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Le Luxembourg à la conquête des Émirats


Le Luxembourg dispose d'un pavillon au deuxième plus grand salon consacré à la santé au monde, l'Arab Health. La société ExoAtlet s'y illustre avec son étonnant exosquelette ( Photo : Jean-Christophe Verhaegen).

Présentes à Dubai pour une mission économique, les entreprises luxembourgeoises ont encore une fois œuvré pour tenter de profiter d’opportunités d’affaires dans les Émirats.

Derrière les officiels de la mission économique aux Émirats arabes unis se trouvent 62 entreprises luxembourgeoises qui ont dépêché 90 représentants. Le but est simple : rencontrer les bonnes personnes avec l’ambition de trouver des opportunités de marché aux Émirats arabes unis et dans la région du Golfe et vice versa.

Mais à Dubai, et plus généralement aux Émirats arabes unis, il faut miser sur la régularité. C’est-à-dire venir plusieurs fois sur place afin de gagner la confiance des locaux. «Participer à une mission économique permet d’accélérer la prise de contact sur place. Mais il faut aussi dire que la présence de ministres et surtout celle du Grand-Duc héritier facilite les choses dans la mesure où cela permet d’élever le niveau du sérieux de nos échanges avec d’éventuels futurs partenaires sur place», explique Patrick Schomaker, directeur ventes et marketing d’European Air Ambulance, une filiale de Luxembourg Air Rescue. L’association privée de sauvetage aérien cherche à étoffer son réseau et ses parts de marché aux Émirats arabes unis et dans le Golfe. «Nous voyons que nos offres et nos compétences peuvent apporter du sens dans cette zone, d’autant qu’il y a de la place pour des services spécifiques que nous pouvons déployer», assure Patrick Schomaker. En effet, European Air Ambulance souhaite développer le tourisme médical dans cette zone.

Un hub important dans la région

«Il y a un grand nombre d’expatriés aux Émirats arabes unis et pour une raison ou une autre, un expatrié peut vouloir aller se faire soigner en Europe, tout comme une personne locale qui souhaite faire de même car un hôpital européen est spécialisé dans une pathologie ou une compétence médicale spécifique. Nous sommes également spécialisés dans le transport néonatal grâce à nos équipements, comme des incubateurs à bord de nos avions. De plus, le golfe Arabique reste dans une zone assez facilement accessible pour nos avions», explique Patrick Schomaker. Ce dernier vise sur place les hôpitaux, les assureurs et les sociétés d’assistance. «C’est important d’être dans la délégation, mais c’est tout aussi important de revenir par la suite pour continuer les échanges et les discussions avec nos éventuels futurs partenaires», précise-t-il.

Depuis 2005, les Émirats sont régulièrement visités par des délégations luxembourgeoises. Ainsi, ce sont 12 missions officielles en 15 ans qui ont eu lieu. Et cela devrait encore augmenter avec l’organisation de l’Exposition universelle 2020. «Je pense que les Émirats restent un marché cible de nos entreprises qui veulent se développer à l’international de par le fait qu’il s’agit d’un hub important dans la région, tout comme le Luxembourg est un hub important en Europe», a souligné Carlo Thelen, président de la Chambre de commerce, avant de poursuivre : «Nous avons des relations historiques très pointues. Nous avons commencé en 2005 avec la première mission officielle. Depuis, six missions économiques et six missions financières se sont succédé aux Émirats. Dans leur culture, il est important de se montrer régulièrement pour approfondir les relations et je pense que ce qu’ils recherchent ici, ce sont les nouvelles technologies, l’innovation, les meilleurs produits. C’est ce que nous pouvons livrer et ce que nous cherchons aussi. Les entreprises luxembourgeoises et émiriennes peuvent se trouver et travailler davantage ensemble surtout en prévision de l’Exposition 2020.»

Dubai et le Luxembourg ne sont finalement pas si différents. Dubai s’est lancé dans une vaste stratégie de diversification, tout comme le Grand-Duché, mais à une autre échelle. Le cœur économique des Émirats a créé une quarantaine de zones dédiées aux start-up et de nombreux «one stop shops» pour accélérer et aider l’intégration d’entreprises étrangères. Dubai est également très présent dans la logistique et dispose de la compagnie Emirates qui figure parmi les dix plus grands transporteurs aériens mondiaux. Et le seul aéroport de Dubai – qui figure au 3e rang mondial pour sa fréquentation de passagers – a vu passer 2,6 millions de tonnes de fret en 2018. Comme le Luxembourg, mais là encore à une autre échelle, Dubai dispose d’une stratégie spatiale avec l’ambition de conquérir la planète Mars en 2117. Autres points communs avec le Grand-Duché : Dubai mise sur le développement de l’intelligence artificielle, de l’impression 3D et la blockchain, notamment dans la finance. Enfin, Dubai a également la volonté d’investir dans les énergies renouvelables et la durabilité par l’intermédiaire de la finance verte, qui elle est «une des spécialités de la Bourse de Luxembourg», a rappelé le ministre de Finances, Pierre Gramegna.
Pour rappel, en 2008, les secteurs non pétroliers ont représenté 63 % du PIB des Émirats arabes unis.

