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[Football] Ralph Schon : «Gardien, c’est un sport individuel»


Ralph Schon est satisfait de sa saison mais également de la situation de son club. (Photo Luis Mangorrinha / Le Quotidien)

Ralph Schon a eu 30 ans en début de semaine. Et le portier international de Strassen attend avec impatience la reprise, dans un mois, pour prouver encore un peu plus qu’il a franchi un palier décisif.

L’UNA visera un petit quelque chose, en cette deuxième partie de saison. Et si elle peut se permettre d’y penser, c’est parce qu’elle peut compter depuis un an et demi sur un gardien qui a pris une envergure nationale. Puisque Ralph Schon, justement, a fêté ses 30 ans en ce début de semaine, atteignant par la magie de ce chiffre rond une forme de maturité qu’on accorde complaisamment aux gardiens qui ont cessé d’être jeunes, il était tentant d’aller chatouiller l’international sur son âge et ses sensations d’homme mûr.

Trente ans, c’est, paraît-il, le début de l’âge d’or pour un gardien de but…

On m’a beaucoup dit que c’était comme ça, oui. Je l’ai moi-même toujours observé chez les grands gardiens. Et moi, eh bien je ressens la même chose. Avec cet âge que j’ai atteint, je sens que j’ai moins de soucis à gérer, y compris les boulettes. Quand tu es jeune, ça te fait mal, tu traînes ça longtemps. Là, j’ai appris que ce n’était plus la fin du monde. Enfin, je touche quand même du bois pour rester le plus constant possible.

Vous n’avez pas la sensation d’avoir clairement franchi un cap depuis l’été 2018 ?

Ben… (Il hésite) Dur à dire. C’est vrai que ma première année à Strassen a été compliquée. Ça m’a vraiment aidé de prendre mon coach des gardiens avec moi, Emmanuel Andrien, qui se sent très bien aussi dans ce club. Il m’a aidé à revenir à un niveau régulier. C’est un Belge.

Grande école de gardiens, la Belgique. Il vous a beaucoup appris ?

Il a beaucoup rectifié.

De mauvaises habitudes ?

J’avais appris beaucoup de choses quand on s’est connus. J’avais 24 ans. Il a beaucoup rectifié mes pieds, la direction de mes pieds. Avant, je plongeais mais je ne mettais pas les pieds dans la bonne direction. Maintenant oui. Et j’ai plus d’explosivité.

Avant, mes pensées pendant un match, ça pouvait aller de A à Z

Vous nous aviez aussi expliqué il y a quelque temps à quel point le travail avec un psychologue, en sélection, vous avez fait du bien.

Oui, ça m’a beaucoup aidé. Ça m’a donné la possibilité de penser autrement, d’être mieux dans ma tête. Avant, en match, je partais ailleurs. Vous savez, un gardien, c’est souvent seul. Alors on m’a donné des astuces pour penser, pour rester dans le présent. C’est très utile parce qu’avant, mes pensées pendant un match, ça pouvait aller de A à Z. Il m’est arrivé de penser « mince, demain tu as école, qu’est-ce que tu vas faire comme exercice de mathématiques ? ». Le kiné du Norden se moquait de moi, il me voyait déconnecté et assurait à la fin des matches que j’aurais pu citer tous les noms des spectateurs qui étaient au match.

Et quatre ans plus tard, vous dirigez la cinquième défense de DN, alors que sur vos trois premières saisons, vous n’avez jamais fait mieux que huitième défense de l’élite à l’issue de la saison.

Oui, on s’est rendu compte qu’on encaissait beaucoup trop de buts. On ne peut pas en prendre une cinquantaine si on veut espérer jouer le haut de classement. Tom (Siebenaler) amène son expérience et son calme, Denis (Agovic) c’est du très costaud, un Lourenco fait encore plus d’efforts défensifs…

Ah! il ne faut pas un grand gardien pour faire une grande défense ?

Oh oui, c’est possible de bien défendre quand on n’a pas un grand gardien. Mais c’est quand même plus simple avec.

L’erreur de beaucoup de jeunes à l’heure actuelle : chercher à jouer trop vite dans un grand club

Êtes-vous satisfait de votre saison jusque-là ?

