Édouard Philippe répondait mardi soir aux questions posées par des journalistes et des Français sur France 2 : le confinement, les contrôles aux frontières, les hôpitaux submergés, nationalisation… ont été évoqués.
« Nous demandons aux Français de rester chez eux, pour se protéger, protéger les autres et aider les soignants à faire face à la montée de l’épidémie », a expliqué en substance le premier ministre français, qui a poursuivi : « Nous devons respecter très strictement les consignes si nous voulons qu’elles aient l’effet recherché : le ralentissement de la circulation du virus. »
L’objectif ? « Faire en sorte que ce combat soit gagné », loin des « polémiques ».
Édouard Philippe a évoqué le document nécessaire pour sortir de chez soi : « Dans le cadre des déplacements domicile-travail, un seul document suffit, il fera foi pour toute la durée du confinement. Pour les autres hypothèses, comme faire ses courses, il faut le remplir à chaque fois. »
Sur la question d’une téléspectatrice qui voudrait se rendre à l’enterrement d’un ami : « Ce que je vais dire est terrible, mais nous devons dire non. Même dans ces circonstances, nous ne devons pas déroger à la règle. »
Réponses aux critiques
Quant au maintien du premier tour des municipales, vivement critiqué, le Premier ministre indique qu’il est « parfaitement assumé, sur des motifs scientifiques ». « On ne peut pas, lorsqu’on est un responsable politique dans une démocratie, décider seul la veille ou trois jours avant une élection d’interrompre un processus démocratique », a-t-il ajouté.
« Si nous n’avions pas pris au sérieux cet événement sanitaire, je n’aurais pas organisé une réunion dès le mois de janvier » et « pris des décisions lourdes », a fait valoir le chef du gouvernement. « Il y a quelques mois, il y a des gens qui disaient vous en faites trop ou vous n’en faites pas assez. Dans quelques mois, certains diront : il aurait fallu faire autrement. Ces polémiques, je les connais, je les assume », a-t-il ajouté.
Les contrôles aux frontières? « pas illégitimes » dans une période de confinement.
Des nationalisations éventuelles
Quant à la situation économique, que peut l’État ? « interdire de licencier, je ne crois pas que nous en arrivions là. Mais il n’a pas exclu des nationalisations pour faire face à la crise du coronavirus, assurant que pour la compagnie aérienne Air France, l’État était prêt à « prendre ses responsabilités en tant qu’actionnaire ».
« Nous serons là, le président de la République l’a dit » pour « que notre compagnie nationale puisse franchir cette crise », a-t-il affirmé sur France 2, quelques heures après que le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a affirmé que « tous les moyens » seraient utilisés « pour protéger les grandes entreprises françaises », y compris des opérations de « nationalisation si nécessaire ».
L’accueil des ressortissants britanniques
La France « aurait du mal à accepter sur (son) territoire des ressortissants britanniques » sans mesure de confinement de leur gouvernement pour lutter contre le coronavirus. « Il faut que tout le monde à l’intérieur de l’Union européenne adopte des méthodes et processus pour lutter contre l’épidémie qui soient cohérents », comme en Italie, en France et en Espagne, a déclaré Édouard Philippe.
« Il va sans dire que si des États voisins (comme le) Royaume-Uni restaient trop longtemps » sans procéder à ces mesures de « confinement », « alors nous aurions du mal à accepter sur notre territoire des ressortissants britanniques qui circuleraient librement dans leur pays et qui viendraient en France », a-t-il ajouté.
Londres n’a pour l’instant pas adopté des mesures aussi drastiques que les trois pays évoqués par Edouard Philippe, ne décidant ni la fermeture des écoles, restaurants ou salles de spectacles, ni l’interdiction formelle des rassemblements.
LQ/AFP