[Festival] Le Zeltik aligne son All-Star Game

Mardi, le Zeltik a dévoilé la programmation de sa 23e édition. Comme à son habitude, le festival promet d’enflammer la Forge du Sud les soirs des 6 et 7 mars prochains.

Les années passent, se ressemblent, parfois, mais jamais l’énergie du Zeltik ne s’épuise. Le festival de musique celtique de Dudelange, une institution bien implantée depuis plus de deux décennies, a dévoilé mardi, en présence, notamment, du programmateur John Rech et du bourgmestre de Dudelange, Dan Biancalana, le line-up complet de sa prochaine édition: près de dix heures de musique réparties sur deux jours, les vendredi 6 et samedi 7 mars.

De la musique irlandaise au punk folk italien

D’un simple coup d’œil, on repère dans la programmation des noms déjà bien connus du public dudelangeois, comme les Écossais de Red Hot Chilli Pipers, qui, non contents d’avoir le plus cool des noms de groupe, occuperont une fois de plus la tête d’affiche du festival avec deux concerts. S’ils sont attendus pour le grand final du samedi soir qui promet d’être explosif, on est curieux de voir et d’entendre leur mariage d’un soir en l’église Saint-Martin avec l’organiste luxembourgeois Laurent Felten, qui avait déjà donné un concert avec le flûtiste galicien Carlos Nuñez lors de l’édition 2019.

Le succès des Écossais, de même que celui des Franco-Britanniques du Celtic Social Club, collectif déjà passé lui aussi par le Zeltik, enchante John Rech, qui peut compter parmi les nouveaux venus les Italiens hardis de Modena City Ramblers et leur «combat folk» comme une réponse transalpine à The Pogues pour enrichir le programme: «On n’est pas en pays celtique. On en est même très loin (…) donc on essaie constamment d’amener de nouvelles têtes d’affiche.» Et le Zeltik de frapper un grand coup avec le groupe d’Émilie-Romagne au million d’albums vendus et qui avait déjà électrisé le Grand-Duché avec deux concerts à la Kulturfabrik en 2015 et 2016.

Et si les Italiens vont fouler la scène dudelangeoise pour la première fois, leur réputation les amène en terrain déjà conquis. Ce qui n’est pas (encore) le cas, en revanche, de Billow Wood et The Young Folk qui, chacun à leur manière, insufflent de la modernité à la musique folklorique de l’île d’Émeraude. Les premiers, de Ballina (ouest de l’Irlande), appuient le côté pop, tandis que les seconds, de Dublin, jouent sur les ambiances planantes du songwriting et de l’indie folk qui ont dépassé depuis bien longtemps les frontières irlandaises. À les écouter, on pense à Bon Iver, Iron & Wine, Ages & Ages… Autrement dit, la qualité est au rendez-vous et les petits nouveaux ont tout pour devenir de futurs grands.

Les incontournables luxembourgeois

Que serait le Zeltik sans ses groupes du cru? En vingt-trois ans de vie s’est développée une émulation mutuelle entre le festival et les amateurs de musique celtique, et le Zeltik ne serait pas ce qu’il est sans un set des Schëppe Siwen et du Luxembourg Pipe Band. «Il y a ce côté local qui fait que l’on a un certain attachement envers ces groupes», explique John Rech. «Toutefois, on leur offre un autre contexte que dans les autres festivals où ils sont invités. Là-bas, généralement, ce sont des ovnis, alors qu’ici ils sont chez eux, et c’est donc souvent un public étranger qui les découvre.» Ovnis ou pas, au Zeltik, où toutes les raisons sont bonnes pour faire la fête, on peut compter sans détour sur les musiciens du Grand-Duché.

Le Zeltik a une place à part dans le cœur de son organisateur, qui l’a vu naître et évoluer en même temps que de nouveaux publics, et lorsqu’il en parle, sa tendresse est telle qu’elle en devient palpable : «L’engouement pour la musique celtique comme dans les années 1990 a disparu», observe John Rech, qui est également le directeur du centre culturel Opderschmelz. «Mais c’est aussi pour ça qu’il est intéressant d’observer que le festival n’est pas mort, au contraire de beaucoup de festivals de musique celtique dans la Grande Région. On continue de résister, comme un fameux petit village… celtique!» Et puisque beaucoup des groupes invités par le Zeltik prônent, eux aussi, la résistance, on ne saurait quoi lui souhaiter de mieux.

Valentin Maniglia