La région belge de Wallonie ne vendra plus d’armes ou d’équipements militaires à l’armée de l’air saoudienne en raison du conflit en cours au Yémen, a indiqué jeudi son exécutif, confirmant une information du quotidien L’Écho.
« En ayant à l’esprit le drame yéménite, le ministre-président (Elio Di Rupo, NDLR) a refusé l’octroi de licences pour l’armée de l’air saoudienne qui joue un rôle actif dans le conflit », écrit le cabinet d’Elio Di Rupo dans un communiqué. « Par ailleurs, le ministre-président refuse tout octroi de licences vers le ministère de la Défense saoudien », ajoute-t-il. En revanche, les Gardes royale et nationale du royaume saoudien continueront à bénéficier de livraisons.
« Ces armes sont strictement destinées à protéger les membres de la famille royale (la garde royale) et des sites religieux emblématiques ou à protéger le pays (la garde nationale) à l’intérieur des frontières saoudiennes. Elles n’ont pas pour finalité d’être utilisées au Yémen », argumente la région francophone. En Belgique, l’attribution de licences d’exportation aux fabricants d’armements est une compétence de l’exécutif des régions (Flandre, Wallonie et Bruxelles).
4 400 emplois directs et indirects
Selon le journal L’Écho, Ryad est devenu récemment le premier client de la Wallonie sur ce marché, avec des ventes estimées à 225 millions d’euros en 2018, soit environ un quart du total (950 millions). La Ligue des droits humains (LDH) a salué « l’engagement pris pour le futur » par Elio Di Rupo, tout en regrettant un manque de transparence sur les licences en cours. « Une licence est valable 18 mois. On ne sait pas dans quelle mesure celles déjà octroyées sont arrivées à terme ou ont fait l’objet d’un renouvellement », a expliqué Manuel Lambert, conseiller juridique à la LDH.
La décision de l’ex-Premier ministre socialiste belge (2011-2014), devenu président de la Wallonie à la mi-2019, tombe au moment où la présence en Manche de la compagnie maritime saoudienne Bahri continue de susciter la colère d’ONG en France et en Belgique. En France, 17 ONG ont dénoncé mercredi l’arrivée – prévue jeudi après-midi à Cherbourg – du cargo Bahri Yanbu qu’elles soupçonnent de venir chercher des armes de fabrication française susceptibles d’être utilisées au Yémen.
En Belgique, la compagnie Bahri est suspectée d’appareiller régulièrement à Anvers pour charger des armes utilisées dans ce même conflit. Plusieurs procédures judiciaires à l’initiative d’ONG ont été lancées pour tenter de suspendre ces livraisons. Les fabricants d’armes en Belgique sont essentiellement wallons. La firme CMI à Liège et la FN Herstal – dont la région est l’unique actionnaire – représentent ensemble 4 400 emplois, directs et indirects.
LQ/AFP