, dont un grand nombre de volontaires, s’affairent pour prendre en charge la population.
Construit pour accueillir des salons et des foires, Luxexpo The Box s’est transformé en un centre de soins avancés pour faire face au coronavirus. Le but est simple : soulager la pression sur les hôpitaux, mais surtout éviter que des patients infectés par le Covid-19 ne se rendent dans des cabinets médicaux ou aux urgences et ne contaminent les structures de santé.
Avec ou sans prescription médicale, un patient peut se rendre dans un des quatre centres de soins avancés (CSA) pour se faire dépister. Le mieux étant de s’y rendre en cas de symptômes. Une fois dans le centre, plusieurs options s’offrent aux patients. Utiliser le «drive» pour se faire tester ou entrer dans Luxexpo où est installé le centre de soins avancé.
À l’intérieur, toutes les mesures de sécurité sont de mise. La température du patient est mesurée et il lui est fourni du gel hydroalcoolique. Puis il suit un parcours spécifique en fonction de ses symptômes. Dans ce parcours, le patient rencontrera bénévoles, infirmier(e)s, un médecin et même la possibilité de rencontrer un psychologue.
Des capacités largement suffisantes
«Le confinement peut être difficile. Notre rôle est aussi d’écouter et de rassurer les gens et pour cela, le psychologue est très utile. Arriver dans le centre et découvrir autant de personnel en blouse avec des masques et des lunettes de protection peut faire peur, c’est pour cela que nous accordons une attention particulière à l’accueil et au dialogue», explique Fabien Zuili, chef du centre au Kirchberg, pouvant compter sur son expérience en matière de situation de crise acquise dans ses précédentes formations au sein de l’armée française.
Ensuite, le patient est testé et recevra des instructions en fonction des résultats. S’il y a des complications, le patient est directement pris en charge et très vite transféré vers l’hôpital Kirchberg ou le CHL en fonction des places disponibles.
Depuis l’ouverture, les quatre centres de soins avancés ont vu passer près de 1 500 personnes. Pour le moment, les capacités des quatre structures (Luxexpo, Rockhal, Ettelbruck et Grevenmacher) sont largement suffisantes selon Pierre Hertz, responsable membre de la cellule de crise au ministère de la Santé et coordinateur des soins primaires, laboratoires, pharmacie et CSA.
«Je me suis inscrite lundi. Mardi, on m’a téléphoné»
«Vendredi, il y a eu 370 personnes qui se sont présentées sur l’ensemble des centres de soins avancés et 240 dimanche. Sur les 1 500 patients que nous avons vus, 37 ont été transférés à l’hôpital, mais pas uniquement à cause du Covid-19», assure Pierre Hertz. Ce dernier explique que la capacité maximale est de 2 592 patients par jour. «Nous avons jusqu’à 12 lignes de consultations au Kirchberg, 8 à Esch-sur-Alzette, 8 à Grevenmacher et 8 à Ettelbruck. Nous pouvons donc consulter jusqu’à 36 patients en même temps. Un médecin prend en moyenne 10 minutes par patient. Sur une journée de 12 heures, on peut donc consulter jusqu’à 2 592 patients. Évidemment, c’est le cas de figure maximal, car il faut aussi le personnel qui va avec. De plus, au Kirchberg et à Esch, nous avons la surface pour accroître le nombre de lignes s’il le faut», rassure Pierre Hertz, qui vient de mettre le doigt sur le cœur des centres de soins avancés, le personnel.
Les volontaires sont en effet une aide précieuse pour les centres de soins avancés qui comptent une centaine de personnes ayant décidé de donner de leur temps. C’est le cas de Catia, étudiante en sciences de l’éducation à Vienne, qui donne un coup de main à la logistique. «Ma maman travaille au ministère de la Santé, et j’ai entendu qu’il fallait des volontaires. Cela tombe bien, car pour le moment il n’y a pas cours. Je préfère être ici que de rester à la maison. En plus, l’équipe est bonne, nous sommes nombreux et l’ambiance est bonne malgré la situation», souligne-t-elle avant d’expliquer son embauche : «Cela a été très vite. Je me suis inscrite lundi. Mardi, on m’a téléphoné et mercredi j’ai commencé ici au Kirchberg. Ce fut assez rapide.»
