Mamer : ils marchent et ramassent les déchets

Le 29 février, l’ASBL Pickitup va fêter son premier anniversaire. Didier Picard, un des cofondateurs de l’association, raconte cette première année d’existence.

Tout a commencé par un défi personnel. «L’année dernière, j’avais un problème de hernie aux cervicales à force d’être sédentaire, raconte Didier Picard, un graphiste de 44 ans, résidant à Mamer. Le médecin m’a obligé à aller marcher, comme on dit dans ces cas-là, 10 000 pas par jour. Alors, pendant mes pauses déjeuner, je suis sorti de mon bureau de Leudelange pour me balader dans les environs. Mais j’ai été choqué par les déchets que je rencontrais sur mon chemin.» Didier Picard se lance alors un défi : ramasser tous les déchets qu’il croise sur son chemin pendant un mois. Et il en parle sur les réseaux sociaux. «Comme ça, je me suis senti obligé de continuer et d’être assidu à la tâche», souligne Didier Picard, qui n’a «pas attendu ce challenge pour avoir la fibre environnementale». Au final, au 31 mars 2019, il a parcouru 40 kilomètres en 930 minutes et ramassé 137 kilogrammes de déchets, qu’il a «ramenés au centre de tri de Mamer, à Kehlen, où les déchets ont été triés». Et il a surtout trouvé des canettes et autres bouteilles, mais aussi des choses plus étonnantes : «Je suis tombé sur un gros sex-toy au bord d’une route, du cannabis dans un parc de la Ville… Mais au Luxembourg, on trouve moins de gros appareils ménagers comme des fours ou des frigos que dans les pays voisins.»

«Je ne pouvais pas m’arrêter là»

Son action a aussi eu un petit retentissement à travers tout le pays. «Mon action a fait le buzz, beaucoup de personnes m’ont suivi sur Facebook, j’ai eu de nombreux commentaires positifs et certains médias ont relaté mon challenge, indique-t-il. J’ai également eu des propositions de collaboration. Je ne pouvais pas m’arrêter là.» Alors Didier Picard fonde avec deux autres personnes l’ASBL Pickitup Luxembourg.
Aujourd’hui, l’association a fait son chemin et compte quelque 1 000 followers et 500 pickies, à savoir «des gens qui se sont retrouvés dans le message et le groupe». Elle a aussi et surtout organisé plusieurs événements. «Ma compagne est institutrice dans une école fondamentale au Kirchberg et m’a demandé d’intervenir dans sa classe quand elle a abordé le thème de l’environnement, confie le graphiste de 44 ans. On a discuté et on est allés sur le terrain. Puis le bouche-à-oreille a fonctionné et je suis intervenu dans d’autres établissements scolaires. Les jeunes sont en demande et il y a un vrai débat qui s’installe. Ils sont surtout en demande d’aller sur le terrain, alors on va à chaque fois autour de leur établissement pour ramasser les déchets qui s’y trouvent. Et ils prennent conscience des choses.» L’ASBL Pickitup intervient aussi dans les entreprises. «On organise aussi des « plogging », une sorte de jogging avec un sachet poubelle pour ramasser les déchets qu’on croise, détaille Didier Picard. Cette pratique a vu le jour en Suède il y a huit ans et nous n’avons fait que l’importer au Luxembourg.»
Didier Picard souligne qu’il n’a «pas vocation à nettoyer tout le pays, mais à sensibiliser au problème. Mon initiative est citoyenne et tout le monde peut faire ce que je fais et devrait le faire et doit le faire en jetant ses déchets directement à la poubelle et en les triant.»

Guillaume Chassaing