Des écoles, commerces et routes du sud d’Israël sont fermés lundi après des frappes meurtrières de l’armée israélienne contre le Jihad islamique en Syrie et à Gaza, d’où ce mouvement a lancé la veille des salves de roquettes sur l’État hébreu.
Ces nouvelles tensions entre Israël et le Jihad islamique, un mouvement armé jugé proche de l’Iran, interviennent à une semaine des élections législatives cruciales pour la survie du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. De manière préventive, quelque 65 000 élèves ont été sommés de rester à la maison lundi matin dans des villes israéliennes jouxtant la bande de Gaza, les trains ont été annulés entre les villes d’Ashkelon et Beersheva, et plusieurs routes sont fermées dans le sud du pays.
Au cours de la nuit, l’aviation israélienne a revendiqué une série de frappes aériennes contre des « positions » du Jihad islamique en Syrie et dans la bande de Gaza après des tirs de roquettes par ce groupe depuis cette enclave. « En représailles, des avions de combat de l’armée israélienne ont bombardé des cibles du Jihad islamique au sud de Damas », a indiqué l’armée israélienne. Six combattants, dont deux du Jihad islamique, ont été tués dans ces frappes près de la capitale syrienne, a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’Homme.
Attaques et représailles
Le Jihad islamique a lui-même annoncé dans la nuit la mort de deux de ses hommes en Syrie, identifiés comme Zyad Ahmed Mansour et Salim Ahmed Salim, âgés respectivement de 23 et 24 ans. Les forces israéliennes sont souvent accusées par Damas de mener des frappes dans la Syrie voisine, mais elles revendiquent rarement des bombardements dans ce pays, qu’elles accusent d’héberger des éléments qui lui sont hostiles comme le Hezbollah libanais, la Forces iranienne Qods et le Jihad islamique.
Israël avait mené en novembre dernier une opération éclair contre le Jihad islamique dans la bande de Gaza qui avait fait une trentaine de morts dont neuf membres d’une famille palestinienne sans lien avec le groupe armé. L’armée avait alors abattu un commandant du Jihad, Baha Abou al-Ata, qu’elle jugeait responsable de nombreux tirs de roquettes contre Israël dont l’un en direction d’un meeting de Netanyahu. En représailles, le Jihad islamique avait lancé des centaines de roquettes vers Israël qui avait répliqué par des bombardements aériens mais en évitant toutefois de frapper les positions du Hamas pour ne pas mettre en péril une trêve fragile avec ce mouvement islamiste.
Monnaie d’échange
Le Hamas, qui contrôle depuis 2007 la bande de Gaza, une enclave palestinienne de deux millions d’habitants sous blocus israélien, a livré trois guerres à Israël. Mais ce mouvement bénéficie depuis près d’un an de cette trêve avec l’État hébreu contrairement au Jihad islamique, deuxième plus important groupe islamiste armé de Gaza. Dimanche matin, l’armée israélienne avait ouvert le feu sur deux membres du Jihad islamique qui « tentaient de placer un engin explosif à proximité » de la barrière séparant Israël de Gaza. « Un bulldozer de l’armée a récupéré le corps de l’un des assaillants », tué par les forces israéliennes, a précisé une porte-parole de l’armée. Selon des journalistes sur place, des Palestiniens se sont approchés pour tenter de récupérer la dépouille de l’homme avant qu’un bulldozer israélien ne ramasse le corps et retourne en direction de la barrière frontalière.
Israël garde les corps de Palestiniens pour s’en servir comme monnaie d’échange avec le Hamas, qui détient aussi des dépouilles d’Israéliens. Une vidéo de l’incident, authentifiée, a circulé en boucle dimanche sur les réseaux sociaux palestiniens. Pour « venger » la mort de son « martyr », le Jihad islamique a lancé une vingtaine de roquettes vers Israël, dont la plupart ont été interceptées par le bouclier antimissile Dôme de fer. Ces tirs n’ont pas fait de blessés sur le sol israélien, mais cela a provoqué les bombardements de l’armée israélienne contre le groupe palestinien à Gaza et en Syrie.
LQ/AFP