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L’homme aux 15 briquets écope de 4 ans de prison ferme


En quelques heures, deux véhicules étaient partis en fumée à Esch. (archives DR)

Jeudi, le quinquagénaire a été reconnu coupable d’avoir mis le feu à une voiture et une moto à Esch en 2018.

Au printemps 2018, en l’espace de 24 heures, deux véhicules étaient partis en fumée à Esch-sur-Alzette. Le 31 mars, vers 1h30, les flammes avaient jailli sur plusieurs mètres de hauteur. La résidence jouxtant la moto en feu, rue de Belvaux, avait dû être évacuée. Dix personnes étaient à l’intérieur. Le 1er avril, toujours la nuit, c’est une Seat Ibiza qui était en proie aux flammes, place Benelux.

Jeudi après-midi, la 13e chambre criminelle a condamné le quinquagénaire poursuivi pour ces deux incendies à quatre ans de prison ferme. Vu son antécédent, plus aucun sursis n’était possible. José P. (56 ans) n’est pas un inconnu des autorités. En 2016 déjà, il avait été condamné (30 mois avec sursis intégral) pour avoir mis le feu deux ans plus tôt à un camion dans la Grand-Rue, à Esch.

Lors de son arrestation le 5 avril 2018, le quinquagénaire avait 15 briquets dans son sac à dos. Grâce à la caméra de vidéosurveillance d’une pharmacie, la police avait vite pu identifier le suspect. Face aux juges, le prévenu avait uniquement reconnu le fait concernant la voiture. Mais ce n’est pas pour autant qu’il y aurait mis volontairement le feu. D’après ses explications, c’était un accident : lors de sa promenade, il aurait pris un torchon pour essuyer des gouttes de sang sortant de son nez. Sans arrière-pensée, il aurait ensuite emballé son mégot dans ce torchon avant de le jeter…

Problème : si l’on suit la vidéosurveillance, tout cela a eu lieu en 19 secondes. «Cela peut toutefois suffire pour aller jusqu’à la voiture, allumer le tissu avec l’un des 15 briquets, puis le jeter», avait observé la présidente lors du procès. Ce n’est pas le seul élément qui avait attisé les soupçons sur José P. Le morceau de tissu saisi près de la voiture carbonisée comportait des traces d’essence (hydrocarbure).

Qualifié de pyromane par l’expert

En raison de son antécédent judiciaire, l’expert psychiatre avait qualifié le quinquagénaire de pyromane. «Les pyromanes aiment voir jaillir les flammes», avait-il soulevé, notant la proximité géographique de son domicile.

Outre la peine de prison, José P. a été condamné à indemniser trois parties civiles. Les propriétaires de la moto et de la voiture se voient respectivement allouer 1 000 euros et 2 500 euros ainsi qu’une indemnité de procédure de 250 euros. L’assurance de l’immeuble dont la façade, un revêtement du sol de la cour et un tuyau avaient été touchés doit recevoir 24 557 euros. À cela s’ajoute une indemnité de procédure de 250 euros.

Le quinquagénaire, qui se trouve en détention préventive depuis son arrestation, a 40 jours pour interjeter appel.

Fabienne Armborst