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Brexit, divorce heureux ?

Le 23 juin 2016 semble loin. En ce jour de fête nationale luxembourgeoise, les électeurs britanniques décidaient avec une courte majorité de 51,9 % de tourner le dos à l’UE. Au départ, le référendum devait servir au Premier ministre David Cameron à renforcer sa position à la tête du gouvernement. Devenu europhile sur le tard, il a rapidement quitté le navire.
En juillet 2016, Theresa May a été appelée à reprendre le flambeau. À ce moment-là, les militants du Brexit les plus virulents avaient déjà battu en retraite. Leurs promesses concernant notamment l’apport financier résultant d’une sortie du Royaume-Uni de l’UE se sont rapidement avérées illusoires. Boris Johnson faisait partie de ce camp. Dans un premier temps sur la défensive, l’ancien maire de Londres a décidé de reculer pour mieux rebondir. Il a su profiter de l’incapacité de Theresa May à faire adopter par son Parlement l’accord de retrait durement négocié à Bruxelles. Elle a été contrainte de jeter l’éponge en juin 2019. La décision d’organiser des élections anticipées en juin 2017, qui se sont soldées par la perte de la majorité absolue des conservateurs, est venue compliquer sa tâche encore davantage. Même Boris Johnson, qui, en tant que nouveau Premier ministre, a fini par arracher en octobre dernier un nouvel accord inespéré avec Jean-Claude Juncker, s’est heurté jusqu’au bout à un Parlement récalcitrant.
En fin de compte, il aura fallu trois ans, deux élections et deux Premiers ministres pour mener à bien le divorce, qui sera enfin acté ce soir à minuit.
Le Brexit est un gâchis. Le ton optimiste prôné par Londres n’y changera rien. Car le scénario catastrophe d’un retrait désordonné n’est pas écarté. D’ici fin décembre, Londres et Bruxelles devront avoir conclu un accord global sur leurs futures relations. Il reste à peine 11 mois pour réussir ce que le Canada et l’UE ont achevé en… 7 ans.
Il faut espérer un petit miracle pour que le mariage pluvieux de 1973 se transforme en 2020 en un divorce heureux…

David Marques