Le bilan de l’épidémie du nouveau coronavirus a dépassé mercredi les 1 100 morts, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) disant redouter une « très grave menace » pour la planète, même si le nombre journalier de nouvelles contaminations diminue.
Jusqu’à présent, 99,9% des décès enregistrés dans le monde l’ont été en Chine continentale (hors Hong Kong et Macao), où est apparue la maladie en décembre dans la grande ville de Wuhan (centre). Le virus, désormais officiellement appelé par l’OMS « Covid-19 » – et non plus « 2019-nCoV », le nom adopté à titre provisoire – y a provoqué la mort de 1 113 personnes, selon les autorités sanitaires chinoises. Un total de 44 653 personnes contaminées ont désormais été répertoriées en Chine continentale.
Signe encourageant toutefois : le nombre de nouveaux cas quotidiens rapporté mercredi (2.015) a sensiblement diminué par rapport à mardi (2.478) et lundi (3.062), selon la Commission nationale de la santé. Et le nombre de nouveaux morts (97) constitue la première baisse journalière depuis le 2 février. Pékin avait fait état de 108 morts la veille. Zhong Nanshan, un scientifique chinois de premier plan, vétéran de la lutte contre le virus du Sras dans le pays (2002-2003), a ainsi estimé que l’épidémie devrait connaître un pic « d’ici la mi- ou fin-février ». Un optimisme prudent partagé par l’OMS. Son directeur général Tedros Adhanom Ghebreyesus avait certes déclaré mardi à Genève que le coronavirus pouvait constituer « une très grave menace » en dehors de Chine continentale, plus de 400 cas ayant été confirmés dans une trentaine de pays et territoires. Mais « si nous investissons maintenant, (…) nous avons une chance réaliste de stopper cette épidémie », a-t-il souligné lors d’une conférence, qui rassemble à Genève jusqu’à mercredi 400 scientifiques afin de passer en revue les moyens de combattre l’épidémie.
Le docteur Tedros a également appelé tous les pays à faire preuve de « solidarité » en partageant leurs données scientifiques. En dehors de Chine continentale, le virus n’a pour l’instant entraîné la mort que de deux personnes, une aux Philippines et une autre à Hong Kong. Il s’agissait dans les deux cas de ressortissants chinois. Au Japon, la situation s’est cependant aggravée à bord du paquebot de croisière Diamond Princess, en quarantaine près de Yokohama (est): 174 personnes sont désormais contaminées. Trente-neuf nouveaux cas, dont un responsable des opérations de quarantaine, ont été annoncés mercredi. « A ce stade, parmi les personnes (évacuées du navire et) hospitalisées, quatre sont dans un état grave, sous assistance respiratoire ou soins intensifs », a précisé le ministre japonais de la Santé Katsunobu Kato. Le coronavirus inquiète dans l’Union européenne (UE), où plusieurs cas ont été déclarés en Allemagne (16), en France (11) et en Italie (3). Les ministres européens de la Santé se retrouveront jeudi à Bruxelles pour évoquer le sujet. Le cas d’un Britannique a particulièrement retenu l’attention ces derniers jours: sans avoir jamais mis les pieds en Chine, il a contracté le Covid-19 à Singapour et l’a transmis à plusieurs de ses compatriotes lors d’un séjour en France. Cet homme, qui a affirmé mardi être « complètement rétabli », a ainsi transmis le virus à 11 autres personnes — cinq hospitalisées en France, cinq en Grande-Bretagne et une sur l’île espagnole de Majorque. Jusqu’alors, la majeure partie des contaminations identifiées à l’étranger impliquait des personnes revenues de Wuhan.
Le centre de la Chine reste coupé du monde
La province chinoise du Hubei (centre), épicentre de l’épidémie, reste coupée du monde depuis près de trois semaines: un cordon sanitaire empêche les entrées et les sorties autour de nombreuses villes. Les produits alimentaires, médicaux, et les matières premières peuvent cependant passer. La capitale provinciale, Wuhan, a encore renforcé ses restrictions. Les personnes atteintes de fièvre ne peuvent plus se rendre dans les hôpitaux situés hors de leur arrondissement, tandis que tous les complexes d’habitation sont soumis à des règles d’accès encore plus draconiennes. Ailleurs en Chine, plusieurs métropoles imposent ou conseillent à leurs habitants de rester chez eux. Partout, des banderoles ou des messages diffusés par haut-parleur incitent à porter des masques ou se laver les mains. Le pays demeure largement paralysé, malgré une reprise timide du travail depuis le début de la semaine. Les étudiants sont toujours en vacances et les employés incités à travailler depuis chez eux lorsque c’est possible. Les autorités ont été critiquées pour avoir tardé à réagir et avoir réprimandé des lanceurs d’alerte pour « propagation de rumeurs ». La mort vendredi de l’un d’entre eux, le médecin de 34 ans Li Wenliang, a provoqué la fureur et le dégoût de très nombreux Chinois. Face à la pression de l’opinion, les deux principaux responsables chargés des questions de santé dans le Hubei ont été limogés.
AFP