«Mieux que de rester à la maison»
Le parcours est quasiment identique pour la plupart des volontaires, qui ne sont pas tous étudiants. C’est le cas de Fred, pilote de ligne chez Luxair. «J’ai vu l’appel du gouvernement sur les réseaux sociaux. Je suis allé sur le site internet GovJobs. J’ai regardé s’ils avaient besoin de personnes n’ayant pas de compétences dans la santé et j’ai vu qu’ils avaient besoin d’agents administratifs. J’ai postulé puisque je suis cloué au sol au moins jusqu’au 19 avril», explique Fred avant d’ajouter : «J’ai des amis qui travaillent dans le secteur médical et de la santé. J’ai vu qu’ils étaient en train de faire tout ce qu’ils peuvent pour aider les patients. J’ai décidé de faire pareil. C’est mieux d’être là où je peux donner un coup de main que de rester à la maison.»
Habitué à la pression en raison de son métier de pilote d’avion, Fred assure qu’il y avait pas mal de pression au commencement : «Au début, j’ai ressenti quand même un peu de pression, on était en train de mettre les choses en place, c’était nouveau. Maintenant, la situation est plus calme, on voit qu’il y a des procédures en place et qui fonctionnent. Tout le monde fait son travail correctement et tout fonctionne bien.»
Une centaine de volontaires pour faire tourner les quatre centres
Pour Brian et André, deux fonctionnaires du ministère de la Santé, c’est davantage une réaffectation provisoire : «Nous sommes normalement en charge de faire des contrôles alimentaires. Évidemment, comme nous n’avons plus la possibilité de faire notre travail, on nous a demandé si on voulait bien venir aider au centre de soins avancé. On a accepté», soulignent les deux jeunes fonctionnaires.
Pour faire tourner les quatre centres de soins avancés, il faut une centaine de volontaires pour remplir tous les postes. «À cette centaine de volontaires, il faut ajouter 4 permanents par centre, donc 16 personnes, plus 4 personnes qui s’occupent de la logistique et des ressources humaines. On arrive déjà à 130 personnes et il faut encore ajouter les équipes du ministère de la Santé qui s’assurent de la bonne coordination de l’ensemble, en plus du personnel dédié à la logistique», explique Pierre Hertz. Globalement, il faut donc environ 140 personnes pour faire fonctionner actuellement les quatre sites.
D’autres volontaires sont toujours les bienvenus
Est-il donc encore nécessaire que d’autres personnes se portent volontaires? «Oui toujours, car on ne connaît pas l’augmentation de l’activité des centres et nous ne sommes pas à l’abri que nos volontaires tombent malades ou soient fatigués à force d’être sollicités. Donc on préfère en avoir trop que de ne pas en avoir assez et être dans une situation compliquée», explique Pierre Hertz.
Là aussi, toutes les mesures sont prises afin d’assurer la sécurité du personnel. Les volontaires ont une entrée spécifique. Prise de température et lavage de mains obligatoire avant de s’engouffrer dans une tente pour se changer et enfiler blouses, masques, lunettes, gants, charlottes et protège-pieds. «Sans le personnel, il n’y a pas de centres de soins avancés. La sécurité est donc primordiale», assure encore Pierre Hertz.
Enfin, si les centres de soins avancés fonctionnent, le niveau d’équipement, en masque et divers vêtements de protection, semble pour l’instant suffisant. «Pour le moment, nos stocks sont corrects. Nous n’avons pas à nous plaindre et je crois savoir que des commandes, pas uniquement pour les centres de soins avancés, sont en cours. Donc, sur ce point aussi, c’est rassurant», termine Pierre Hertz.
Jeremy Zabatta
Des centres de soins ouverts à tous les affiliés à la CNS
L’accès à un centre de soins avancés est entièrement gratuit pour toutes les personnes affiliées à la CNS. Il faut donc se munir de sa carte CNS et de sa carte d’identité. Les quatre centres, situés au Kirchberg, à Esch-Belval, Ettelbruck et Grevenmacher, sont ouverts aux résidents comme aux frontaliers de 8 h à 20 h pour le moment, week-end compris.
Les quatre centres de soins avancés sont des centres de traitements ambulatoires pour une première prise en charge dans le cadre du Covid-19. Pour autant, les centres ne remplacent pas les urgences, mais ils évitent aux personnes ayant des symptômes (toux, fièvres, diarrhées, perte d’odorat et du goût…) de propager le virus en se rendant directement aux urgences ou dans un cabinet médical.
En cas de doute, le 112 est toujours disponible pour aiguiller les gens vers les services et les structures les plus appropriés en fonction des symptômes de chaque personne. Quatre centres dans le pays