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Coronavirus : ArcelorMittal veut redémarrer mercredi, 5 cas et 60 suspicions


ArcelorMittal : l’usine à froid sur le site de Sainte-Agathe, à Florange (Photo Le Républicain lorrain/Pierre Heckler)

La direction présentait ce matin les mesures de protection des salariés qui devaient permettre un redémarrage du site d’ArcelorMittal à Florange à l’arrêt depuis jeudi 19 mars. Les syndicats se sont en majorité opposés à la levée du droit d’alerte pour danger grave et imminent déposé mais la direction veut reprendre mercredi.

La tension ne redescend pas chez ArcelorMittal à Florange. Alors que la direction tente de faire redémarrer l’usine lorraine avec une partie de ses 2 200 salariés sur site et une autre en télétravail, une majorité des représentants du personnel estiment que les conditions ne sont pas réunies pour une relance des installations à l’arrêt depuis jeudi.

La CGT, FO, UNSA et la CFDT ont voté contre ce mardi matin la levée du droit d’alerte pour danger grave et imminent (DGI) déposé par la CGT vendredi 20 mars. La CGC s’est abstenue. À la fin de la réunion, la direction a maintenu sa volonté de relancer l’activité partielle sur le site et notamment le packaging et le train à chaud.

Droit d’alerte pour danger grave et imminent

L’émotion est grande ce mardi parmi les salariés d’ArcelorMittal. Le dossier est désormais entre les mains de la Direccte, qui devra donner son avis sur la situation de danger grave et imminent. Vendredi 20, la CGT avait déposé un droit d’alerte pour danger grave et imminent auprès de l’inspection du travail pour bloquer toute reprise de la production.

Ces dernières heures, le contexte sanitaire a d’ailleurs changé dans l’est de la France avec une explosion du nombre de morts samedi et dimanche.

Chantage à l’emploi

Ce mardi 24 mars, la direction a répondu depuis 8 h 30 aux interpellations des représentants du personnel sur les garanties sanitaires apportées par ArcelorMittal. «Depuis lundi, on sent bien que le chantage à l’emploi a commencé dans l’entreprise. ArcelorMittal veut à tout prix relancer Florange parce que son activité conditionne celle d’autres sites. Et on nous menace en nous disant que certaines activités ne repartiront pas après la crise du coronavirus si nous n’acceptons pas de travailler maintenant», regrette une source interne.

Un agent de production en réanimation

Mercredi 18 mars, au terme de plusieurs de jours de bras de fer et d’une valse-hésitation de la direction, le site et ses 2 200 salariés avaient été mis en pause jusqu’au lundi 23 mars. Jusqu’alors, le géant de l’acier s’obstinait à vouloir faire tourner ses installations «normalement», malgré la crise du coronavirus et des clients, notamment dans l’automobile, qui fermaient les uns après les autres.

Vendredi 20, les discussions se sont poursuivies dans un climat d’inquiétude grandissant sur place. Un des déclics au sein du personnel a été l’admission en réanimation d’un agent de production de 35-40 ans, employé sur une ligne d’étamage (application d’étain anticorrosion pour les boîtes de conserve), contaminé par le coronavirus.

60 suspicions de coronavirus

C’était officiellement le 2e agent atteint par le virus après un salarié des Grands Bureaux une semaine plus tôt. Depuis, selon nos informations, de nombreux autres salariés ont été contaminés mais la direction de la communication se refuse à donner des informations sur l’état de santé de son personnel. Selon France 3 Lorraine, 11 salariés seraient malades. Au cours de la réunion, la direction a confirmé 5 cas et 60 suspicions de contamination placés en quatorzaine.

«[L’agent de production] est toujours en réanimation, dans un état stable», indiquait vendredi une source interne. L’angoisse montait dans la perspective d’une relance partielle de l’activité du site mosellan dans quelques jours. De nombreux salariés se sont ainsi mis en arrêt maladie ; plusieurs syndicats dont la CGT, FO et la CFDT, exigent les précautions maximales et une production réduite au minimum.

Alain Morvan (Le Républicain lorrain)