Xavier Bettel compte appliquer à la lettre les recommandations contenues dans le rapport Waringo et le Grand-Duc y adhère aussi. Tout semble pour le mieux et la monarchie en sortira grandie.
Xavier Bettel adhère à toutes les recommandations émises par Jeannot Waringo dans son rapport. Et le Grand-Duc en fait autant. Si le Premier ministre a tardé à communiquer publiquement sur les conclusions de cette mission particulière, il a eu l’occasion d’en discuter avec le chef de l’État et peut donc attester aujourd’hui que des changements vont être apportés au fonctionnement de la monarchie avec l’accord des deux parties.
Ce n’est pas Xavier Bettel qui va torpiller la monarchie, bien au contraire, il redit son attachement au système politique luxembourgeois, le seul qu’il pense valable pour le pays.
Néanmoins, les relations entre la Cour et le gouvernement sont régies par la Constitution et les textes doivent être respectés. D’ailleurs, les membres du gouvernement jurent fidélité au Grand-Duc mais aussi obéissance aux lois et à la Constitution, croit bon de rappeler Xavier Bettel.
Plus aucun rôle
Le rapport Waringo est un rappel à l’ordre et une force de propositions à la fois. Cette tentative de modernisation sera la bonne et Xavier Bettel compte prendre des mesures assez rapidement pour suivre les conseils de son représentant spécial. «Il y a des changements qui peuvent être adoptés par arrêtés grand-ducaux, d’autres qui nécessitent une modification de la Constitution et ce sont les députés qui doivent dès lors décider.»
Xavier Bettel montre qu’il prend désormais les choses en main. Ce qu’il explique avoir fait déjà en 2016 lors de discussions avec le maréchal et le Grand-Duc sur le financement de la Cour. Il était déjà question de bien faire la distinction entre les dépenses liées aux missions du Grand-Duc et au fonctionnement de la Cour et les dépenses d’ordre privé comme celles, par exemple, qui touchent certaines activités de la Grande-Duchesse.
L’épouse du chef de l’État, mise en cause dans le rapport Waringo et qui apparaît au sommet de l’organigramme en vigueur à la Cour, n’y figurera plus à l’avenir. C’est le schéma retenu par l’auteur du rapport qui sera mis en place et dans lequel le rôle du maréchalat est renforcé mais qui ne donne plus aucun rôle à la Grande-Duchesse.
Le Premier ministre se s’étendra pas sur la personne de Maria Teresa et balayera toutes les questions des journalistes se rapportant à son comportement vis-à-vis des employés de la Cour. Il s’est réfugié derrière le secret de l’instruction et ne veut pas empiéter sur le travail du parquet qui a ouvert une enquête préliminaire sur de présumées violences physiques à la Cour grand-ducale.
Unanimité chez les députés
Le cas Maria Teresa ainsi évacué, Xavier Bettel s’est concentré sur la liste des changements que la monarchie s’apprête à connaître dans son fonctionnement pour être adaptée au XXIe siècle. La dernière tentative de modernisation date de l’époque de cette conseillère parisienne qui présentait le grand inconvénient de posséder un casier judiciaire. Le contrat fut rompu, mais elle a eu le temps de mettre en place un manager général que le rapport Waringo suggère de supprimer de l’organigramme pour cause de double emploi. Ce sera chose faite.
La quasi-totalité des recommandations sera appliquée et ce n’est pas seulement le Premier ministre qui s’en réjouit, mais l’ensemble de la classe politique. Tous s’accordent à dire que ce rapport est une chance de renforcer la monarchie en la dépoussiérant et en déterminant les rôles de chacun dans la famille du souverain.
C’est ce que veulent retenir les députés de tous bords, jugeant que ce seul rapport sera le déclic pour remettre la monarchie sur de bons rails. Une séparation claire des activités publiques et des activités privées s’accompagne également d’une révision du statut du personnel de la Cour et l’idée d’un futur statut propre à la Maison du Grand-Duc fait son chemin.
Xavier Bettel a annoncé qu’un comité de coordination sera mis en place pour assurer le suivi des recommandations contenues dans le rapport.
Geneviève Montaigu
Juncker et Frieden voulaient déjà agir
Depuis 2016, le Premier ministre doit valider les recrutements et les licenciements à la Cour. On se souvient que la nouvelle n’avait pas ravi la Grande-Duchesse. L’idée que le Premier ministre allait désormais mettre son nez dans les affaires de personnels avait été discutée par le Grand-Duc lui-même. Le but était clairement d’éviter un renouvellement incessant d’employés et déjà à l’époque de rétablir un meilleur climat de travail.
Mais trois ans plus tard, le maréchal et le secrétaire général ont demandé au Premier ministre de faire le point. Et c’est à ce moment que Jeannot Waringo a été nommé représentant spécial du Premier ministre pour mettre à plat le fonctionnement de la Cour.
Mercredi, Xavier Bettel a indiqué qu’un tel désir de mettre de l’ordre à la Cour, afin de bien observer une distinction entre le public et le privé, avait été émis par l’ancien Premier ministre Jean-Claude Juncker et l’ancien ministre des Finances Luc Frieden en 2002. «Si tout avait fait à l’époque, je n’aurais pas eu besoin de revenir sur la question en 2016 et de commander un rapport en 2019», a déclaré le Premier ministre.
La Grande-Duchesse ne gère plus
«Elle fait avec les moyens qu’elle a, elle doit gérer une Cour qui certes doit être dépoussiérée», avait dit le journaliste mondain Stéphane Bern, volant au secours de Maria Teresa. Il n’a pas fait qu’être insultant envers la presse luxembourgeoise en qualifiant de «petits journaleux» certains de ses représentants, il a aussi livré quelques vérités. Dont celle-ci : Maria Teresa a une Cour à gérer. Il se trouve en réalité que ce n’est pas de sa compétence. Elle a une fonction de représentation et pas de gestion.
Xavier Bettel a plusieurs fois répété qu’elle n’avait aucun rôle dans l’organigramme de la Cour. Il a également déclaré que Jeannot Waringo n’est pas entré dans les détails en commission face aux députés quant au comportement de la Grande-Duchesse. Mais son rapport fait clairement état d’un climat de peur, une ambiance de travail des plus moroses. Xavier Bettel veut vite passer sur les détails, lui aussi, se contentant de dire que la Grande-Duchesse avait disparu de l’organigramme. D’autre part, le site qui lui était dédié sera confondu avec celui de la monarchie et le site de son association Stand Speak Rise Up ne sera pas pris en charge par les deniers publics.