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Le régime syrien en passe de prendre une ville clé à Idleb


Après des semaines de bombardements, le régime, appuyé par l'aviation de l'allié russe, est sur le point de prendre une ville stratégique dans la province d'Idleb. (Photo AFP)

Les forces du régime sont en passe de prendre une ville stratégique dans la province d’Idleb, après des semaines de bombardements meurtriers qui ont quasi vidé cette métropole du nord-ouest de la Syrie, région dominée par des jihadistes et des rebelles.

L’offensive du régime a entraîné un vaste exode, et lundi encore, dans le nord de la province d’Idleb, il y avait des déplacés en provenance de zones près de Maaret al-Noomane également secouées par des combats. Quasi-assiégée par les forces gouvernementales, cette ville est stratégique pour le pouvoir de Bachar al-Assad car elle se trouve sur l’autoroute M5 reliant Alep, grande métropole du nord, à la capitale Damas, une voie que le régime cherche à sécuriser. Appuyé par l’aviation de son allié russe, le régime n’a de cesse de marteler sa détermination à reconquérir Idleb, grand bastion dominé par des jihadistes et qui accueille aussi des rebelles affaiblis.

De nombreux déplacements de civils 

On pouvait voir lundi des camionnettes, mais aussi des tracteurs, chargés de matelas en mousse, de tapis, de bassines et d’ustensiles de cuisine, transportant des mères et des enfants, certains emmitouflés dans des couvertures. Assise à l’avant d’un véhicule, Oum Hussein est en larmes. « Je ne sais pas où on va aller, où on va habiter, il n’y a pas de refuge pour nous », déplore cette mère de sept enfants partie de la région de Jabal al-Zawia, près de Maaret al-Noomane, sous le couvert de la nuit. « J’ai laissé mes proches mais aussi ma fille, je ne sais pas ce qu’elle va devenir, elle est sur le point d’accoucher », lâche-t-elle. « Il n’y avait pas assez de voitures pour les faire sortir ». La grande région d’Idleb et des territoires adjacents dans les provinces voisines d’Alep, Hama et Lattaquié sont dominés par les jihadistes de Hayat Tahrir al-Cham, l’ex-branche syrienne d’Al-Qaïda.

L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) a assuré que les forces du régime se trouvaient « aux abords » de Maaret al-Noomane. « La ville est quasi-encerclée », a indiqué le directeur de cette ONG, Rami Abdel Rahmane. Deux civils ont été tués dans des raids russes sur le village de Chnan, au nord de Maaret al-Noomane, d’après l’Observatoire, le régime et son allié poursuivant leurs frappes aériennes dans le secteur. Ces derniers jours, les forces gouvernementales ont conquis environ 18 villages et localités au nord et à l’est de Maaret al-Noomane, selon l’OSDH. Les troupes accentuent aussi la pression sur le flanc ouest de cette ville, d’après l’Observatoire.

Plus de 380 000 morts depuis 2011

Dimanche, le quotidien pro-régime Al-Watan a indiqué que les forces gouvernementales étaient arrivées à un tronçon de l’autoroute M5. Elles ont « coupé » ce tronçon entre Maaret al-Noomane et la ville de Saraqeb, à une trentaine de kilomètres plus au nord. Lundi, les combats se poursuivent près de Saraqeb, située directement sur l’autoroute M5, mais aussi près d’un secteur de l’ouest de la province d’Alep traversé par cette même voie, d’après l’OSDH. Depuis début décembre, 358 000 personnes ont été déplacées par les violences, en grande majorité des femmes et des enfants, selon l’ONU. « La situation se détériore au jour le jour, plus de civils meurent », déplore une responsable du Comité international de secours (IRC), Misty Buswell. « Cette dernière escalade en date ne fera qu’empirer la catastrophe humanitaire qui se déroule déjà à Idleb », a-t-elle mis en garde.

Ces derniers mois, le régime a mené plusieurs opérations militaires qui lui ont permis de grignoter des pans de territoires à Idleb et ses environs, malgré des trêves restées au final lettre morte. La province a déjà été le théâtre d’une offensive d’envergure entre avril et août 2019 ayant tué près d’un millier de civils, selon l’OSDH, et provoqué le déplacement de plus de 400 000 personnes, selon l’ONU. S’il parvenait à reconquérir cette vaste région, le régime aurait repris le contrôle de la quasi totalité du pays, hormis les zones contrôlées par les Kurdes ou par les forces turques et des supplétifs syriens dans le nord. Le conflit en Syrie, déclenché en mars 2011 avec la répression de manifestations prodémocratie par Damas, a fait plus de 380 000 morts et des millions de déplacés et réfugiés.

AFP/LQ