Economies en sursis, frontières fermées, confinement général, élections reportées: la pandémie liée au nouveau coronavirus, qui a désormais fait plus de 7000 morts, pèse de plus en plus lourd et désorganisait mardi l’ensemble de la planète.
En Europe, nouvel épicentre de la maladie détectée en décembre en Chine, la France et ses 67 millions d’habitants ont entamé à la mi-journée un confinement général après l’Italie et l’Espagne. « Nous sommes en guerre » contre le virus, avait martelé la veille Emmanuel Macron à la nation.
Lundi soir, de nombreux Parisiens ont quitté la capitale, anticipant des mesures plus drastiques pour aller vivre ce confinement à la campagne. Véhicules chargés à bloc, queues aux stations-service: dans une ambiance d’exode, les bouchons à la sortie de la capitale étaient dignes d’un départ en vacances.
« Etre confinés à deux dans 24m² sans avoir accès à la nature ou aux parcs, c’est intenable », assurait une consultante en management qui a pris le dernier train Paris-Bordeaux de la soirée pour se rendre chez sa mère. 100.000 policiers et gendarmes sont déployés pour faire respecter ces règles.
A Paris, le quartier touristique de Montmartre était quasiment désert, à l’exception de quelques joggeurs ou de gens qui promenant leur chien. Dans un supermarché du 16e arrondissement de la capitale, les rayons de pâtes, riz, papier toilette et mouchoirs ont été totalement dévalisés. « C’est de la folie » , soupire un chef de rayon, qui préfère garder l’anonymat.
Comme dans la plupart des pays, les craintes grandissent de voir les hôpitaux débordés et manquer de matériel.
L’Europe fermait à la mi-journée toutes ses frontières extérieures pour trente jours. Les 27 dirigeants de l’Union européenne se retrouvent mardi en sommet extraordinaire par visioconférence.
La « guerre » au virus se déroule aussi sur le terrain de l’économie. Gouvernements et banques centrales montent au créneau pour soutenir les marchés ainsi que les entreprises –et leurs salariés.
Paris se dit prêt à recourir à des nationalisations « si nécessaire » et prévoit désormais une entrée en récession de son économie. Rome a décidé de nationaliser la compagnie aérienne Alitalia en grande difficulté.
La France a annoncé une aide de 45 milliards d’euros pour les entreprises et les salariés. La Nouvelle-Zélande compte dépenser 6,5 milliards d’euros, le Brésil 26 milliards d’euros.
Lundi, Donald Trump a pour la première fois jugé « possible » une récession aux Etats-Unis lors d’une réunion par visioconférence du G7 qui s’est dit déterminé à faire « tout ce qui est nécessaire » pour restaurer la croissance mondiale.
La vie politique est également frappée. Aux Etats-Unis, la primaire démocrate de l’Ohio pour l’élection présidentielle a été suspendue lundi soir et plusieurs Etats ont reporté leurs scrutins à mai et juin.
En France, où le gouvernement avait été critiqué pour avoir maintenu dimanche le premier tour des élections municipales, le second tour a été reporté.
Les métropoles mondiales ferment restaurants, bars, discothèques et cinémas. Ecoles, universités, musées gardent portes closes, les annulations d’événements se multiplient. L’Europe du foot planche sur un report historique de l’Euro-2020 de juin-juillet et les festivités autour du relais de la flamme olympique au Japon, à partir du 26 mars, ont été réduites.
Des activités se déportent sur l’internet et le commerce en ligne voit les commandes affluer. Amazon va augmenter les salaires des employés des entrepôts dans le monde et recruter 100.000 personnes aux Etats-Unis.
Le virus sévit à présent jusqu’au Groenland où un premier cas a été déclaré lundi.
Dans le monde, la maladie Covid-19 a tué au moins 7.063 personnes, avec plus de 180.090 cas d’infection, selon un bilan établi par l’AFP à 09H00 GMT à partir de sources officielles. Mais de très nombreux pays ne testent plus désormais que les cas nécessitant une prise en charge hospitalière.
Il y a désormais plus de décès recensés ailleurs dans le monde qu’en Chine continentale (respectivement 3.837 et 3226), point de départ de la pandémie.
Les pays les plus touchés après la Chine sont l’Italie avec 2.158 morts pour 27.980 cas, l’Iran avec 853 morts (14.991 cas), l’Espagne avec 309 morts (9.191 cas), et la France avec 148 morts (6.633 cas).
L’Italie n’a pas « encore atteint le pic » de contagion, a averti son Premier ministre.
En Espagne, le gouvernement a prévenu que le confinement de la population risquait de durer. En Allemagne, les habitants sont appelés à « rester à la maison » et à renoncer aux vacances.
En Grande-Bretagne, où la réponse jugée trop timorée par des scientifiques tranche avec les mesures radicales des pays voisins, le gouvernement a finalement recommandé public d’éviter tout « contact social » et déplacement « non essentiel ».
En Pologne, le gouvernement est en quarantaine après le test positif d’un ministre.
La Chine a affirmé la semaine dernière avoir « pratiquement jugulé » le virus et s’inquiète dorénavant des contaminations importées (143 cas). A Pékin, les arrivants de l’étranger sont désormais placés en quarantaine obligatoire de 14 jours.
Par ailleurs, la Chine s’est dite « fortement indignée » par un tweet la veille de Donald Trump évoquant un « virus chinois » en référence au nouveau coronavirus.
Aux Etats-Unis, un premier essai clinique est en cours pour un vaccin, ainsi qu’en Russie selon les autorités.
Le Brésil a vu des centaines de prisonniers en semi-liberté s’évader dans l’Etat de Sao Paulo, le plus peuplé du pays, après la suspension des sorties temporaires pour lutter contre le virus.
LQ / AFP