Le directeur de la Confédération luxembourgeoise du commerce (clc) ne mâche pas ses mots : «Je ne crois pas que nous ayons eu un jour un allié politique pour être très clair. C’est même tout le contraire.» Nicolas Henckes estime que les politiques n’entendent pas les signaux d’alerte émis par un secteur, touché en 2019 par un nombre record de 1 263 faillites.
Le discours du camp patronal se ressemble fortement, peu importe si c’est l’Union des entreprises luxembourgeoises, la Chambre de commerce ou la clc qui s’exprime : l’indexation des salaires, la hausse du salaire social minimum ou encore les jours de congé supplémentaires pèseraient trop lourdement sur la compétitivité des entreprises. Cet argument peut étonner dans le chef des plus grandes entreprises. C’est moins le cas pour les plus petites structures.
En mars 2019, le nouveau ministre des Classes moyennes, Lex Delles, avait promis d’être «l’oreille du gouvernement vis-à-vis des PME». Nicolas Henckes lui accorde aujourd’hui une mauvaise note. La finalisation de la réforme de la législation en matière de faillites, promise dans l’accord de coalition, se fait en effet encore attendre. Et elle risque encore de prendre du retard. La sous-commission de la Chambre travaillant sur la «préservation des entreprises» et sur la «modernisation du droit de la faillite» est actuellement présidée par Franz Fayot. Le 4 février, ce dernier va devenir ministre de l’Économie. Même si la sous-commission a déjà fixé un calendrier serré dans les semaines à venir, un nouveau président devra d’abord prendre le relais avant de finaliser les travaux visant à mettre en place les démarches pour mieux prévenir les faillites.
L’enjeu n’est pas seulement politique. Comme l’a encore rappelé hier le président de la Chambre des métiers, Tom Oberweis, les PME constituent l’épine dorsale de l’économie luxembourgeoise. Le gouvernement devra s’atteler à ce que le fragile équilibre entre enjeux économiques et politique sociale reste assuré.
David Marques