La santé au cœur de la diversification

Il y a également un autre secteur d’activité «commun» entre le Luxembourg et Dubai, celui de la santé. C’est d’ailleurs ici que se déroule pendant quatre jours le deuxième plus grand salon consacré à la santé au monde, l’Arab Health. Les pays du monde entier y ont envoyé des représentants et des entreprises visant à vendre et promouvoir leurs savoir-faire en matière d’outils de santé, de la chaise roulante dernier cri à la prothèse connectée en passant par des appareils de respiration, des scanners et même des robots permettant d’assister les chirurgiens, sans oublier tout le secteur de la recherche médicale.

Présent pour la seconde année consécutive, le Luxembourg dispose d’un pavillon de 72 m2 et de six entreprises luxembourgeoises, dont Rotarex, spécialisée dans l’équipement (vannes, raccords et détendeurs…) pour les gaz de haute pression. «Nous mettons en avant nos derniers produits, donc nos robinets (pour bouteilles de gaz, oxygène, etc.) connectés développés au Luxembourg», souligne Philippe Lardenais, en charge des ventes chez Rotarex. «Nous sommes parmi les leaders en Europe et aux États-Unis, et nous voyons encore un beau potentiel au Moyen-Orient et en Asie, deux régions où nous sommes en croissance», assure-t-il.

Toujours dans le pavillon luxembourgeois, qui souhaite déjà renouveler sa présence l’année prochaine, la société ExoAtlet propose un étonnant exosquelette mécanique permettant aux personnes confinées dans un fauteuil roulant de se lever et de marcher. Une démonstration qui n’a pas laissé insensible et qui démontre que le Luxembourg, malgré des moyens très éloignés de son homologue dubaïote, peut proposer des innovations et des nouvelles technologies remarquables.

Jérémy Zabatta, envoyé spécial à Dubai

Finance : une collaboration renforcée

Afin de renforcer les relations financières entre les deux pays, le ministre des Finances, Pierre Gramegna, a été reçu par son homologue Obaid Bin Humaid Al Tayer, secrétaire d’État aux Affaires financières des Émirats arabes unis, pendant la mission économique.

Pierre Gramegna, a été reçu par son homologue Obaid Bin Humaid Al Tayer, secrétaire d'État aux Affaires financières des Émirats arabes unis (Photo : DR).

Pierre Gramegna, a été reçu par son homologue
Obaid Bin Humaid Al Tayer, secrétaire d’État aux Affaires financières des Émirats arabes unis (Photo : DR).

Les deux hommes ont évoqué les relations bilatérales, les opportunités et défis de la digitalisation des services financiers, ainsi que les dernières évolutions en matière de fiscalité internationale. «Le Luxembourg et les Émirats arabes unis entretiennent d’excellentes relations dans le secteur financier. Les Émirats sont une porte d’entrée sur le golfe Arabique, notamment au niveau du commerce et de la finance. Nous avons convenu de renforcer davantage la collaboration entre les deux pays, notamment dans le domaine de la fintech et de la finance durable», a souligné Pierre Gramegna.
Le ministre des Finances, avec sa délégation, dont Nasir Zubairi, le CEO du LHoFT, a aussi eu un échange de vues étendu avec des représentants du secteur fintech émirien sur les derniers développements et tendances dans le domaine des technologies financières dans la région MENA (Middle East, North Africa, South Asia), et ils ont fait le point sur l’état actuel des activités en la matière entre le Luxembourg et les Émirats arabes unis. En outre, le Grand-Duc héritier et le ministre des Finances, Pierre Gramegna, ont eu des réunions avec des investisseurs et hauts responsables du secteur financier de la région.
À noter que l’importation et l’exportation de services financiers fournissent encore la majeure partie des échanges commerciaux entre le Luxembourg et Dubai. Et la balance commerciale des services financiers est positive de 220 millions d’euros.