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La mine et l’usine de Saulnes délivrent leurs secrets


Les membres de l’Association pour la mémoire industrielle de la communauté d’agglomération de Longwy viennent de récupérer les premières archives de la mine et de l’usine de Saulnes (Photo : Sébastien Bonetti).

L’Association pour la mémoire industrielle de la communauté d’agglomération de Longwy vient de récupérer un petit trésor : des nombreux documents de la mine et de l’usine de Saulnes. Soit de la matière pour les historiens et pour les familles en quête de leur passé.

Depuis deux ans, l’Association pour la mémoire industrielle de la communauté d’agglomération de Longwy (Amical) collecte, trie et met à disposition tous les documents (papiers, films, photos, livres, etc.) liés au passé sidérurgique et minier du bassin de Longwy. Et ce long chemin est parfois jalonné de bonnes surprises.

Après les archives de l’usine de la Providence de Réhon versées en fin d’année, c’est un petit trésor en provenance de Saulnes qui vient de prendre la direction du local situé juste à côté de la Maison de la formation. Soit des fiches de paie, des relevés des loyers, des tableaux d’effectifs avec les origines et autres dates de naissance ou d’entrée des ouvriers, etc. Le tout concerne la mine et l’usine de la commune saulnoise. « C’est important, car on n’avait rien sur le sujet. Ça va permettre aux gens de pouvoir se plonger dans leur passé familial, leurs racines, leur généalogie. Ils pourront même savoir à quel poste a travaillé leur oncle ou leur père », commentent Dominique Da Costa et Marc Feller.

« Ce sont des outils, de la matière pour les historiens »

Cerise sur le gâteau, on retrouve dans les documents des comptes-rendus d’accidents, mortels ou pas. Ce qui ouvre des possibilités en termes de recherches sur les conditions de travail. « Ce sont des outils, de la matière pour les historiens. » Les enquêtes des chefs de service, qui reprennent les propos des témoins, permettent par exemple d’apprendre que le 6 août 1904 à 10 h, Ernest B. a reçu une pierre de trois kilos sur la tête, le paralysant à vie.

Dans l’attente d’autres archives

« Ces documents montrent qu’on peut espérer que d’autres trésors dorment encore chez des particuliers. On est dans un monde de collectionneurs, donc on imagine que de nombreuses archives sont stockées ici ou là. Sauf qu’il faut répéter qu’on peut leur donner une nouvelle vie », expliquent les deux membres de l’association. Qui pensent que la démarche de remettre ses archives à l’Amical « rend justice aux hommes et à leur travail. Le meilleur moyen de tuer quelqu’un est de le réduire au silence. Et le meilleur moyen de sauvegarder, c’est de rendre public. On a une mission historique, pour que la mémoire puisse se frayer un chemin vers aujourd’hui. »

Deux ans après les débuts de la structure, une quarantaine de personnes ont déjà rempli ses étagères et sont sorties « de la réalité de marchandisation » et du cercle vicieux de la « fétichisation, de la vénération de l’objet. Et à chaque fois, on leur remet un numéro d’identification, avec le nombre de boîtes, etc. »

Sebastien Bonetti