Débarrassé de la menace d’une destitution, le président américain Donald Trump est entré de plain-pied en campagne électorale avec une carte maîtresse: la bonne santé de l’économie américaine.
Il était certes arrivé à la Maison Blanche une fois l’économie assainie quand son prédécesseur Barack Obama avait pris ses fonctions dans un pays plongé dans la récession après la crise financière de 2008. Mais l’administration Trump a su surfer sur une conjoncture plutôt favorable, une confiance des ménages solide qui continuent à consommer alimentant ainsi la croissance. « Les emplois sont en plein essor, les salaires s’envolent! », s’est glorifié le président républicain cette semaine lors de son discours sur l’état de l’Union. Sous son mandat, le rythme de création des emplois est comparable aux deux dernières années Obama.
Une hausse du PIB
En moyenne mensuelle, l’économie américaine a créé 183 000 emplois en 2017, 225 000 en 2018 et 175 000 en 2019 contre 195 000 en 2016 et 226 000 en 2015. Le taux de chômage est tombé à son plus bas niveau en 50 ans, à 3,5% contre 4,7% en décembre 2016. Élément notable: le chômage des Hispaniques et des Noirs a fortement diminué depuis que l’ancien homme d’affaires est président, quoique très supérieur à celui des Blancs. Le taux de chômage des Afro-Américains est ainsi passé de 7,8% en décembre 2016 à 5,9% en décembre. Celui des Hispaniques de 5,9% à 4,2%. Pour les Blancs, il a fondu, à 3,2% en décembre contre 4,3% trois ans plus tôt. La fille et conseillère du président américain Donald Trump, Ivanka Trump oeuvre, elle, pour une plus grande intégration des femmes au marché de l’emploi alors que de nombreuses mères sont exclues du marché du travail faute de pouvoir faire garder leurs enfants à un prix abordable. Les salaires ont certes augmenté (+2,9%) mais ne sont pas « envolés ».
La première économie du monde est entrée dans sa onzième année d’expansion d’affilée, un record. La hausse du PIB s’élevait à 1,5% en 2016, dernière année de l’ère Obama. Elle a atteint 2,3% en 2017 avant de se hisser à 2,9% en 2018, année où l’économie a profité de la réduction d’impôts et des augmentations budgétaires notamment militaires. Mais elle a ralenti à 2,3% l’an passé en raison de la guerre commerciale avec la Chine qui a découragé les investissements des entreprises. Si ce niveau reste solide comparé aux grands pays développés (+1,2% en zone euro par exemple), il demeure loin des 3% promis par Donald Trump. La faute à Boeing, principal contributeur des exportations américaines et à son 737 MAX cloué au sol depuis bientôt un an, estime le secrétaire américain au Trésor. Sans cette crise, « je pense que nous aurions atteint 3% », a déclaré Steven Mnuchin sur Fox Business jeudi.
Des accords signés
Pour 2020, année électorale, le Fonds monétaire international anticipe un nouveau ralentissement, à 2%, en raison de la fin des effets de la réforme fiscale. Mesure phare du mandat, la réforme fiscale adoptée fin 2017 – la plus importante depuis 30 ans – a réduit les impôts sur le revenu des plus riches et sabré l’impôt sur les sociétés, de 35% à 21%. Ces mesures ont certes dynamisé la croissance en 2018 mais elles ont aussi gonflé la dette et le déficit budgétaire, qui devrait atteindre 1 015 milliards de dollars à la fin de l’année fiscale en septembre, selon les services du budget du Congrès. Et la dette devrait représenter 81% du PIB cette année.
L’administration caresse l’idée de nouvelles réductions d’impôts destinées aux classes moyennes, une manière de stimuler la croissance. Donald Trump l’avait promis avant même d’être élu, il l’a fait: la renégociation de l’accord de libre-échange nord-américain (Aléna) avec le Mexique et le Canada, jugé le « pire traité » de l’histoire des États-Unis. Il a promulgué le 29 janvier le nouvel accord trilatéral dit AEUMC, acronyme pour Accord États-Unis Mexique Canada. Il peut aussi se targuer d’avoir obtenu, comme promis durant sa campagne de 2016, un accord commercial avec la Chine, signé mi-janvier. « Notre stratégie a payé! », a lancé le président. Mais à quel prix? La guerre commerciale avec Pékin, à coups de tarifs douaniers punitifs réciproques, a plongé le secteur manufacturier dans la récession, et ralenti la croissance américaine et mondiale. Le profil de Donald Trump, un milliardaire du monde des affaires, a par ailleurs contribué à la confiance à Wall Street: le Dow Jones a progressé d’environ 55% depuis son élection, le 8 novembre 2016. Un argument non négligeable pour de nombreux Américains dont la retraite dépend des cours de Bourse.
AFP/LQ