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L’aventure des pirates

Le 4 octobre 2009, l’aventure du Parti pirate a commencé au Luxembourg. Lancé en Suède, le «parti internet» s’est rapidement propagé à travers l’Europe. En 2006, les pirates sont partis à l’abordage de l’Allemagne en signant quelques succès de taille, du moins sur les plans local et régional. Car même si les sondages leur attribuaient en 2012 plus de 10 % des voix, la percée sur le plan fédéral n’a jamais eu lieu.
Alors que les pirates européens sont en chute libre, la «filiale» grand-ducale empile les succès. Au niveau national, le parti est passé de 2,94 % (2013) à 6,45 % (2018) des voix, lui permettant de décrocher, contre toute attente, deux mandats de député. Depuis 2017, les pirates comptent trois élus communaux. Les résultats aux européennes sont aussi solides (de 4,23 % en 2014 à 7,7 % en 2019).

Malgré ces résultats, le camp pirate a fini par se prendre les pieds dans le tapis. L’alliance conclue avec le PID a laissé des traces au sein du parti, qui était au bord de la rupture en 2019. Le vote en faveur de l’accord de coalition du gouvernement Bettel II mais surtout le mariage technique (et financier) conclu avec l’ADR ont également agité la (petite) base du parti. Le dernier coup encaissé a été le rappel à l’ordre de la Cour des comptes concernant la comptabilité du parti. Et pourtant, les pirates se disent aujourd’hui prêts à repartir à l’abordage.

Le fonds de commerce a été abandonné pour faire place à un vaste programme, en partie populiste, qui attire une large frange de votes protestataires. Le profil des pirates reste difficile à saisir, mais ils n’ont pas à rougir de leur travail parlementaire, malgré certaines questions parlementaires farfelues (nombre de capsules de café consommées par l’État).
Dix ans après sa création, le Parti pirate est rentré dans le rang. Les querelles en interne sont rangées au placard. Malgré le capital confiance accordé au gouvernement fin 2018, les élus pirates tapent aujourd’hui à tout va sur la majorité. Reste à savoir si cette stratégie sera suffisante pour confirmer les scores en 2023.

David Marques