Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Le vieillissement de la population active touche désormais le Grand-Duché, comme les autres pays européens. À cette différence près que le Luxembourg semble moins bien préparé. Kristell Leduc, chercheuse au Liser, publie une étude ce mercredi sur le sujet. Elle constate que la dynamique « particulière » s’épuise au Grand-Duché.
La dynamique « particulière » en question est bien connue : le Luxembourg a recours depuis une trentaine d’années de façon massive à la main d’oeuvre étrangère et frontalière. Ce graphique du Liser l’illustre :
Le recours à une main d’oeuvre globalement jeune a pu jouer le rôle d’anti-âge de la population active « jusque dans les années 2000 », constate la chercheuse. Mais désormais, l’augmentation de la moyenne d’âge des frontaliers et actifs étrangers se fait plus rapidement que celle des actifs résidents. La chercheuse conclut qu’il existe un « risque d’un renouvellement seulement partiel des ‘anciennes générations’ d’actifs par les ‘jeunes générations’ d’actifs. »
Un nuage sombre à l’horizon, alors que l’on sait que l’économie luxembourgeoise, à productivité constante, aura besoin de toujours plus de bras. Et que les réservoirs frontaliers s’amenuisent de façon généralisée : la Lorraine perd des habitants, la Sarre perd encore plus d’habitants et la province du Luxembourg belge va gagner des habitants sans toutefois gagner beaucoup de marge sur la tranche des actifs. Quoiqu’il en soit, le réservoir est petit par rapport au versant français.
Où sont les seniors actifs ?
Le maintien des travailleurs âgés (50+) dans l’entreprise apparaît donc, comme dans d’autres pays européens, un enjeu important, en plus de l’enjeu du recrutement.
Problème : « Au Luxembourg, en 2018, écrit la chercheuse, 40,5% des personnes âgées de 55 à 64 ans étaient encore en emploi. Dans ce domaine, le Grand-Duché est à la traîne par rapport à la grande majorité des autres pays de l’Union européenne. » Pour ne pas dire dernier, comme le montre ce graphique réalisé par le Liser. Le taux d’emplois des « seniors » dans la population active est par exemple de 71,40% en Allemagne, 67,70 % aux Pays-Bas et 52,30% en France. La moyenne des 28 de l’UE est à 58,70%. Le delta avec le Luxembourg est considérable.
Terminons toutefois par un point important : La statistique luxembourgeoise serait notamment tirée vers le bas par la faible part des femmes encore dans l’emploi dans cette tranche d’âge (31,3% pour l’année 2010, relève l’étude). Cela n’a rien de positif, puisque se dessine en creux une société encore patriarcale. Mais cela permet d’identifier un levier d’action politique et entrepreneurial assez net.
Hubert Gamelon
