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Luxembourg : diversification économique, quel bilan finalement ?


Luxembourg pousse toujours, ici à la Cloche d'Or : photo de l'inauguration d'un nouveau chantier débuté en juillet 2019, pour des bâtiments du tertiaire (Photo : François Aussems).

Étienne Schneider profite de ses derniers moments en tant que ministre de l’économie pour faire le bilan de la diversification économique du pays. Le but ? S’affranchir d’un économie de « surspécialisation », jadis dans l’acier, aujourd’hui dans la finance. Ce dernier secteur continue toutefois de peser « actuellement directement plus d’un quart du PIB ».

Le contexte

« Depuis le début des années 1950, la diversification économique constitue une priorité  politique du Luxembourg », explique le ministre de l’économie, en préambule d’une réponse ministérielle, adressée ce lundi. Avant l’avènement du secteur financier, au milieu des années 1960, le Luxembourg avait déjà conscience des dangers d’une mono économie basée sur la sidérurgie. Problème, le passage de témoin entre la toute-puissance de l’acier et celle du secteur financier s’est fait dans la même optique de « spécialisation » :  » Le Luxembourg est passé d’un niveau de surspécialisation dans le secteur sidérurgique à une spécialisation prononcée dans le secteur financier, écrit le ministre. Cette situation a généré des inquiétudes légitimes en termes d’éventuelles vulnérabilités du pays. » Ou pour le dire autrement : il ne faut jamais mettre tous ses œufs dans le même panier, n’est-ce pas !

Toutefois, plus que l’idée de ne pas être dépendant à une mono-économie, c’est la situation engendrée par une croissance non maîtrisée qui a incité à accélérer sur la diversification économique du pays, avec le fameux débat de la « croissance qualitative ». « Au cours des dernières années, les effets positifs de la croissance économique au Luxembourg se voient de plus en plus atténués par des répercussions négatives », constate Étienne Schneider, qui cite le trafic routier et la hausse des prix du logement (augmentation moyenne du prix de l’immobilier sur ces cinq dernières années : +39,9%).

« Il se pose dès lors la question de savoir comment le pays pourra continuer à prospérer, tout en évitant de détériorer les conditions de vie des citoyens au Luxembourg et dans ses régions avoisinantes », ajoute le ministre.

La méthode

« Depuis plus d’une décennie, le gouvernement a ainsi décidé de mener une stratégie de ‘multispécialisation’ reposant sur des avantages compétitifs liés à la compétence et au savoir-faire, surtout dans certains pôles de compétence à forte valeur ajoutée », détaille le ministre. C’est ce que les élus appellent la croissance qualitative. Comprendre, trouver d’autres secteurs aussi productifs que la finance pour diversifier l’économie. En effet, diversifier l’économie vers des secteurs où la productivité ne peut pas être démultipliée ne permettrait pas de s’attaquer aux problèmes de fond que sont la mobilité ou le logement, puisqu’il faudrait toujours plus de mains (donc d’actifs à loger ou à transporter) pour produire la même richesse.

Les secteurs prioritaires visés sont les suivants : les Technologies de l’information et de la communication (TIC), les technologies de l’espace, les technologies de la santé, les écotechnologies et la logistique. « Les TIC sont le moteur « horizontal de la transformation », explique Etienne Schneider.

Les résultats

Le ministre commence par expliquer que « des indicateurs doivent être construits pour estimer des ordres de grandeur » dans ces nouveaux secteurs. Et que les chiffres doivent être lus avec précaution. Notons pour les grandes lignes et pour l’année 2016 :

• Les entreprises privées de ces secteurs prioritaires ont représenté 4,5 milliards d’euros de valeur ajoutée brute, ce qui représente environ 10% de la valeur ajoutée brute totale au Luxembourg.

• Cela représente près de 31 000 emplois salariés dans près de 3 050 entreprises, soit environ 8% de l’emploi au Luxembourg.

• Les TIC représentaient de loin la plus grande part en termes de valeur ajoutée (6,8%) et des emplois salariés (4,3%), dont respectivement 1,7% et 0,2% sont créés par le secteur des technologies de l’espace, et respectivement 2,4% et 3,2% par la logistique. Les sciences et technologies de la santé ont connu une forte croissance, principalement au niveau de la recherche publique, et les entreprises relevant des écotechnologies restent limitées malgré le fait que le nombre des entreprises utilisatrices d’écotechnologies soit en hausse constante depuis quelques années. Une récente mise à jour des chiffres relatifs au secteur des technologies de la santé a démontré que le secteur représentait près de 0,38% du PIB en 2016 (0,35% en 2017).

Hubert Gamelon