Le gouvernement allemand a décidé, mercredi, d’instaurer un minimum vieillesse pour les plus pauvres, un sujet qui a longtemps menacé l’avenir de la coalition d’Angela Merkel entre conservateurs et sociaux-démocrates.
À partir de l’année prochaine, environ 1,3 million de retraités percevant de faibles pensions vont ainsi recevoir un supplément, une mesure qui coûtera 1,3 milliard d’euros par an, selon le projet de loi adopté en Conseil des ministres. « La création de cette retraite minimum va contribuer à davantage de justice sociale dans notre pays », a estimé le ministre social-démocrate du Travail, Hubertus Heil, qui portait ce projet.
Ce minimum vieillesse profitera « surtout aux femmes », qui représentent environ 70% des personnes appelées à bénéficier du relèvement, notamment dans le secteur des services peu rémunérés, comme la gastronomie. Et le coup de pouce bénéficiera « surtout à l’est du pays », l’ancienne RDA communiste où le pouvoir d’achat moyen de la population reste inférieur à celui de l’ouest du pays, nourrissant une frustration qui profite particulièrement à l’extrême droite sur le plan politique. Cette dernière y a ses principaux fiefs.
Selon le ministère du Travail, une coiffeuse ayant cotisé 40 ans au niveau du salaire minimum devrait ainsi voir sa retraite passer de 512 euros aujourd’hui à 960 euros par mois. Les conservateurs d’Angela Merkel ont longtemps bloqué cette réforme dont les sociaux-démocrates du SPD avaient fait une priorité du mandat, allant même jusqu’à menacer de quitter la coalition l’an dernier faute d’accord.
La fin des pensions inférieures à l’aide sociale
Le SPD est en chute libre dans les sondages et espère remonter la pente en se donnant un profil plus à gauche. Le parti a récemment élu un duo de présidents sur cette ligne. Les conservateurs CDU et CSU voulaient au départ conditionner le relèvement de la retraite au patrimoine total des pensionnés, ce que refusaient les sociaux-démocrates. Au final, les deux camps se sont mis d’accord pour qu’il dépende du seul niveau de revenu des personnes concernées. Le coup de pouce sera versé intégralement aux retraités ayant cotisé au moins 33 années et percevant une pension ne dépassant pas 1 250 euros, le plafond montant à 1 950 euros pour un couple.
L’idée de la réforme est née du constat que certains retraités pauvres en Allemagne se retrouvaient, malgré une vie entière de labeur, avec une pension inférieure ou égale à l’aide sociale. Les syndicats et associations caritatives ont salué le geste, mais l’ont jugé insuffisant.
LQ/AFP