Moi? Très satisfait. J’ai déjà sauvé quelques points. C’est ça qu’on attend de moi. Bon, j’ai déjà fait ce que j’appelle une boulette à Dudelange, sur un long ballon. On fait 1-1. À la fin du match, mes coéquipiers sont venus me voir en me disant « cette fois, c’est nous qui t’avons sauvé. Les autres fois, c’était toi ». Ça, c’est ce que j’appelle une équipe.

En même temps, n’auriez-vous pas dû peut-être penser un peu plus à vous, la saison passée ? Auriez-vous dû partir ?

Non, pas dû. Pu, oui. Mais dû, non. Et je ne l’ai pas fait. Parce que je me sens très très bien ici et que pour moi, c’est primordial. Je vois que le club fait des efforts, qu’on progresse et que je me sens important dans ce groupe. Je ne ralentis pas, j’évolue.

Devrez-vous un jour partir ?

Sincèrement, je ne sais pas. Je ne sais pas où nous finirons cette saison. Mais je sais qu’évoluer dans une équipe qui vise ou joue l’Europe ne changerait pas non plus tout à mes prestations.

Vous avez l’impression d’être arrivé tard à maturité ?

Non, je dirais que j’ai suivi un chemin plutôt normal. C’est l’erreur de beaucoup de jeunes à l’heure actuelle : chercher à jouer trop vite dans un grand club. Un gardien, ça doit avoir de la patience. L’important, c’est de jouer. J’ai dit à un jeune, il n’y a pas longtemps, « moi, à ton âge, je jouais en Division 2 où j’ai commis des erreurs, où j’en ai appris ». Ses erreurs, il faut les vivre. Un gardien a besoin d’expérience, il lui faut monter progressivement. Parce que quand le niveau augmente et que tu te retrouves en DN, tu n’as plus d’excuses.

Avez-vous été trop gentil, par moments, dans votre carrière ? On dit souvent cela des joueurs du Nord, qu’ils sont trop respectueux…

Ah comme gardien, non! Je me fais quand même respecter. La première saison, j’étais peut-être trop gentil, oui, je prenais plus de coups. Mais ça aussi, je devais l’apprendre. Bon, j’ai aussi croisé des gens très gentils qui viennent du Centre ou du Sud hein… J’avoue que pour les contrats, ce serait plus facile en étant moins gentil, mais je préfère l’être, gentil.

Je ne serai plus en DN à 40 ans

Cela ne vous empêche pas de vous rapprocher inexorablement d’un titre de meilleur gardien du pays. Vous ne cessez de progresser dans ce classement individuel…

Le classement du Quotidien? Oui, je suis content de me rapprocher du haut de tableau mais je ne me fixe pas trop sur ça. Même si… Oui, c’est quand même un sport individuel, gardien de but. Même t’entraîner, tu le fais à part.

Jonathan Joubert a plus de 40 ans désormais. Quand vous voyez ça…

(Il rit) Je ne sais pas si je pourrai encore jouer au foot à cet âge. En fait, peut-être que je ne VOUDRAI plus jouer au foot à cet âge. Oui, j’en suis même sûr : je ne serai plus en DN à 40 ans. Mais je n’y pense pas encore : je vis actuellement un des meilleurs moments de ma carrière et je veux en profiter à fond.

On dit souvent que la profession des gardiens est une famille à part. Comment avez-vous vécu le décès subit de Glenn Marques, le portier de Junglinster, au début du mois de décembre ?

Je l’ai connu un peu. Mais surtout par des amis. Un gars convivial, honnête, toujours dans le vrai. Ça m’a choqué. Oui, on est une grande famille les gardiens et pourtant, rien à voir avec son poste mais la vie fait des choix sur lesquels on n’a pas d’influence. Profitons de chaque moment !

Entretien avec Julien Mollereau

Il progresse inexorablement dans la hiérarchie des portiers

Ralph Schon n’avait pas mis un seul pied en DN avant ses 26 ans. C’est tard? Oui, mais le Nordiste prouve qu’on peut arriver à un âge avancé et se vanter, a posteriori d’avoir eu une trajectoire linéaire. En quatre ans de présence à Strassen, il n’a cessé de grignoter des parts de marché à la concurrence. Treizième meilleur gardien de l’élite après sa première saison, il est aujourd’hui, à mi-chemin de la quatrième… sur le podium.

2016/2017 : 13e avec une moyenne de 4,78

2017/2018 : 5e avec une moyenne de 5,41

2018/2019 : 3e ex æquo avec une moyenne de 5,6

2019/2020 : seul 3e avec une moyenne de 5,5